La grande dame de Marni cède la place

Consuelo Castiglioni quitte la direction artistique de Marni. C'est, pour les puristes attachés à ce label depuis le milieu des années 90, un petit chagrin vite effacé par la perspective de son remplacement par Francesco Risso. Ce dernier, riche d'une formation exceptionnelle entre l'école Polimoda de Florence, le Fashion Institute of Technology de New York et Central St Martins de Londres, a fait ses armes chez Anna Molinari, Alessandro Dell'Acqua et Malo avant de travailler sur les collections féminines et projets spéciaux de Prada.
Consuelo Castiglioni est arrivée à la création de mode presque par jeu, en s'attelant à rajeunir et à diversifier l'atelier de fourrure appartenant à la famille de son mari. Comme dans le film Chocolat, quand Consuelo Castiglioni débarque chez Marni, c'est un vent de sensualité qui souffle sur l'entreprise familiale. Mi-Chilienne, mi-Italo-Suisse, la créatrice et belle-fille idéale avoue n'avoir aucune formation en stylisme. Mais forte d'une foultitude d'images et de cultures qui se bousculent dans son iconographie personnelle, elle joue avec les formes et les matières avec un plaisir communicatif. Tout au long des années 90, portée aux nues par la presse féminine, ce label de niche a su affirmer une identité toute de sophistication et de références culturelles qu'on a pu comparer au géant Prada. La patte de Consuelo Castiglioni était reconnaissable, collection après collection, dans les audacieuses combinaisons chromatiques, les tissus et les imprimés, mais surtout dans les accessoires, à la croisée de la civilisation inca et du futurisme, édités sous la griffe de la marque. Vingt-deux ans plus tard, la créatrice, que les Libanais ont pu rencontrer lors de l'ouverture de la boutique Marni de Beyrouth (désormais intégrée à l'espace femme des magasins Aïshti), déclare dans un communiqué que « ces années ont été mouvementées et passionnantes, ont absorbé toutes mes énergies pour créer un projet, et j'en suis fière. Grâce aussi à l'appui constant de ma famille, qui m'a permis de rester fidèle à mon idée, j'ai construit une marque avec une identité précise et reconnaissable ». Elle a décidé de « prendre le temps de se consacrer à (sa) vie privée ».