Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Agriculture

Les vins du Liban à l’honneur au Salon Megavino de Bruxelles

Pour la première fois, les vins du Liban sont l'hôte d'honneur d'un grand Salon européen. Pendant quatre jours, vingt et un producteurs libanais vont aller à la rencontre du public bruxellois pour lui faire découvrir « l'élégance et la puissance » des crus libanais.

Vingt et un exposants libanais ont été regroupés au sein d’un même pavillon central au plus grand Salon de vin de Belgique. Photo M.R.

Hier soir, les vins du Liban inauguraient le Salon des vins de Bruxelles, Megavino, qui dure jusqu'au 24 octobre. Si ces agapes se faisaient aux couleurs du Liban, c'est parce que ses vins sont pour la première fois « l'hôte d'honneur » d'une foire européenne. « Le Liban a une densité historique auquel peu de vignobles peuvent prétendre. Pour le public belge, c'est une vrai curiosité », explique Florin Godin, directeur général de Conceptum, l'agence qui gère et organise ce Salon.

Plus de 400 exposants, dont 21 libanais regroupés au sein d'un même pavillon central, et quelque 30 000 visiteurs sont attendus dans ce qui représente le plus grand Salon du vin de Belgique. « Pour nous, c'est une formidable opportunité de promouvoir les vins du Liban, spécialement auprès du grand public à qui ce Salon s'adresse en priorité », assure Ghida Kassatly de Château Ka.

Parmi les premiers visiteurs du Salon hier, des Libanais, venus à la découverte d'une production encore mal distribuée en Belgique, mais surtout un public de professionnels – cavistes, restaurateurs, distributeurs voire journalistes... « Des vins de montagne », assure ainsi Gaston Hochar, de Château Musar, à l'un des premiers visiteurs, qui semble découvrir le Liban au travers de ses vins.

L'invitation n'est pas due au hasard : elle récompense « un travail de longue haleine » des producteurs libanais, comme le note Édouard Kosremelli, de Château Kefraya pour pénétrer les marchés internationaux. « C'est aussi la reconnaissance d'un travail qualitatif qui nous permet, depuis quelques années, de nous mesurer aux autres grandes régions productrices dans le monde », ajoute-t-il.

 

Promouvoir sans relâche
Comme souvent dans ce genre d'événements, les retombées sont d'abord en termes de reconnaissance médiatique et de visibilité. « Beaucoup de consommateurs européens ignorent encore que l'on produit. Le Liban est un terroir millénaire où l'on produit des vins depuis 6 000 ans sans discontinuité. Une production primée, qui plus est, dans le monde entier », assure Zafer Chaoui, président de l'Union vinicole du Liban (UVL). En 2015, James Suckling, critique de vins de réputation mondiale, a ainsi attribué au Domaine des Tourelles un 93/100 pour son Marquis de Bey rouge 2011 ainsi qu'un 92/100 à Ixsir pour son El blanc 2013 quand Atibaïa a récemment obtenu un 91/100 pour son rouge 2011 du pape mondial du vin, l'indétrônable Robert Parker. Auparavant, Château Kefraya avait reçu un 92/100 du même critique pour son Comte de M 2009. « Les vins du Liban sont globalement au niveau des bons standards internationaux », assure le chroniqueur et expert David Cobbold, qui anime plusieurs master class – des séminaires de présentation et de dégustation ouverts au public – sur les vins du Liban pendant ce Salon.

 

Dynamiser les exportations
Megavino pourrait représenter davantage qu'un simple coup de projecteur sur la production libanaise. Certains croient à un effet d'accélération pour les ventes à destination de l'Europe du Nord. « Ce Salon représente aussi une porte d'entrée pour ces marchés que nous devons mieux explorer », ajoute Zafer Chaoui de l'UVL. Le Liban est en effet sous-représenté dans des pays comme la Hollande (149 159 cols exportés en 2015) ou la Scandinavie (55 451 cols). « En Europe, nous sommes encore sur la niche ethnique : les vins libanais s'adressent d'abord aux Libanais de la diaspora. Megavino nous offre la possibilité de » parler « à d'autres consommateurs, belges, hollandais, européens... », précise Nathalie Touma de Château Saint-Thomas.

En 2015, la Belgique a représenté 5,2 % des exportations libanaises en volume (2,6 millions de bouteilles exportées) et 4,85 % du total en valeur (13,6 millions de dollars), selon les chiffres des douanes. Des exportations qui concernent essentiellement des vins d'entrée de gamme, avec des prix d'environ cinq dollars la bouteille exportée en 2015. Le premier semestre 2016 montre cependant une progression de 25 % en volume et de 40 % en valeur par rapport à 2015. Des estimations qui semblent refléter une « montée en gamme. » « Ce marché n'est pas seulement dominé par le facteur prix. Les Belges montrent souvent une curiosité pour la différence, l'inattendu, qui peut les pousser à aller vers des vins un peu plus chers, pour lesquels ils auront un vrai coup de cœur », conclut Édouard Kosremelli.

 

Château Qanafar, des Belges au cœur du vignoble libanais
Georges, Colette et Eddy Naïm de Château Qanafar sont libanais, bien sûr. Mais ils sont aussi belges, bruxellois de surcroît, amateurs impénitents de frites et de bières blanches. « Mon père travaillait dans une multinationale installée en Belgique. Nous y avons vécu une quinzaine d'années. Pour ma part, le Liban était le pays des vacances, où je rentrais l'été », explique Eddy, le fils. C'est le vin qui va décider de leur retour définitif vers les collines de Khirbet Qanafar, dans ce « bout du monde » haut perché (1 000-1 400 mètres d'altitude) aux confins de la Békaa, où les Naïm conservent des terrains. Courant 2000, Georges, le père, plante des ceps. « Je voulais trouver une occupation pour ma retraite », dit-il. Mais les Naïm vont se prendre à leur propre jeu et faire d'une passion d'amateur du dimanche un métier. « C'était en 2008, je vivais à Dubaï, je gagnais très bien ma vie, mais je n'étais pas heureux. J'ai songé : "Pourquoi ne pas fonder un vrai domaine familial ?" », se souvient Eddy. La famille investit – trois millions de dollars au total – plante davantage, construit une cave. Eddy, lui, apprend le b.a.-ba, un peu par correspondance ; beaucoup en autodidacte. Une formation qui lui permet d'affirmer sa philosophie : « Élever mes raisins moi-même et produire des vins puissants et élégants, reflets du climat de notre région. » Sur ce nouveau chemin, beaucoup d'autres se sont engouffrés : depuis une quinzaine d'années, la part de ceux qui vendent leurs raisins sans produire de vin diminue au profit d'une nouvelle génération de vignerons. Ces nouveaux venus rachètent ou convertissent des terres, les sauvant souvent de la spéculation immobilière. Aujourd'hui, le Liban avoisine la cinquantaine de propriétés. « C'est une chance de posséder des terres, autrement notre rêve n'aurait pu être possible. Mais pour une petite cave, c'est un combat de tous les jours : les mains dans la terre, les yeux sur les cuves, le cerveau sur les stratégie commerciale... ». Avec sa superficie de 17 hectares et une production de 40 000 cols, Château Qanafar entend défendre les couleurs d'un « vin artisanal ». Et tant pis si parfois s'y glissent aussi de petites erreurs. Après tout, c'est cela aussi le vin : un produit fait de la main des hommes.

 

 

Pour mémoire

À l'hippodrome de Beyrouth, Vinifest recrée une route des vins libanais

L'UVL se penche sur l'exportation des vins libanais en Amérique du Sud

Hier soir, les vins du Liban inauguraient le Salon des vins de Bruxelles, Megavino, qui dure jusqu'au 24 octobre. Si ces agapes se faisaient aux couleurs du Liban, c'est parce que ses vins sont pour la première fois « l'hôte d'honneur » d'une foire européenne. « Le Liban a une densité historique auquel peu de vignobles peuvent prétendre. Pour le public belge, c'est une vrai...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut