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Lifestyle - Un peu plus

Entrer dans les sentiers battus

Quand l'automne est là, les envies de plage diminuent. Même s'il fait encore beau, si nos sandales nous font du pied et que la mer est calme. C'est l'automne et à la fin du mois, on passe à l'heure d'hiver. Finis donc les programmes faciles des dimanches : château de sable/bouée/gonflables/serviette/écran total/Biafine – enfin quand la plage est autorisée aux enfants, qu'il n'y a pas de sacs-poubelle qui nous font de l'œil et que les galets ne nous bousillent la pédicure. Les week-ends raccourcissent et avant d'opter pour des plans enneigés – si neige et budget il y a –, on se demande ce qu'on va bien pouvoir faire de ce jour du Seigneur qui nous angoisse tant. Ce qu'on va bien pouvoir faire de nous-mêmes et de nos gamins. Pour beaucoup, reprendre le cycle des saisons mortes : resto/mall/ciné/resto. Et généralement, les mêmes. Même resto à midi, même salle de cinéma et même horaire, même mall et mêmes boutiques et, enfin, même resto le soir. Bonjour l'originalité.

Il faut absolument sortir de cette sempiternelle et lassante routine, casser nos programmes confortables, changer nos habitudes et arrêter pour une fois de prendre le thé chez les copains, rendre visite bon gré mal gré à ses beaux-parents, se taper une mloukhiyé et une sieste, ou jouer au poker. Et on peut le faire. On doit le faire. Parce que le Liban regorge d'endroits magnifiques, de sites touristiques, de régions vierges, que les « voyageurs » connaissent mieux que nous. Et ces touristes-là adorent le Liban, il faut donc faire comme eux. Parce qu'un grand nombre de nos enfants ne savent rien du Akkar, n'ont jamais été aux cèdres du Barouk, fait la récolte du miel, la cueillette des pommes, vu le temple de Baalbeck, les ruines de Anjar ; goûté aux spécialités de poisson de Saïda, vu les souks de Tripoli, mangé des fouérigh, fait du hiking à Tannourine, jeté des pierres dans le Berdawni ou dégusté des 3assafirs à Bhamdoun.

Alors, soyons touristes dans notre pays. Louons un autocar, une vraie bosta Dodge, rouge et verte ; rapportons une derbaké (peu importe si on sait en jouer ou pas), un vieux transistor et chantons en chœur et encore 3a hadir el-bosta. Petits, grands, moyens, à l'avant, à l'arrière, peu importe, ce sera drôle. Et l'avantage, si on fait une virée à Kefraya, c'est qu'on pourra boire jusqu'à la lie : on ne prend pas le volant ensuite et les routes cabossées feront office de berceuse. Balades bucoliques, promenades culturelles, visites archéologiques, tout est à prendre. Parce qu'on n'a rien à envier à personne. Mais alors rien. On peut remplir nos 52 week-ends en faisant chaque fois quelque chose de nouveau. Et oui, ce n'est pas donné à n'importe quel pays ; et oui, pour une fois, on est bien contents que le Liban soit si petit ; et oui, on peut skier et nager dans la même journée ; et oui, Baalbeck est le plus grand temple romain hors Rome.

Et oui, on va aller à Taanayel, y faire un jeu de piste organisé par les bénévoles d'Arcenciel, acheter des produits du terroir et donner à manger aux chèvres. On va faire du rafting à Nahr el-Assi ; faire du rappel à Afqa sous le regard amoureux d'Adonis et d'Aphrodite ; du pédalo sur le lac Qaraoun ; de l'ATV à Falougha ; des randonnées à 2 000 mètres d'altitude à Qornet el-Saouda ; errer dans le Grand Hôtel abandonné de Aley ; admirer les sarcophages au musée national ; faire une sieste sur le campus de l'AUB après avoir fait un tour au musée archéologique de l'université ; déjeuner à Tawlet Ammiq face à la vue à couper le souffle sur la plaine de la Békaa ; écouter les histoires qui abondent dans le palais de Beiteddine et déjeuner à Deir el-Qamar ; explorer la vallée de la Qadischa et continuer vers les Cèdres ; découvrir le site exceptionnel de Jabal Moussa qui marie conservation de la biodiversité et développement durable, ce qui a fait que l'Unesco l'a déclarée zone modèle ; surplomber la baie de Naqoura du haut de ses falaises ; courir sur l'immense plage de sable de Tyr ; léviter pendant un cours de yoga dans un éco lodge du Chouf ; se recueillir devant Saydet el-Bzez à Mar Mikhaël et arpenter les rues du quartier bobo de Beyrouth ; pique-niquer dans Horch Beyrouth ; faire de la tyrolienne à Bkassine ; plonger dans les cascades de Baakline ; regarder le coucher du soleil derrière la grotte aux pigeons... bronzer, même en hiver.

Sillonner ces routes dans une ambiance bon enfant sur un bon Tout tout 3a Beyrouth. On en a sacrément besoin pour nous réconcilier avec ce pays que finalement on aime tant.

Quand l'automne est là, les envies de plage diminuent. Même s'il fait encore beau, si nos sandales nous font du pied et que la mer est calme. C'est l'automne et à la fin du mois, on passe à l'heure d'hiver. Finis donc les programmes faciles des dimanches : château de sable/bouée/gonflables/serviette/écran total/Biafine – enfin quand la plage est autorisée aux enfants, qu'il n'y a pas...

commentaires (2)

Merci Médéa de nous rappeler que la beauté du Liban existe et continue de survivre malgré toutes les horreurs journalières qui le défigurent . Votre récit est un pur délice que beaucoup liront et reliront avec émotion.

Gabriel Sara

13 h 41, le 16 octobre 2016

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Commentaires (2)

  • Merci Médéa de nous rappeler que la beauté du Liban existe et continue de survivre malgré toutes les horreurs journalières qui le défigurent . Votre récit est un pur délice que beaucoup liront et reliront avec émotion.

    Gabriel Sara

    13 h 41, le 16 octobre 2016

  • Je prie Médéa Azouri d'aller ramasser un seul galet à partir de l'embouchure de Nahr-el-Kalb jusqu'aux Tamaris à Maameltein.

    Un Libanais

    12 h 13, le 15 octobre 2016

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