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Culture - Festival de Baalbeck / Rencontre

Sherine : « Je garde la surprise, une surprise pour tous ceux qui viendront m’écouter »

La diva égyptienne galvanise les foules du Caire et du monde arabe. Et sera ce soir, sous les spots du temple du Soleil, la pharaonne qui fera crépiter rythmes, cadences et roucoulades à l'orientale....

Toute menue, vêtue d’une simple robe noire et blanche, d’un charme désarmant, Sherine est la star qui répond avec une confondante gentillesse à toutes les questions. Photo Michel Sayegh

Au onzième étage d'un « lounge » d'hôtel face à la mer grouillent journalistes, bouquets de roses et flashs de photographes. Toute menue, vêtue d'une simple robe noire et blanche, d'un charme désarmant, Sherine est la star qui répond avec une confondante gentillesse à toutes les questions. Elle dont les concerts, s'ils sont intimistes, groupent plus de dix mille personnes et quand ils sont mégas, atteignent les chiffres de cent trente mille personnes, comme récemment au Maroc.

Sherine, de son nom Sherine Abdel Wahab (rien à voir avec l'illustre compositeur et elle ne veut pas faire un « scoop », souligne-t-elle, de ce nom célébrissime !), est à l'affiche, ce soir, du Festival de Baalbeck. Un gracieux mélange entre la vulnérabilité de Magda à ses débuts et la pétulance de Pascale Petit, elle caracole en tête du hit-parade de la chanson arabe.
Rappel et survol d'un bilan riche : sa première chanson Ah ya leyl a battu des records d'une écoute pharaonique. Machaer sur Internet à enregistré plus de 73 millions de likes et koulli ilak s'est contentée de 63 millions de fans !

Teint bistre, taille fine, cheveux lisses coupés courts, yeux noirs pétillants et une dentition impeccable, en rangées de perles d'une blancheur ultrabright. Et quand elle parle et profère ses mots avec cet accent égyptien ensorceleur, c'est la séduction absolue d'une voix d'une renversante douceur. C'est du chocolat fondant !

À trente-six ans, dix-huit ans de carrière, 92 succès sur les ondes et petit écran pour une chanteuse dont l'ascension a été fulgurante. Mais aussi carrière d'actrice avec un feuilleton (Tariqi) qui a marqué les esprits, les annales des productions arabes, diffusé sur tous les canaux arabes et traduit en espagnol. Comment faire la part des choses entre ces deux voies et ces deux succès phénoménaux ?
« Si je dois faire un choix entre ces deux carrières, 70 % est à allouer à la chanson et le reste est pour le cinéma... » dit-elle tout sourire.

Pour la reine du « tarab », où se situe la limite de la chansonnette arabe et où est l'essence de ce qui est assyl ? « Pour moi, confie-t-elle, il faut donner à la chanson sa propre vie. La populariser s'il le faut, lui donner une certaine élégance et des racines racées, si tel est son appel et son nerf moteur... Car moi j'aime toutes les musiques. J'écoute aussi bien Céline Dion qu'Édith Piaf dont la voix me parle de l'air et la distinction de Paris... J'y entrevois les verres qui tintent dans les cafés... Mais j'écoute aussi du Beethoven, surtout le soir. Chaque musique a ses moments. Tout comme mon attachement à Feyrouz et Oum Kalsoum... »

 

(Lire aussi : Gardel et Van Dam, intense complicité d’un « tanguero » et d’un baryton star)

 

Et dans ce monde de brutes et de stridences, Sherine se refugie où et en quoi ?
« Le silence me procure le calme, répond-elle. Je me réfugie dans les lieux où il n'y a pas de bruit, à travers les paysages, les bords de mer, la montagne. Je peux l'avouer : je suis une incurable romantique ! »
Quand est-ce que vous avez pleuré pour la dernière fois, vous en souvenez-vous ?
« Parfaitement et c'était hier, dit-elle tout de go, dans un délicieux sourire de petite fille prise en faute. C'est à cause de Baalbeck : j'ai paniqué ! » Mais qu'elle se tranquillise donc, le public l'attend avec amour et impatience. Elle ignore le crédit qu'elle a auprès de lui ?
Et puis Baalbeck a toujours grandi les vrais artistes et rendu à leur vraie taille ceux dont le talent est ténu, ce qui n'est guère son cas...

Le compliment qui la touche ou qu'elle déteste ? Elle confesse : « J'aime tout ce qui est dit avec grâce, délicatesse, en toute simplicité. J'ai horreur de la vulgarité. » Sa qualité et son défaut ? « Être trop franche », glisse naturellement de ses lèvres.

 

(Lire aussi : Lisa Simone, du groove près des étoiles)

 

Sa définition de chanter ? « Chanter, c'est un langage universel, celui de tous les peuples. Mais c'est aussi le message qu'on ne peut pas faire parvenir... ». Bien sûr...
Les villes qui la font rêver, où elle aimerait vivre ? « Paris et Londres... Là où c'est propre... Mais l'Égypte demeure mon trésor car là je frôle constamment 7 000 ans d'histoire, de civilisation. » Et elle veut être ardemment l'ambassadrice et la représentante de ce passé prestigieux, de cette culture unique, fastueuse, monumentale.

Récemment elle avait annoncé, à grand fracas, son retrait de la vie publique. Sans raisons précises. Ou si peu d'explications. Aujourd'hui, elle revient sur cette décision et clarifie la situation. « J'ai passé par des temps difficiles, confesse-t-elle. Une vie trépidante de travail. Sans répit ni repos. Un "burn-out" que j'ai guéri en me coupant les cheveux, en changeant de rythme de vie, en abordant de nouveaux succès et me voici fraîche et pimpante pour affronter à nouveau la vie... »

Un message à votre auditoire à Baalbeck et que leur réservez-vous de votre répertoire ? « Avant tout, j'admire la vitalité et le sens de la fête des Libanais. Ne changez surtout pas, aimez la vie, la vie vous aime... Je vais chanter les plus beaux textes, les plus belles mélodies, le meilleur de ce que j'ai... Et je garde la surprise, une surprise pour tous ceux qui viendront m'écouter. »
Une dernière question. Que conseillez-vous aux jeunes chanteurs/chanteuses qui voudraient embrasser une carrière de scène ? Avec ce sourire ravageur et cette délicieuse voix de petite sirène, elle conclut : « Aime-toi et crois en toi, quoi qu'il arrive, quelles que soient les difficultés... »

 

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