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À La Une - Politique

Au Koweït, l'opposition veut revenir sur le devant de la scène

Les opposants de tous bords au pouvoir central auront du mal à former une force suffisamment influente dans le prochain Parlement, jugent des analystes.

Des députés koweïtiens lors d'un meeting de campagne à Koweït City, le 2 novembre 2016. AFP / Yasser Al-Zayyat

Les opposants au Koweït - des islamistes aux libéraux en passant par les nationalistes - ont mis fin au boycottage des élections dans l'espoir de revenir sur le devant de la scène après quatre ans d'une absence jugée préjudiciable.

Cependant, former une force suffisamment influente dans le prochain Parlement de ce riche émirat pétrolier, qui pratique une politique de l'Etat-providence pour les Koweïtiens et qui connaît des crises politiques à répétition, s'avère compliqué, jugent des analystes.

Un nouveau conflit entre le gouvernement et le Parlement, pourtant favorable à l'exécutif, sur des mesures d'austérité, avait poussé l'émir cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah à dissoudre l'assemblée le 16 octobre. Certains députés avaient contesté ces mesures, notamment la hausse des prix des carburants, décidées par le gouvernement pour faire face à la chute des revenus du brut et donc des recettes budgétaires.
La hausse des prix, allant de 40% à 80% selon les produits pétroliers, a été vivement critiquée par de nombreux Koweïtiens habitués aux largesses de l'Etat. Des députés ont exigé du gouvernement une compensation pour les citoyens koweïtiens.

Le pays compte 1,3 million de Koweïtiens, dont 30% de chiites et quelque trois millions de résidents étrangers. L'émirat a enregistré un déficit budgétaire de 4,6 milliards de dinars (13,7 milliards d'euros) au dernier exercice fiscal qui s'est achevé le 31 mars, après 16 ans d'excédents grâce aux prix élevés de l'or noir.

'Démarche nécessaire'
Plus de 30 opposants sont sur les rangs pour les élections du 26 novembre, destinées à renouveler le Parlement de 50 sièges. Anciens élus, animateurs de groupes politiques et autres dignitaires renouent donc avec les rassemblements électoraux dans un pays précurseur, au niveau régional, en matière de démocratie parlementaire, puisqu'il élit un Parlement depuis les années 1960.

Le candidat islamiste et ex-député Mohammed al-Dallal présente la fin du boycottage, décidé après le changement d'une loi électorale qui défavorisait les opposants, comme une "démarche nécessaire" pour stopper la "détérioration de la situation" générale du pays. "En quatre ans, la situation politique s'est détériorée, la corruption s'est répandue et le gouvernement et le Parlement ont échoué à régler les problèmes économiques et de sécurité", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le libéral Abdel Rahmane al-Anjari, qui veut retrouver son siège à l'assemblée, estime qu'"on ne peut plus laisser le Parlement sans opposition. Nous n'avons d'autre choix face à cette situation que de participer aux élections", a-t-il souligné lors d'un symposium organisé cette semaine.

Rien ne changera
"L'opposition a découvert que la politique de la chaise vide était un mauvais choix qui n'a fait que l'isoler davantage", relève l'analyste Nasser al-Abdali. "Je pense que le boycottage a considérablement affaibli l'opposition", ajoute-t-il. Mais selon un autre analyste, Mohammed al-Ajmi, l'opposition a peu de chances de former un grand bloc dans le prochain Parlement. "Il y aura une certaine présence, mais pas de force efficace", a-t-il déclaré à l'AFP en pariant sur l'élection de dix opposants.

Le Parlement dispose de larges pouvoirs contrôlant l'action du gouvernement et pouvant renvoyer des ministres ou même le Premier ministre, mais l'émir peut le dissoudre à tout moment. En outre, le système politique koweïtien veut que le gouvernement soit dirigé par un membre de la famille princière, aux affaires depuis 250 ans, et cette dernière dispose des postes clés de l'exécutif, de la Défense et de l'Intérieur.

Pour Ahmad al-Saadoun, opposant de toujours, trois fois président du Parlement, la participation aux prochaines élections ne résoudra aucun problème. Il a décidé en conséquence de ne pas se présenter et a justifié cette position, partagée par d'autres opposants, par l'impossibilité de faire évoluer le système politique koweïtien.

Les opposants au Koweït - des islamistes aux libéraux en passant par les nationalistes - ont mis fin au boycottage des élections dans l'espoir de revenir sur le devant de la scène après quatre ans d'une absence jugée préjudiciable.Cependant, former une force suffisamment influente dans le prochain Parlement de ce riche émirat pétrolier, qui pratique une politique de l'Etat-providence...

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