You talkin' to me ? You talkin' to me ? You talkin' to me ? Then who the hell else are you talking... you talking to me ? Well I'm the only one here. Who the fuck do you think you're talking to ? Oh yeah ? OK.
Robert de Niro est ce qu'il est : une icône hollywoodienne qui continue d'impacter, avec quelques-uns des opus de sa filmographie fleuve, l'inconscient des cinéphiles à travers le monde, jeunes ou vieux, blancs ou noirs, cultivés ou pas. Et quand Robert de Niro insulte à tout va le candidat républicain à l'élection présidentielle américaine de novembre 2016, le traitant de tellement stupide, de minable, chien, porc, escroc, artiste de merde, roquet, Bozo (le clown), etc., c'est autrement plus fort. Plus fort que les répliques plus ou moins réussies de sa rivale démocrate. Plus fort que les parodies plus ou moins hilarantes que multiplient les chaînes de télévision US et leurs animateurs-vedettes. Plus fort que ces 150 leaders républicains plus ou moins influents, listés par le New York Times, qui ont annoncé publiquement qu'ils ne voteraient pas pour Donald Trump. Plus fort parce que c'est Robert de Niro. C'est Johnny Boy.
C'est Vito Corleone. C'est Travis Bickle, Jake La Motta, Al Capone, Sam Rothstein ou Jack Byrnes. C'est de l'imaginaire transi et hypermnésique de millions d'Américains qui iront voter dans un mois qu'il s'agit.
Il y a là, dans la réaction de l'acteur-monstre aux paroles et aux actes du monstre-candidat, quelque chose qui dépasse de loin cette démesure devenue la marque de fabrique pleinement assumée des États-Unis d'Amérique. Il y a de l'outrance. Plus encore : il y a de l'hystérie pure et simple, comme rarement / jamais vue au cours d'une campagne électorale dans le monde occidental. Comme si cette campagne 2016 aux States était l'aboutissement d'un long processus, à l'échelle mondiale : la mort (l'assassinat ?) de la politique. Et du politique. La mort d'un concept so boring, certes, particulièrement vieillot, certes, fait de beaucoup de magouilles, de coups de poignard, de mensonges, certes, mais un concept qui réussissait à garder en lui, parfois au plus profond, plus ou moins de scientificité, de noblesse, de grandeur, d'intelligence, de civisme, de bon sens, d'humanisme. Est-ce que cette mort entraînera l'avènement et le triomphe de l'antipolitique : cette démagogie, ce populisme, ce poujadisme gras, vulgaire et clownesque, cette bunkérisation abortive et cette mauvaise foi parfois criminelle, cette post-truth politics, que l'on voit, plus ou moins orangée, aux États-Unis, en Europe, ailleurs dans le monde, mais également, mais surtout, au Liban? Ou bien ce(tte) politique devra-t-il(elle) se réinventer, lui/elle aussi, se désembourgeoiser, javelliser ses salissures establishment, gagner en authenticité, en chaleur, en spontanéité, descendre, vite, de ses piédestaux bancals, devenir, surtout, plus audible ?
Robert de Niro, encore lui, l'énonce, plus calmement : Cela me met tellement en colère que ce pays soit arrivé au point de mettre cet idiot, ce crétin, là où il est aujourd'hui.
Il n'y a rien à (re)dire. Juste le répéter ad lib : le métier d'électeur est à réinventer. Fondamentalement. Partout. Nous n'avons pas le choix. Parce que la démocratie est la seule option viable ; parce que si cette planète s'orwellise, le monde finira en Mad Max – Fury Road ; parce que le changement politique finira par nous exterminer bien plus rapidement que tous les changements climatiques possibles et imaginables, nous nous devons, nous électeurs, de retourner très vite sinon à l'école, du moins à notre bon sens.
Robert de Niro est ce qu'il est : une icône hollywoodienne qui continue d'impacter, avec quelques-uns des opus de sa filmographie fleuve, l'inconscient des cinéphiles à travers le...
commentaires (6)
L'amérique et tombée bien bas avec des candidats ambitieux qui s'invectivent à qui mieux mieux, alors que leur pseudo-débat est absolument sans consistance aucune, mais ils n'ont rien inventé. Au lieu de critiquer les américains, on devrait revoir notre copie sur place. Nos politiciens ne font pas mieux et le vocabulaire de leurs électeurs et fans ne fait pas dans la dentelle. F. MALAK
Rotary Beyrouth
13 h 11, le 11 octobre 2016