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Lifestyle - Musique

Leonard Cohen, l’œuvre au noir

La couverture du nouvel album de Leonard Cohen.

Pour ses 82 ans, célébrés hier, le singer/songwriter canadien Leonard Cohen a offert à son public une nouvelle chanson, You Want It Darker, dans la perspective de son nouvel album éponyme, qui sera dans les bacs le 21 octobre prochain et déjà disponible en précommande sur iTunes et d'autres sites.
Ce 14e album studio, qui fait suite à Popular Problems (2014), est déjà salué par la critique comme un nouveau chef-d'œuvre. L'œuvre, formée de neuf nouvelles chansons à texte, a en effet déjà été sacrée meilleur album du mois par plusieurs magazines spécialisés.

La chanson du même nom qui annonce l'opus, You Want It Darker (présente en partie sur la bande son de la dernière saison de Peaky Blinders et que l'on peut désormais écouter dans son intégralité sur ce lien) est particulièrement sombre, et semble planter le décor d'un monde postapocalyptique, qui évoque, avec encore plus de noirceur, les accents déjà chthoniens de la chanson The Future, en 1992, mais aussi les compositions désabusées de son album précédent, comme Nevermind ou Party's Over.

 

 

En 1991, la chute de la bipolarité et le début du « nouvel ordre mondial » avaient été interprétés avec angoisse par le poète montréalais comme un « renversement de l'ordre de l'âme ». Cohen pressentait déjà la chute de tous les vieux codes de la civilisation occidentale, la désintégration de la vie privée et le débordement impossible à endiguer d'une violence globalisée.

En 2016, ce processus de désintégration et d'implosion du monde globalisé semble avoir pris fin avec You Want It Darker. Mais la voix est encore plus profonde, écorchée, comme issue des abysses, si bien que la chanson, minimaliste, déclamée sur le mode quasi récitatif et accompagnée de ce qui ressemble à du chant grégorien, ressemble à une prière de fin du monde, à une lamentation de condamné. Les premiers mots annoncent d'ailleurs la couleur : « Si tu es celui qui distribue les cartes/Laisse-moi sortir du jeu/Si tu es le guérisseur/Je suis brisé et boiteux/Si la gloire t'appartient/La honte est mienne/Tu veux plus sombre/Nous tuons la flamme. » Le chanteur reprend ensuite la formule utilisée par Abraham pour annoncer à Dieu qu'il est prêt à retourner chez Lui : « Hineni, Hineni, je suis prêt Mon Dieu »...

Mais, chez Leonard Cohen, la lumière n'est jamais très loin, même au plus profond de l'obscurité, même à 82 ans et le poids de l'âge, et la pierre philosophale reste l'amour, dans un univers où chacun de ses albums semble accompagner un peu plus le précis de décomposition de la planète dont nous sommes témoins tous les jours.
C'est avec impatience qu'il faudra donc attendre le nouvel album aux émanations prophétiques de la part de celui que Joni Mitchell appelait déjà dans les années 70 « le saint homme de la radio FM ». En se réjouissant d'avoir encore ce sage d'entre les sages de la chanson pour continuer à méditer avec nous, en paroles et musique, par des temps aussi sombres.

 

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