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Liban - Décryptage

Les alignements politiques habituels ne seront pas de mise dans le nouveau gouvernement

Après la désignation de Saad Hariri à la présidence du Conseil, le nouveau mandat présidentiel est lancé et les chantiers sont ouverts. La formation du gouvernement devrait être la première image concrète de ce que sera ce régime qui suscite à la fois de grands espoirs et beaucoup d'appréhension, non pas tant au niveau des personnes que dans le fait que de nombreuses contradictions continuent de déchirer le pays et la région.

Dans ce contexte, la mission confiée à Saad Hariri n'est certes pas facile, mais il peut bénéficier de la coopération sincère du président Aoun, qui a autant que lui intérêt à ce qu'il réussisse. Les sources proches du CPL affirment à cet égard qu'il n'y a eu aucun accord préalable conclu entre Gebran Bassil et Nader Hariri au sujet du futur gouvernement, mais les discussions ont déjà commencé et aussi bien le président de la République que le président du Conseil sont d'accord sur les grandes lignes. D'abord, leur volonté commune est de former un gouvernement d'union nationale qui regrouperait le maximum de parties politiques, en plus de la représentation confessionnelle, pour favoriser une entente interne sur les dossiers qui intéressent les citoyens à défaut de pouvoir traiter pour l'instant les grandes questions stratégiques. Pour assurer la participation de toutes les parties, il faudra donc former un gouvernement composé de trente ministres qui seraient répartis comme suit : six maronites, six sunnites, six chiites, trois druzes, quatre grecs-orthodoxes, deux arméniens, deux grecs-catholiques et un ministre appartenant aux minorités chrétiennes. Toutefois, la distribution politique reste moins claire. Pour les druzes, la question est réglée : Walid Joumblatt devrait avoir deux ministres et Talal Arslane un. Mais pour les autres composantes politiques, c'est un peu plus compliqué, sachant que la plupart d'entre elles souhaitent se présenter comme des forces multiconfessionnelles. Par exemple, le courant du Futur souhaite avoir des ministres non sunnites en plus de sa part au sein de cette communauté. On parle en particulier du Dr Ghattas Khoury (maronite) qui devrait obtenir un portefeuille au sein du gouvernement. Ce qui devrait permettre au président Aoun de choisir un ministre sunnite (le nom de l'ancienne ministre Leïla Solh est ainsi évoqué). De même, si Saad Hariri souhaite nommer un ministre chiite, cela devrait permettre au tandem Amal-Hezbollah de nommer à son tour un ministre sunnite (le nom de l'ancien ministre Fayçal Karamé est cité dans ce contexte).


(Lire aussi : Berry ferait monter les enchères à la demande du Hezbollah pour monter Hariri contre Aoun)

 

Toujours dans le cadre des échanges de portefeuilles et dans les alignements politiques, la part du courant des Marada (un ministère) devrait être comptée aux côtés du Premier ministre ainsi que celle du parti Kataëb qui n'a pas encore été clairement définie (probablement un ministre, si le chef du parti décide de participer au gouvernement, comme ses proches le laissent entendre). Par contre, la part des Forces libanaises (entre deux ou trois ministres, dont un portefeuille qualifié d'important) serait cette fois comptée dans le camp du président de la République. C'est dire que les alignements habituels dans les gouvernements successifs formés depuis 2005 seront bouleversés, rendant obsolète la fameuse théorie « du tiers de blocage ». Sur le plan du choix des ministres sunnites, des sources proches du Futur affirment que l'ancien Premier ministre Nagib Mikati devrait en nommer un. Il hésiterait entre Abdel Ilah Mikati et Khaldoun Chérif. La participation d'un représentant de Mikati au gouvernement aurait été décidée à la suite d'un conseil saoudien donné au Premier ministre de surmonter les divergences internes au sein de la rue sunnite pour faciliter son propre retour au pouvoir et pour consolider son leadership au sein de sa communauté. Selon les mêmes sources, les Saoudiens auraient aussi conseillé au ministre de la Justice démissionnaire Achraf Rifi de mettre un bémol à sa campagne contre Saad Hariri pour donner une chance au nouveau régime et à l'accord conclu entre Michel Aoun et le nouveau Premier ministre. Contrairement à ce qui avait été dit ces derniers mois, les Saoudiens auraient donc finalement décidé de ne pas lâcher Saad Hariri et même de l'aider, considérant qu'il reste la personnalité la plus représentative de la rue sunnite au Liban. Qu'ils l'aient fait dans une volonté d'aider le Liban ou d'adresser un message à l'Iran qui se déclare satisfait de l'élection de Aoun à la présidence de la République importe peu à ce stade. Les Saoudiens poussent donc aujourd'hui dans le sens de l'aide à Hariri. C'est dans ce but qu'ils lui auraient conseillé de consolider (et au besoin de renouer) ses relations avec les autres forces sunnites, tout en reprenant l'initiative au sein de son propre courant. L'ancien Premier ministre Fouad Siniora a d'ailleurs déjà annoncé son intention de coopérer totalement avec le Premier ministre et de mettre tous les moyens dont il dispose à son service pour l'aider dans sa mission.

Toutes ces bonnes intentions affichées devraient se traduire concrètement par la naissance rapide du nouveau gouvernement. Les spéculations sont multiples dans les médias, même si les parties concernées restent très discrètes sur les formules et sur les noms. Il semble toutefois probable que le chef de l'État devrait obtenir les portefeuilles régaliens de la Défense et des Affaires étrangères, alors que les Finances devraient aller au bloc du président de la Chambre Nabih Berry et l'Intérieur devrait rester aux mains du courant du Futur. Comme l'ont rappelé le président de la République et le chef du Parlement, la principale mission du nouveau gouvernement devrait être de préparer les élections législatives. Mais pour les citoyens, il sera le premier symbole concret du nouveau régime et le point de départ vers un regain possible de la confiance des Libanais dans leurs institutions...

 

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commentaires (4)

Partage du gateau ou quoi ???

Soeur Yvette

17 h 35, le 05 novembre 2016

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Commentaires (4)

  • Partage du gateau ou quoi ???

    Soeur Yvette

    17 h 35, le 05 novembre 2016

  • Intéressant article pour ce qui a trait aux choix transconfessionnels dans le partage des maroquins. Pour le partage du gâteau, lire l'incontournable édito de Issa Goraieb, excellent connaisseur de la machinerie politique et de ses rouages et roueries. Son édito est de plus, superbement écrit.

    Marionet

    12 h 40, le 05 novembre 2016

  • Le libanais est un génie. Comment ne pas l'être quand il sait manipuler avec dextérité cet art du compromis. Avec toutefois un petit bémol, la manifestation de la victoire de l'axe de la résistance sur celle de l'infeodation perpétuelle . J'insiste Scarlett on vous veut dans le prochain gouvernement comme ministre neutre vos écrits sont respectés même par ceux qui ont du mal à vous comprendre.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 49, le 05 novembre 2016

  • ANALYSE OBJECTIVE. SOUHAITONS L,ENTENTE ET UN GOUVERNEMENT D,UNION NATIONALE DANS LES ACTES ET NON EN PAROLES. POUR QUE PHENIX RESSUSCITE DE SES CENDRES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 16, le 05 novembre 2016

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