Bridgeur, hier soir, dans les salons du Saint-Georges.
Hirsute, un collier de barbe perdu dans un visage non rasé, le Dr Jivago s'est échappé de la salle de jeux de l'hôtel Saint-Georges où se déroule le Festival du bridge. À la recherche d'une dame de cœur ! Niet ! Mais d'un restaurant. Ou plus précisément d'un hommos. « J'ai faim. Cela fait cinq heures que je suis affalé sur une chaise... sitôt descendu d'avion. »
(...) Avant-hier, Omar Shérif terminait à Londres la dernière scène du film anglais C'est arrivé une seule fois. Hier matin, il obtenait in extremis une place sur un avion. Cet acharnement pour le démon du jeu ! Et si les Anglais n'avaient pas inventé le bridge ! Omar Shérif ne viendrait pas passer dix jours dans son pays natal.
« Pour moi, ce sont des vacances... », corrige-t-il.
– Dr Jivago, que pensez-vous de... Jivago ?
– Très long, comme tous les romans russes. (...) Il n'y a rien de neuf au point de vue cinématographique, mais on ne pouvait tirer un meilleur du roman de Pasternak.
– Et Marco Polo qui passe actuellement à Beyrouth ?
– Une catastrophe ! Les producteurs ont signé pour réussir financièrement ce film, des contrats avec un grand nombre d'acteurs. Quant à mon rôle, il est épisodique, comme d'ailleurs tous les rôles des autres acteurs. (...)
– Projets cinématographiques en Égypte ?
– Non.
– Projets personnels ?
Cette fois, il sourit. La réponse est moins nette, moins ferme. « Non... »
(...)
Edward GEORGE