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Moyen Orient et Monde - Offensive

Un mois après, la bataille de Mossoul s’installe dans la durée

Pour les experts, les combats seront probablement plus difficiles à mesure que les forces irakiennes progressent en direction du centre de la ville.

Dans le quartier d’Aden, à Mossoul, une voiture criblée de balles et arborant un drapeau blanc, hier. Odd Andersen/AFP

Les forces irakiennes ont forcé les portes de Mossoul, mais, un mois après son lancement, leur offensive promet d'être de longue haleine face à des jihadistes qui se défendent avec acharnement.
Le 17 octobre, l'Irak a lancé une vaste opération en vue de déloger les jihadistes de Mossoul, la deuxième ville du pays, dont le groupe État islamique (EI) s'était emparé en juin 2014 en en faisant son bastion dans le pays. Les forces du service d'élite du contre-terrorisme (CTS), en première ligne dans la bataille, ont repris à l'EI certaines zones dans l'est de la ville, tandis que d'autres forces anti-EI n'ont pas encore pénétré dans la cité septentrionale. « Combattre à l'intérieur de la ville va probablement devenir plus difficile à mesure que les (forces irakiennes) progressent (...) en direction du centre historique, plus dense », estime Patrick Martin, spécialiste de l'Irak à l'Institute for the Study of War à Washington. « Les tunnels, boucliers humains, voitures piégées et autres types d'attaques (de l'EI) vont devenir plus difficiles à contrer, alors que les forces (irakiennes) doivent avancer » dans des quartiers de plus en plus denses, poursuit M. Martin. Mais pour Michael Knights, du
Washington Institute for Near East Policy, le doute demeure aussi quant à la stratégie de défense de l'EI. « Nous ne savons pas si les combats actuels se déroulent dans les quartiers les plus fortifiés et défendus ou s'ils ne sont que les prémices d'affrontements encore plus violents dans la vieille ville », sur la rive ouest du Tigre, dit M. Knights.
Les États-Unis, à la tête d'une coalition internationale aidant Bagdad à combattre l'EI, ont affirmé que des centaines de jihadistes avaient été tués depuis le 17 octobre, mais ces chiffres ne pouvaient pas être vérifiés de façon indépendante. De leur côté, les forces irakiennes n'ont pas communiqué les chiffres des pertes dans leurs rangs. Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur Saad Maan, plus d'un tiers de la partie est de Mossoul a été repris par les forces irakiennes, ce qui signifie qu'une bonne partie de l'est, ainsi que tout l'ouest de la ville restent sous la coupe des jihadistes. Les forces kurdes irakiennes ont joué un rôle important dans les premiers jours de l'offensive, mais après avoir repris la ville de Baachiqa, à l'est de Mossoul, elles ont affirmé que leur participation à la bataille était terminée. Sur le front sud, les forces du ministère de l'Intérieur et des soldats s'approchent de l'aéroport de Mossoul, dans sa banlieue sud.

Les civils en danger
Les Unités de la mobilisation populaire, une coalition dominée par des milices chiites soutenues par l'Iran, ont, elles, lancé fin octobre une opération pour reprendre à l'EI la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul. Elles ont depuis repris le contrôle de plusieurs villages et tentent de pousser plus à l'Ouest jusqu'à cette ville conquise par les jihadistes en 2014.
Pour M. Knights, la résistance des jihadistes à Mossoul « est plus forte » que celle qu'ils ont opposée dans leurs anciens fiefs de Tikrit (Nord) et Fallouja (Ouest), respectivement repris par les forces irakiennes en mars 2015 et juin 2016. À Mossoul, les civils courent le risque d'être pris dans le feu des combats ou d'être utilisés comme boucliers humains par l'EI. Un danger qui devrait augmenter à mesure que les forces irakiennes s'enfoncent dans la ville. Des habitants ont raconté à l'AFP que les jihadistes avaient cherché à les rassembler de force, probablement pour les utiliser comme boucliers humains, tandis que l'Onu a fait état d'informations sur de nombreuses exécutions et d'enlèvements de milliers de personnes.
Les organisations humanitaires craignent pour leur part que la bataille n'entraîne un déplacement massif de plus d'un million de civils. Depuis le début de l'opération, plus de 56 000 personnes ont déjà été déplacées, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des habitants sont restés à Mossoul après que leur quartier eut été repris à l'EI, mais les civils, en particulier les enfants qui veulent jouer dehors, sont souvent encore en danger, notamment à cause de la proximité des combats. Cette semaine, un jeune garçon a notamment été tué et un autre a vu sa jambe déchirée par un tir au mortier dans l'est de Mossoul.
W.G. Dunlop
et Ali CHOUKEIR/AFP

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