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Liban - Décharge de Bourj Hammoud

Les Kataëb déterminés à aller jusqu’au bout

Sukleen et Sukomi menacent Samy Gemayel de le poursuivre en justice.

À Dora-Bourj Hammoud, le ramassage des ordures par Sukleen se poursuit, mais pas leur enfouissement sauvage. Photo Hassan Assal

Il devient de plus en plus évident que la bataille menée par les Kataëb contre la décharge de Bourj Hammoud n'est pas près de prendre fin prochainement.

Depuis plus de dix jours, les activistes du parti présidé par le député Samy Gemayel effectuent un sit-in à la porte du chantier de construction de la décharge, pour s'opposer à ce qu'ils appellent « une catastrophe écologique et sanitaire à Bourj Hammoud ». Pour rappel, la décharge est l'un des piliers du plan gouvernemental adopté en mars dernier, pour sortir de la crise des déchets qui sévissait dans le pays depuis juillet 2015.

Cela n'est pas sans susciter des interrogations sur les limites de ce mouvement de contestation, d'une part, et les raisons derrière le recours des Kataëb à la rue après avoir longuement défendu la logique des institutions, d'autre part. La formation a même été jusqu'à poursuivre la société Sukleen en justice à travers deux plaintes par M. Gemayel devant le procureur financier Ali Ibrahim, le 24 février dernier.

Joint par L'Orient-Le Jour, le vice-président des Kataëb, l'ancien ministre Sélim Sayegh, affirme que sa formation se fie toujours aux institutions de l'État, et elle l'avait fait auparavant pour « faire expédier le minimum des affaires courantes du pays ».
Selon l'ancien ministre des Affaires sociales, « ce que fait aujourd'hui le parti Kataëb (le sit-in devant la décharge de Bourj Hammoud) n'est autre que l'usage de son droit à l'opposition pacifique contre un plan gouvernemental, un droit garanti par la Constitution libanaise et les plus grands traités internationaux, dont notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme ». Pour Sélim Sayegh, « nous préservons ainsi la démocratie et les droits les plus élémentaires qui en découlent ».

 

(Lire aussi  : L’art du possible à Bourj Hammoud et catastrophe écologique à Aïn Dara)

 

« Une bataille existentielle »
Le vice-président des Kataëb va même plus loin : « Notre parti mène actuellement une bataille existentielle. Le combat est principalement lié ainsi à l'existence d'un peuple ayant droit à mener une vie digne, et il s'agit là d'une position de principe. » Il ne manque pas d'ailleurs de placer l'opposition à la décharge de Bourj Hammoud dans un contexte international : « Notre lutte pour le droit à une vie digne n'est aucunement une bataille politique. Mais elle est le reflet de l'engagement du Liban à respecter les plus grands accords internationaux. Ainsi, nous pouvons dire que nous conservons la présence du Liban sur la scène internationale, en tant que membre qui respecte ses engagements. »

Or, face à « l'attitude d'un gouvernement qui prive son peuple de son droit naturel, par un mandat qui ne lui a pas été donné » (depuis le début de la vacance présidentielle en 2014), Sélim Sayegh se montre sceptique : « Face à une telle attitude, les pays considérés comme "amis" du Liban devraient imposer la bonne exécution des accords comme condition préalable à toute aide qui pourrait être octroyée au pays. » Selon lui, « la communauté internationale devrait placer le gouvernement devant ses responsabilités, puisqu'il a échoué à résoudre la crise des déchets comme cela se doit ».

 

« Une bombe chimique »
À une question sur les limites du mouvement de contestation de sa formation, M. Sayegh répond d'un ton ferme : « Nous irons jusqu'au bout. Nous n'accepterons pas une décharge à Bourj Hammoud, car ses émissions de déchets et de matières toxiques (les ordures n'étant pas triées) sont une sorte de "bombe chimique" causant la mort lente des habitants de la région. Ainsi, le sit-in se poursuivra jusqu'à ce que le gouvernement admette l'impossibilité d'en faire usage. »

Concernant les solutions à la crise des déchets, le vice-président des Kataëb ne manque pas de faire savoir que « le parti travaille actuellement sur les alternatives permettant de résoudre la crise », avant de rappeler que « la formation a longuement plaidé en faveur d'une solution axée sur la décentralisation, et en vertu de laquelle les municipalités seraient responsables du dossier des déchets dans le cadre de leur domaine d'activité, conformément à un plan qu'avait présenté le ministre (de l'Agriculture) Akram Chehayeb, mais qui a été mis en échec un peu plus tard pour des motifs politiques ».

De source au sein de la formation de Samy Gemayel, on apprend que « cette dernière n'acceptera pas une décharge à Bourj Hammoud, parce qu'elle estime qu'il s'agit d'une cause vitale ». Selon cette même source, « le parti adopte aujourd'hui une approche lui permettant de soutenir une logique nouvelle, loin des positions politiques traditionnelles. Cette nouvelle logique est principalement axée sur les valeurs de la démocratie et du respect de la dignité humaine. Et c'est dans ce cadre qu'il convient de placer sa toute dernière lutte contre la décharge de Bourj Hammoud ».

 

(Lire aussi : Sukleen dément avoir prévu d’arrêter le ramassage des déchets)

 

Samy Gemayel vs Sukleen et Sukomi
Plus tôt dans la journée d'hier les sociétés Sukleen et Sukomi chargées du ramassage des déchets ont répondu dans un communiqué aux accusations lancées contre elles par Samy Gemayel dans sa conférence de presse tenue jeudi.

Les sociétés ont démenti les affirmations de M. Gemayel selon lesquelles l'activité d'une usine de compostage établie à Bourj Hammoud aurait été interrompue. Selon le texte, « l'usine de compostage en question reçoit quotidiennement 300 tonnes de déchets organiques triés dans les usines de La Quarantaine et de Amroussié ». Les deux sociétés ont invité le jeune député à visiter l'usine de compostage pour se faire une idée de son travail.

Sukleen et Sukomi ont démenti aussi les propos de M. Gemayel, les accusant de distribuer une partie de leurs recettes encaissées durant la dernière décennie à des hommes politiques et des notables : « Nous refusons toutes les accusations politiques du député Samy Gemayel et nous démentons tout lien au pouvoir politique. Notre travail est axé sur la transparence et l'éthique professionnelle », ont ajouté les deux sociétés avant de mettre en évidence leur droit à poursuivre en justice toute personne qui pourrait leur porter atteinte.

De son côté, Lara Hachem, conseillère de Samy Gemayel, a répondu au communiqué de Sukleen et Sukomi. « Le député a le droit d'exprimer un avis personnel à l'égard d'un dossier précis, et ne peut être poursuivi en justice pour ce motif », a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à l'agence d'information al-Markaziya.
« Étant à la fois avocat et député, Samy Gemayel bénéficie d'une double immunité. Si les deux sociétés peuvent assurer la levée de cette immunité, nous sommes prêts à les affronter dans le cadre du pouvoir judiciaire, et les chiffres que nous possédons sont officiels », a encore dit Lara Hachem.

 

 

 

 

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commentaires (3)

JE SUIS JEUNE... ET AUX AMES BIEN NEES... LA VALEUR SE COMPTE EN NOMBRE D,ANNEES...

LA LIBRE EXPRESSION

23 h 40, le 20 août 2016

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Commentaires (3)

  • JE SUIS JEUNE... ET AUX AMES BIEN NEES... LA VALEUR SE COMPTE EN NOMBRE D,ANNEES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    23 h 40, le 20 août 2016

  • L'erreur a été corrigée. Merci M. Challita. Bonne journée!

    L'Orient-Le Jour

    10 h 41, le 20 août 2016

  • Sans vouloir chercher la petite bete :) une typo s'est glissé qq. lignes avant la fin de l'article: "Notre travail et axé sur la transparence et l'éthique professionnelle". Il manque un S a "et".

    Fady Challita

    06 h 46, le 20 août 2016

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