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Culture - Festival de Baalbeck / Rencontre

« La musique, il ne faut jamais l’oublier, c’est le langage de la diplomatie »

Abeer Nehmé, de sa voix séraphique, sera la muse des voyages intra-muros d'al-Moutannabi à Bacchus....

Abeer Nehmé sera, à Bacchus, dans ce temple en ruine grandiose la vestale d’un récital alliant le faste et les diaprures de la langue arabe.

Éternel rêveur au verbe plus tranchant qu'un sabre, bien au-delà des limites de la poésie, voilà que pour cet altier héraut de la langue arabe, la musique transcende les paysages et noue des liens de fraternité humaine. À travers le chant d'Abeer Nehmé qui a concocté un spectacle-concert d'une envergure inédite. En toute simplicité, mais avec une étonnante intensité.

Elle sera dans ce temple en ruine grandiose la vestale d'un récital alliant le faste et les diaprures de la langue arabe, les subtilités d'une musique qui parle au cœur et à l'esprit, et surtout la porte-parole de paysages somptueux où les sables du désert, la solitude des cailloux, la nonchalance des palmiers et les touffes des végétations indomptables ont des magnificences et des réverbérations insoupçonnées.
Robe longue en mousseline mauve portant la griffe de Lamia Abinader, Abeer Nehmé interprétera, entourée de seize musiciens de plusieurs nationalités, avec à leur tête le pianiste Marc Abou Naoum et d'un chœur à sept voix, ses propres compositions ainsi que celles jumelées avec son frère Georges Nehmé (Chou sayer ya toura) et des airs du cru de Marcel Khalifé, tirés de son double CD actuellement dans les bacs. Pour un spectacle-concert qui a pour titre al-Moutannabi mousafiran abadan (al-Moutannabi l'éternel voyageur).

 

L'arôme de son prénom...
La reine du « tarab », du « keif » et de la musique sacrée (oui son répertoire est bien vaste et varié), qui ne jure que par Asmahan et Leila Mrad, qui pince de ses doigts les cordes du qanun en une savante féerie comme une caresse de Mélusine, n'en est guère à son premier festival. Une carrière déjà jalonnée de succès précède l'arôme de son prénom qui a toutes les fragrances des fleurs. Les soyeux contrastes de la langue arabe le confirment...

Ce vendredi soir, elle sera la voix qui porte les miroirs et la mouvance des peuples. Elle portera sur un palanquin de notes étincelantes ces voyages que le virulent et redoutable poète a entrepris en accompagnant, en courtisan usant et abusant de la flatterie, de la panégyrique et de l'imprécation, de l'éloge (madih) et de la satire (hija) des émirs et des walis arabes aux turbulences de toupies et aux ambitions avouées et désavouées...

Tumultueux voyages aux horizons multiples mais où la nature humaine, dans ses profondeurs les plus secrètes, reste immuable. Dans ses amours, ses étroitesses, ses grandeurs et ses décadences. Et tout cela un homme au verbe retentissant pour le dire et qu'une femme, aujourd'hui une cantatrice inspirée, porte à un public venu l'applaudir...
« Je présente à travers ces périples, ces chevauchées, ces cavalcades, ces errances, ces découvertes, ces éblouissements, ces richesses de palais ou de razzias, ces moments d'opulence, d'indolence, de sensualité ou de combats, dit Abeer Nehmé, toutes les beautés et les contrastes d'une musique traditionnelle. Une musique où les êtres se retrouvent et anéantissent les frontières tenues de ce que l'esprit croit ériger comme barrières infranchissables ! »

La chanteuse ajoute que ces voyages ont été pour elle un prétexte pour exprimer la profondeur de la nature humaine et sa diversité. « Ma voix doit porter au-delà d'une simple voix. Sans décor ni scénographie, avec pour alliés la musique et le chant. J'offre un bouquet de "tarab" classique et populaire entre modulation bien menée, rythmes rapides et chants a capella... »

Tout en précisant que « la poésie ici n'est pas récitée, mais n'est pas absente non plus... Il y a des extraits d'al-Moutannabi, c'est incontournable et son verbe si riche se marie parfaitement aux structures d'une mélodie. Dans cette traversée, je voulais aussi visiter musicalement le Caucase, l'Azerbaïdjan, la Turquie, mais je m'en suis abstenue... ».

Avant de retourner à ses derniers préparatifs, Abeer Nehmé conclut : « La musique est un excellent vecteur de fraternité et d'entente humaine. Sept notes il est vrai mais une infinité de possibilités et de potentialités pour une incroyable fusion... La musique, il ne faut jamais l'oublier, c'est le langage de la diplomatie. Elle réunit et raconte les peuples... Tant il est vrai que la musique m'habite et je l'habite... »

 

Pour mémoire

Une diva arabe entre musique sacrée et « tarab » traditionnel

Éternel rêveur au verbe plus tranchant qu'un sabre, bien au-delà des limites de la poésie, voilà que pour cet altier héraut de la langue arabe, la musique transcende les paysages et noue des liens de fraternité humaine. À travers le chant d'Abeer Nehmé qui a concocté un spectacle-concert d'une envergure inédite. En toute simplicité, mais avec une étonnante intensité.
Elle sera dans...

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