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Agenda

Hommage à Nadia el-Khoury

Dix-huit heures. C'était l'heure à laquelle je devais la voir ce jour-là.
« J'ai une surprise pour vous. » « Alors venez maintenant », m'a-t-elle dit, lucide et enjouée. Il était midi. C'était le lundi, une semaine avant son départ.
Les surprises, Nadia les aimait, belles sûrement, celles d'un geste, d'un mot, ou d'un regard mais surtout d'un sourire, celui qu'elle avait tout le temps pour réussir l'exposition de son fils, Moustafa Khalidy, et la réouverture d'Artisans du Liban et d'Orient depuis quelques mois. Cet événement était pour elle un grand défi.
Elle était là, à la boutique, dès le matin, débordante d'énergie, affairée à réinventer cet espace et les objets qui s'y trouvaient, tels que disposés, tels qu'elle voulait les disposer à sa façon. Oui, à sa façon, car elle en avait une, spéciale, unique. Elle nous surprenait dans le fond et dans la forme, une forme autre, que l'on n'avait jamais vue ni imaginée et lorsqu'elle chamboulait le tout, cela devenait naturel, un naturel si déconcertant.
Et elle restait jusque tard dans l'après-midi, toujours débordante d'énergie, une cigarette à la main et un café pris dans une de ces tasses qu'elle avait rapportées lors de ses multiples voyages au Liban et en Orient, où elle se hasardait à découvrir la pièce, l'œuvre, la trouvaille, celles pour lesquelles elle avait eu un coup de cœur, qu'elle voulait acquérir à n'importe quel prix et détourner de leur utilité première pour en faire des objets différents et singuliers avec sa touche et son regard. Un regard dans lequel brillait cette lueur, celle des yeux d'une femme émerveillée.
« Le retour de Nadia », avait élégamment titré L'Orient-Le Jour pour la réouverture. Nadia n'est jamais partie et ne partira jamais.

Joumana RIZK-YARAK

Dix-huit heures. C'était l'heure à laquelle je devais la voir ce jour-là.« J'ai une surprise pour vous. » « Alors venez maintenant », m'a-t-elle dit, lucide et enjouée. Il était midi. C'était le lundi, une semaine avant son départ.Les surprises, Nadia les aimait, belles sûrement, celles d'un geste, d'un mot, ou d'un regard mais surtout d'un sourire, celui qu'elle avait tout le...