Quand le hakawati divertit ces « messieurs-dames » de la société

Il avait fait les belles soirées des cafés de Basta et autres quartiers populaires de Beyrouth ; le voici, à présent, promu attraction numéro un du Tout-Beyrouth... Il s'agit du hajj Ismaïl Abou Zakaria al-Bayat, « hakawati » de sa profession, et qui, à 84 ans, se découvre aujourd'hui un nouveau public, celui qui hante les lieux dans le vent tel le « Tivoli » à Broummana. C'est là que tous les mardis, le hajj conte à un auditoire composé de femmes à l'allure « rétro » et d'hommes en tenues décontractées les aventures de « Antar et Abla ».
L'engouement pour le « hakawati » ne date pas du début de cet été. Ce conteur populaire est devenu en vogue grâce au metteur en scène Raymond Gébara qui, voulant faire un retour aux sources théâtrales, a été un jour l'écouter en compagnie d'un groupe d'acteurs libanais. Car comme on parle d'un spectacle total, on peut dire du « hakawati » qu'il est un acteur total. Il est l'héritier de toute une tradition gestuelle et vocale dont il est actuellement le seul représentant. (...)
Au début de l'été, M. Albert Rizk, propriétaire du « Park Hotel », à Broummana, a pensé que le célèbre hajj constituerait un spectacle d'un genre nouveau. (...)
Depuis, tous les mardis, hajj Zakaria divertit ces « messieurs-dames » de la « haute ». Pour la circonstance, il a troqué sa vieille veste et son pantalon sombre contre sa tenue blanche des grandes occasions. Mais il a gardé ses accessoires scéniques, le livre de Antar et Abla et la canne avec laquelle il cogne sur le parquet lorsqu'il évoque les grands moments de cette légende arabe. (...)