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Moyen Orient et Monde - Royaume-Uni

Le Labour commence à élire son leader dans un climat délétère

640 000 militants et sympathisants ont jusqu'au 21 septembre pour trancher.

Jeremy Corbyn, chef et candidat à sa réélection à la tête du Labour, et Owen Smith, son principal opposant, partagent la scène lors du premier débat de direction du Parti travailliste tenu à Cardiff, au sud du pays de Galles. Geoff Caddick/AFP

Jeremy Corbyn ou Owen Smith ? Les militants du Labour ont un mois, à compter d'hier, pour élire leur prochain leader dans une atmosphère délétère qui menace jusqu'à l'existence même du Parti travailliste britannique, fondé en 1900.
Plongé dans une crise intestine depuis le référendum sur l'Union européenne du 23 juin, le principal parti d'opposition a vécu un été exécrable où les deux camps se sont déchirés sous l'œil amusé des conservateurs au pouvoir. Avec l'ouverture du vote par correspondance, quelque 640 000 militants et sympathisants ont jusqu'au 21 septembre pour trancher. Le résultat sera annoncé trois jours plus tard pendant un congrès extraordinaire à Liverpool.
Jeremy Corbyn, 67 ans, élu triomphalement à la tête du Labour en septembre 2015 avec 59,5 % des suffrages des militants, reste favori pour sa propre succession face au député gallois Owen Smith, un ancien journaliste de la BBC de 46 ans. Le pacifiste et vieux routier de l'aile gauche du parti peut se targuer du soutien des syndicats et de la majorité des militants, dont le nombre a explosé sous son mandat jusqu'à franchir la barre du demi-million. Mais plus des trois quarts des 230 députés du parti continuent à lui être hostiles. Au lendemain du vote en faveur d'un Brexit, ils étaient 172 à approuver une motion de défiance à son encontre, l'accusant d'avoir trop mollement défendu le maintien du Royaume-Uni dans l'UE.
Hier, les deux candidats ont rivalisé de propositions pour gagner le cœur des électeurs. Soucieux de garder le soutien de la base, Jeremy Corbyn a plaidé pour un renforcement des pouvoirs des syndicats. Owen Smith s'est de son côté engagé à associer plus étroitement les adhérents à la définition de la politique du Labour. « Je crois qu'il est nécessaire de rassurer les gens à travers le parti », a-t-il déclaré lors d'un discours au pays de Galles (Ouest), dans une critique à peine voilée du bilan de son adversaire.

Climat nauséabond
M. Smith compte notamment dans son camp le maire de Londres, Sadiq Khan, qui a appelé à renverser l'actuel patron du Labour. « Jeremy a montré qu'il était incapable de gagner la confiance et le respect du peuple britannique. Nous ne pouvons tout simplement pas continuer comme ça », a-t-il imploré dimanche dans The Observer. Owen Smith a également reçu hier le soutien de la leader des travaillistes écossais, Kezia Dugdale, qui, dans le Daily Record, a jugé que M. Corbyn n'avait pas l'étoffe pour « unifier » le parti et le mener à la victoire.
Ces nouveaux ralliements illustrent la fracture entre Jeremy Corbyn et l'appareil du parti, qui semble quasiment impossible à résorber. « S'il l'emporte une deuxième fois, je ne vois pas d'autre alternative qu'une scission du parti », estime Tim Bale, professeur de sciences politiques de la Queen Mary University dans l'Evening Standard.
Le climat au sein du Labour est de fait devenu nauséabond et les débats entre les deux candidats se sont déroulés dans une ambiance tendue.
La fenêtre de la permanence politique d'Angela Eagle, qui fut un moment candidate, a été fracassée par une brique. Une autre parlementaire contestataire, Jess Phillips, s'est vue brandir sous les yeux une photo la montrant transpercée par une lance. Mais si le Labour semble au bord de l'implosion, c'est surtout parce que deux forces en apparence irréconciliables s'affrontent au sein du parti.
D'un côté, les parlementaires qui n'ont jamais cru que Jeremy Corbyn, un chantre de la gauche radicale, puisse remporter des élections. De l'autre, militants et syndicats qui estiment qu'il est seul à même de mener une vraie politique de gauche.
Pendant que le Labour se déchire, les Tories eux, se frottent les mains, soulignait hier le quotidien conservateur The Daily Telegraph. Finalement, poursuit le journal, « la personnalité politique la plus à même de répondre aux électeurs traditionnels désenchantés du parti pourrait bien être (Theresa) May », la Première ministre conservatrice, qui lors de son investiture en juillet dernier avait promis d'œuvrer pour la justice sociale.
Selon un récent sondage YouGov, seuls 19 % des Britanniques considèrent M. Corbyn comme la personne idoine pour mener l'exécutif britannique, contre 51 % pour Mme May.
(Source : AFP)

Jeremy Corbyn ou Owen Smith ? Les militants du Labour ont un mois, à compter d'hier, pour élire leur prochain leader dans une atmosphère délétère qui menace jusqu'à l'existence même du Parti travailliste britannique, fondé en 1900.Plongé dans une crise intestine depuis le référendum sur l'Union européenne du 23 juin, le principal parti d'opposition a vécu un été...

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