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À La Une - témoignages

Attaque contre l'Université américaine d'Afghanistan : des survivants racontent l'horreur

"Je pensais que j'allais mourir, mais j'ai continué à courir jusqu'à arriver près de la sortie. Mes camarades qui sont restés derrière dans la salle de classe ont été tués ou gravement blessés".

Un mouvement de panique a éclaté mercredi soir lorsqu'un homme a foncé avec une voiture bourrée d'explosif contre un mur de l'université américaine de Kaboul, permettant à deux hommes armés de pénétrer sur le campus où se trouvaient des centaines d'élèves. Photo AFP / WAKIL KOHSAR

La voix tremblante, Ghazia, une étudiante en droit, raconte son face-à-face avec l'un des tireurs qui ont semé la terreur à l'Université américaine de Kaboul, pendant que ses camarades sautaient par les fenêtres du deuxième étage pour s'échapper.

Un mouvement de panique a éclaté mercredi soir lorsqu'un homme a foncé avec une voiture bourrée d'explosif contre un mur de l'université, permettant à deux hommes armés de pénétrer sur le campus où se trouvaient des centaines d'élèves.

De nombreux camarades de Ghazia se sont barricadés à l'intérieur des salles de classes, bloquant les portes avec des chaises et des tables, pendant que d'autres se bousculaient pour sauter par les fenêtres, au prix de graves blessures.

Terrifiée, Ghazia a choisi de courir dans le couloir avec deux autres étudiants, croyant vivre ses derniers instants. La jeune femme de 21 ans a vu les corps de ses camarades de classe gisant sur le sol, couverts de sang. "J'étais en train de courir, je me suis retournée un instant et j'ai vu un homme tirer dans notre direction", a-t-elle raconté à l'AFP. "Je pensais que j'allais mourir, mais j'ai continué à courir jusqu'à arriver près de la sortie. Mes camarades qui sont restés derrière dans la salle de classe ont été tués ou gravement blessés".

Seize personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées lors de l'assaut qui a duré plus de dix heures dans la nuit de mercredi à jeudi. Cette attaque est la première d'une telle ampleur contre une université de premier plan en Afghanistan.

Les talibans sont soupçonnés d'avoir fomenté l'attaque, qui a entaché le secteur de l'éducation, l'un des rares symboles d'espoir pour la jeunesse d'Afghanistan dans un contexte d'insécurité grandissante.
Le nombre croissant d'élèves étudiant à l'université, en particulier les femmes, a été salué comme une réussite exceptionnelle en Afghanistan depuis la chute du régime des talibans en 2001, qui leurs interdisait l'éducation.

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"Je suis traumatisée"
Certains observateurs craignent cependant que l'attaque de mercredi n'annulent des avancées durement acquises.

"L'éducation est l'une des plus belles réussites de l'Afghanistan depuis la chute du régime des talibans", a déclaré à l'AFP Shahla Farid, professeur de l'Université de Kaboul. "Cette attaque a montré que notre jeunesse, déjà contrainte de réduire ses mouvements à cause de l'insécurité, n'est pas en sécurité même dans les salles de classe. Je crains que cette attaque soit particulièrement dévastatrice pour les étudiantes", a-t-il ajouté.

"Je suis traumatisée. Je ne peux pas croire qu'ils sont morts", a déclaré à l'AFP un étudiant de 23 ans, visiblement bouleversé, à propos de la mort de son camarade Jamshid Zafar, qui faisait des blagues quelques minutes avant d'être abattu. Il a été tué en même temps que Naqib Ahmad Khpulwak, un jeune professeur prometteur de la faculté de droit, qui avait récemment obtenu sa maîtrise aux Etats-Unis et été revenu en Afghanistan pour enseigner.

Les étudiants endeuillés ont également rendu hommage à Mohammed Akbar Andarabi, un policier abattu en tentant d'emmener des centaines de jeunes en sécurité.
"Il était l'un de nos meilleurs hommes. Il est mort en protégeant les étudiants des terroristes", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur Sediq Sediqqi à propos de Mohammed Akbar Andarabi, hissé par les médias locaux au rang de "Achille d'Afghanistan".

Les universités privées ont été temporairement fermées après l'attaque, mais certains élèves ont affirmé vouloir retourner à l'université au plus vite. "Je retournerai à l'université le jour de sa réouverture", a promis Tahmina Amanzai. "Je sais que je tremblerai de peur, mais j'irai. Je ne peux pas laisser les terroristes m'empêcher de poursuivre mes études", a-t-elle déclaré à l'AFP.

 

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