Le secrétaire d'État américain John Kerry devait se rendre hier soir à Genève pour y retrouver aujourd'hui son homologue russe Sergueï Lavrov et tenter de sceller un accord entre Washington et Moscou sur un règlement du conflit syrien, a annoncé hier soir le département d'État.
« Leur discussion fait suite à de récentes conversations et sera centrée sur la réduction de la violence, l'élargissement de l'aide humanitaire pour le peuple syrien et les avancées vers une solution politique pour mettre fin à la guerre civile » en Syrie, a résumé le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby. Le département d'État n'a pas précisé quand exactement les deux ministres se verraient, mais John Kerry sera au plus tôt ce matin dans la ville suisse.
La rencontre de Genève avait été annoncée dès mercredi par la diplomatie russe – programmée pour jeudi et vendredi –, mais Washington s'est refusé jusqu'à la dernière minute à confirmer le déplacement du secrétaire d'État.
Dans la journée, le secrétaire d'État américain à la Défense, Ashton Carter, avait déclaré qu'il y avait « toujours un long chemin à faire » avant la conclusion d'un accord. M. Carter a rappelé que quand la Russie a annoncé s'engager en Syrie, elle a dit vouloir le faire « pour combattre le terrorisme et essayer de mettre un terme à la guerre civile via une transition politique ». « Ce n'est pas ce qu'elle a fait jusqu'à présent. Elle a attisé la guerre civile et la violence et ne nous a pas aidés à nous rapprocher d'une solution politique qui verrait Bachar el-Assad démissionner et un nouveau gouvernement incluant l'opposition modérée lui succéder », a-t-il fait valoir.
MM. Kerry et Lavrov se sont à nouveau parlé au téléphone jeudi, notamment d'une possible « coopération russo-américaine dans le but de détruire les groupes terroristes actifs en Syrie, d'aider à résoudre les problèmes humanitaires et de promouvoir un règlement politique au conflit syrien », selon le ministère russe des Affaires étrangères, précisant que cette conversation avait eu lieu à l'initiative des États-Unis.
De fait, après cinq ans et demi de chaos en Syrie et à quatre mois de la fin de la présidence de Barack Obama, John Kerry court après M. Lavrov pour tenter d'arracher un accord de sortie de crise en Syrie. On ne compte plus les rencontres aux quatre coins du monde entre les deux hommes, les dernières en marge du sommet du G20 en Chine les 4 et 5 septembre et à Genève le 26 août.
Les deux puissances, qui soutiennent des camps adverses sur le théâtre de guerre syrien, cherchent à relancer un plan de paix adopté fin 2015 par la communauté internationale et qui comprend un cessez-le-feu durable, de l'aide humanitaire et l'amorce d'une transition politique entre le régime et l'opposition. Moscou et Washington discutent en outre depuis des mois d'une coopération militaire accrue pour faire respecter la trêve et lutter ensemble contre les groupes jihadistes. Mais les multiples tractations américano-russes n'ont pour l'instant rien donné de concret, le président russe Vladimir Poutine ayant toutefois vanté un « certain rapprochement des positions » après un entretien informel avec M. Obama au G20 lundi.
« Véritable cessation des hostilités »
Mercredi, à Londres, l'opposition syrienne a tenté de faire entendre sa voix en présentant un plan de transition politique. « L'idée est qu'une fois que nous aurons atteint une véritable cessation des hostilités, alors la fenêtre sera ouverte pour reprendre les négociations politiques », a expliqué à l'AFP Anas al-Abdé, président de la coalition syrienne de l'opposition politique en exil. « Nous avons présenté notre vision, si (les États-Unis ou la Russie) ont de meilleures idées, nous allons discuter de ces idées, mais il y a certains principes pour lesquels le peuple syrien se bat depuis le début de la révolution et nous ne pourrons pas les ignorer », a-t-il ajouté, dans une allusion notamment au départ de Bachar el-Assad.
Le plan de transition a été présenté par le Haut Comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, avant des discussions avec une partie du groupe des pays amis de la Syrie.
Enfin, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a réclamé hier le départ du président syrien. Le ministère syrien des Affaires étrangères a répliqué que ses propos « démontrent qu'il est déconnecté de la réalité ».
(Source : AFP)
commentaires (3)
LE CHAT ET LA SOURIS... KERRY, JE VOUS PLAINS...
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 49, le 09 septembre 2016