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Liban - Régions

Jabal Moussa : une expérience continue de développement durable

L'Association pour la protection de Jabal Moussa (APJM) donnera son dîner de gala, ce soir, mardi 20 septembre, dans les jardins du palais Sursock, après avoir ouvert un nouvel atelier de produits du terroir le 3 septembre.

Le président de l’APJM Pierre Doumet et des dames de l’association coupent le gâteau, lors de l’inauguration du nouvel atelier le 3 septembre.

Alors que les partis politiques s'écharpent sur la question des déchets et se drapent d'une prétendue conscience écologique, l'Association pour la protection de Jabal Moussa (APJM) n'a pas attendu les pouvoirs publics pour initier son expérience de développement durable et solidaire. En inaugurant, à Jouret el-Termos, un atelier de confection de produits du terroir, l'association démontre qu'un tourisme écologique, raisonné et durable, impliquant les populations locales, est la clé du développement socio-économique.

À 50 km de Beyrouth, dans le caza du Kesrouan, la région du Jabal Moussa abrite une biodiversité rare au Liban. Elle est, depuis 2009, reconnue par l'Unesco comme l'une des trois réserves de biosphère libanaises. Pour protéger ce joyau écologique et culturel, l'APJM œuvre depuis 2007 à la préservation des espaces naturels et à l'implication des communautés locales dans un projet de développement global. L'idée de son fondateur, Pierre Doumet, est que la richesse écologique, culturelle et paysagère de la réserve est un levier de développement pour les populations locales, à condition qu'elles se réapproprient leur montagne.

 

Implication des habitants
L'APJM joue donc un rôle d'encadrement et de promotion : côté tourisme, elle régule le flot de randonneurs, fournit des infrastructures d'accueil et des instructeurs pour former guides, gardes, gérants de maisons d'hôte ou cuisinières. Mais qui est ensuite mieux placé pour protéger la montagne, la faire découvrir ou en extraire des délices culinaires ?

Les habitants de ladite montagne, évidemment. La petite industrie du tourisme local génère de nombreux emplois pour ses habitants en faisant de Jabal Moussa une ressource économique à part entière. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'atelier de produits du terroir.

En 2011, l'APJM ouvre la première cuisine de produits du terroir de Jabal Moussa au sein de l'école de l'Immaculée Conception à Ghbeleh. Si l'association s'occupe des locaux, du marketing, de la distribution et de la vente, les produits sont confectionnés par les femmes des villages environnants. De simple héritage culinaire, ce savoir-faire devient une ressource durable. Au fil du temps et des succès commerciaux, la petite cuisine de l'école ne suffit plus pour approvisionner les 14 000 visiteurs annuels. C'est ce qui pousse l'APJM à ouvrir le nouvel atelier de Jouret el-Termos.

Il est divisé en deux parties : d'une part, un laboratoire de graines, financé par la BLC Bank et, d'autre part, une cuisine moderne et aux normes pour la production des produits traditionnels (mouné), financée par la fondation suisse Drosos. S'ajoutent à cela des salles de réunions et de formations flambant neuves. Le complexe a été inauguré le 3 septembre, en présence de représentants du programme « Man and Biosphere » (MAB) de l'Unesco, des présidents de conseils municipaux et des moukhtars des villages de Jabal Moussa. Sur le même modèle, l'atelier est géré par l'APJM, mais exploité par les cuisinières locales. Celles-ci bénéficient aussi des conseils avisés d'experts en nutrition et en écologie, et de la structure de l'APJM pour l'uniformisation, le marketing et la vente des produits. Les best-sellers ?
Le miel des forêts et, Liban oblige, le zaatar !

 

L'équilibre entre l'homme et la biosphère
Entre forêts méditerranéennes, dolines de roche et habitats arides se faufilent de nombreux animaux menacés, dont le loup ou la hyène. La montagne de Moïse (comprenez Jabal Moussa) abrite aussi le non moins biblique daman des rochers, déjà mentionné dans l'Ancien Testament. C'est aussi sur ses hauteurs que les oiseaux migrateurs s'octroient une pause bien méritée sur leur long périple, ce qui lui vaut le titre de région importante pour les oiseaux (IBA), décerné par Birdlife International.

Côté flore, la réserve abrite plusieurs espèces endémiques du Liban. La montagne est, à sa base, entourée d'un collier de villages abritant également des vestiges historiques : voies romaines, inscriptions de l'empereur Hadrien, église protobyzantine, monastères... Des vestiges qui témoignent de l'hospitalité d'une région habitée depuis le 2e millénaire avant J-C.

C'est là un autre volet de l'action de l'APJM : l'idée n'est pas seulement de protéger le site « en le mettant sous une cloche », mais de régénérer et redynamiser une biodiversité qui « constitue l'assurance-vie de notre planète ». C'est pourquoi l'association organise la venue de chercheurs, intervient dans des écoles pour sensibiliser au développement durable et au respect de la nature, régule le tourisme ou s'assure que les travaux d'aménagement usent au maximum les ressources locales et les techniques traditionnelles. L'APJM participe, entre autres, au programme MAB sur l'homme et la biosphère de l'Unesco, visant à « créer l'équilibre entre l'homme et la biosphère », pour reprendre les termes de Christelle Abou Chabké, représentante de l'association.

L'APJM organisera son dîner de gala dans les jardins du palais Sursock le 20 septembre, avant d'inaugurer, le 7 octobre, la nouvelle entrée d'Amez en présence de représentants du Fonds des ambassadeurs pour la préservation culturelle (AFCP) de l'ambassade des États-Unis qui finance le projet. À cette occasion, trois nouveaux sentiers de randonnées seront également ouverts, pour le plus grand bonheur des marcheurs.

 

Pour mémoire

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