À quelques jours de la séance parlementaire consacrée à l'élection d'un chef de l'État, la 45e du genre, prévue mercredi prochain, les espoirs de déblocage restent quasi nuls.
Profitant de la fin de la semaine pour ressasser leurs positions respectives concernant cette échéance, les différents protagonistes laissent entendre presque à l'unanimité que le statu quo continuera de prévaloir royalement sur ce plan. Une seule dynamique pourrait toutefois venir briser la morosité du paysage politique et relancer le débat en direction d'un compromis : le retour du chef du courant du Futur Saad Hariri et la tournée qu'il compte effectuer dès aujourd'hui auprès de « l'ensemble des parties », comme l'a confirmé hier soir à L'Orient-Le Jour une source proche du 14 Mars.
Les pourparlers que compte entamer M. Hariri devraient notamment inclure le président du Parlement ainsi que les différents représentants des partis politiques. « M. Hariri pourrait même rencontrer le chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, Michel Aoun », assure-t-on de même source, en soulignant que le but ultime de cette ouverture est le déblocage de l'échéance présidentielle. Il reste à voir si l'ancien chef de gouvernement compte s'entretenir avec le Hezbollah et quels seront ses interlocuteurs au sein du parti chiite. Une source proche du Hezb écarte d'emblée la possibilité d'une rencontre avec le secrétaire général, Hassan Nasrallah, mais affirme que rien n'empêche qu'une réunion ait lieu avec des « représentants du parti ». « Après tout, les réunions entre le courant du Futur et le Hezbollah sont toujours en vigueur. »
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S'il est réaliste de dire que Saad Hariri aura du mal à concrétiser ses espoirs d'ici à mercredi prochain, il n'en reste pas moins que sa détermination à effectuer une dernière tentative avant de passer au scénario de « la confrontation politique ouverte avec le Hezbollah » est réelle. Cette confrontation pourrait aller jusqu'au boycott des séances du Conseil des ministres « après avoir ouvertement fait assumer l'échec du processus » au parti chiite, soutient encore la source.
Nous n'en sommes pas encore là, mais ce qui apparaît de plus en plus certain, c'est que l'option pour M. Hariri d'appuyer la candidature du général Michel Aoun est irréaliste tant que « la majorité des membres du courant du Futur s'y opposent ».
Il reste la piste d'un candidat consensuel qui, selon certains, ferait « son cheminement lentement », mais moins « sûrement », selon d'autres sources issues de la même formation. Pour le député du bloc du Futur, Khaled Zahraman, qui reste convaincu qu'il n'y aura pas de président avant l'échéance présidentielle américaine, « l'idée d'un candidat de compromis qui sort du lot des quatre candidats » officiellement admis à l'origine « progresse peu à peu ».
« Les rumeurs autour d'un candidat consensuel sont une simple vue de l'esprit souvent échangée lors des mondanités », rétorque cependant une source du même camp. « Comment le Hezbollah, qui n'accepte même pas d'avaliser la candidature de Sleiman Frangié, un candidat issu de son propre camp, va-t-il accepter d'aller un pas plus loin en acceptant un candidat consensuel ? », s'interroge-t-elle.
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Libanisation
Du côté du CPL, on persiste sur la même rengaine : s'il n'y a pas eu de déblocage au niveau de la présidentielle et de la loi électorale – les deux conditions étant intimement liées pour les tenants de ce courant – le recours à la rue est inévitable et ce, dès le 28 septembre. L'escalade ira ainsi crescendo jusqu'au 13 octobre (date de la commémoration de l'offensive des troupes syriennes contre les forces du général Aoun qui contrôlaient à l'époque le secteur du palais présidentiel à Baabda), mais rien n'a encore filtré quant à la surprise que réserve le CPL durant la période de l'escalade.
« Tous les moyens sont envisagés », se contente de rappeler une source proche de ce courant. Cette dernière confirme par ailleurs « la possibilité pour les Forces libanaises de prendre part à cette escalade, sous certaines conditions toutefois ». À ce sujet, un député des FL, Georges Adwan, a précisé que son parti « est en train de définir un plan d'action qui prendrait en compte toutes les possibilités » soulignant toutefois qu'il s'agit d' « éviter toute démarche qui risque de mener à la déstabilisation ». Et à tous ceux qui continuent de croire que la menace d'escalade ne serait qu'une simple manœuvre politique, M. Adwan répond : « Celui qui s'imagine que les ministres de M. Aoun réintègreront le gouvernement ignore complètement le personnage et fait une lecture erronée de la réalité. »
Entre-temps, le Hezbollah continue de jouer au pompier et de calmer le jeu via les allocutions de ses cadres. « Les forces politiques du pays doivent œuvrer pour sortir le Liban des crises dont il souffre. Pour cela, il faudrait dissocier la crise du Liban des crises régionales autour de nous, notamment celles du Yémen, de la Syrie et de l'Irak », a ainsi déclaré le député Nawaf Moussaoui. Une prise de position qui vient étrangement rejoindre celle du 14 Mars, lequel a longtemps prôné la dissociation des deux volets, avec, notamment, la libanisation de l'échéance présidentielle.
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commentaires (9)
LA PREMIÈRE CHOSE QU'IL DOIT FAIRE, SI C'EST POSSIBLE ENCORE, C'EST D'Y ALLER VOIR ET CONSULTER LE PATRIOTE ACHRAF RIFI, SINON QU'IL RENTRE LÀ OÙ IL EST REVENU. IL NOUS PERD LE TEMPS.
Gebran Eid
19 h 41, le 26 septembre 2016