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Économie - Liban - Social

Les journaliers d’EDL font encore monter la tension

Mobilisés depuis fin juillet, les journaliers d'EDL ont bloqué hier l'autoroute Charles Hélou avant d'être évacués par les FSI. Ils affirment qu'ils comptent poursuivre leur mouvement jusqu'à nouvel ordre.

Le ton est monté hier entre les journaliers d’EDL et les Forces de sécurité intérieure venues pour les évacuer. Photo Ani

Les automobilistes ont été pris au piège hier dans le Grand Beyrouth par les manifestations des travailleurs journaliers d'Électricité du Liban (EDL), mobilisés depuis le 20 juillet, et qui ont cette fois-ci bloqué l'autoroute au niveau du siège de l'établissement public, à Beyrouth, pendant plus de deux heures.
« Ils étaient plusieurs centaines à bloquer la circulation dans les deux sens (vers Beyrouth et Jounieh), ainsi que la route en direction du port », a confirmé à L'Orient-Le Jour une source proche des journaliers. « Le ton est monté entre les Forces de sécurité intérieure (FSI) et les manifestants, qui ont finalement levé le camp peu avant midi pour se diriger vers le siège du Conseil de la fonction publique, dans le quartier de Verdun (Beyrouth) », a-t-elle poursuivi, avant de souligner « qu'aucun blessé n'était à déplorer parmi les manifestants ».

Report du concours
Plus tard dans la journée, la présidente du Conseil de la fonction publique, Fatima Ouaidat, a annoncé, à l'issue d'une réunion avec les représentants des journaliers, le report de la session du concours administratif permettant aux journaliers d'accéder à la fonction publique, et programmée pour le 13 août « à une date ultérieure qui reste à préciser ». Une décision qui satisfait une des revendications des journaliers exposées dans un communiqué publié le même jour et qui réclame, entre autres, l'intégration immédiate à EDL des candidats ayant déjà réussi le concours en 2015 et la prise en charge de ceux qui ont dépassé l'âge réglementaire pour passer ce concours (56 ans).
Lors d'une conférence de presse tenue en fin de journée, les manifestants ont néanmoins déclaré qu'ils poursuivraient leur mouvement « dans tout le Liban » jusqu'à nouvel ordre. Contactée par L'Orient-Le Jour, la direction d'EDL n'a pas souhaité faire de commentaires.

Le bras de fer que se livrent les journaliers et la direction d'EDL dure depuis des années. Sollicités par EDL afin d'effectuer une partie des opérations de maintenance et de collecte des factures, ces travailleurs demandent à être intégrés aux effectifs du fournisseur d'électricité pour bénéficier des mêmes avantages que les fonctionnaires réguliers. Face à l'intensification de leur mobilisation entre 2012 et 2014, le Parlement a décidé d'approuver la mise en place d'un concours administratif (loi n° 287 du 30 avril 2014) afin d'offrir à ces travailleurs une voie d'accès à la fonction publique. En août de la même année, EDL a fixé le nombre de postes vacants accessibles par ce concours à 897, un chiffre représentant environ la moitié des journaliers potentiellement éligibles pour passer le concours. Furieux, les journaliers ont été jusqu'à occuper le siège d'EDL pendant quatre mois, obligeant la direction de l'établissement à s'exiler dans les locaux de la centrale de Zouk.
En décembre 2014, un accord entre le député Walid Joumblatt (PSP), le député Michel Aoun (CPL) et le président du Parlement Nabih Berry (Amal) met fin au siège en imposant à EDL d'accélérer l'organisation du concours et de trouver une solution pour replacer les journaliers restants. Fin 2015, les journaliers ont relancé leur mobilisation contre la direction du fournisseur d'électricité. Ils reprochent notamment à EDL de ne pas proposer de solution de remplacement pour les journaliers qui ne peuvent pas être intégrés alors qu'ils ont réussi le concours, faute de postes vacants – soit un peu moins de 150 candidats.

 

(Lire aussi : Journaliers de l’EDL : une réunion « politique » qui ne résout rien ?)

 

Le volet « prestataires »
Mitigée pendant plusieurs mois, la mobilisation reprend de l'ampleur à partir de mai, dans le sillage des discussions autour du renouvellement du partenariat qui lie EDL à ses prestataires de services privés, les sociétés NEUC, Bus et KVA. Prévu par le plan établi en 2010 par le ministre de l'Énergie et de l'Eau de l'époque, Gebran Bassil, ce contrat de quatre ans a été conclu en avril 2012 pour accélérer la modernisation du réseau de distribution d'électricité et prolongé de quatre mois, depuis. Dans le cadre de son exécution, ces trois sociétés se sont engagées à embaucher la majorité des journaliers d'EDL pendant la durée du partenariat, une décision interprétée par ces derniers comme une tentative de leur ôter toute chance d'intégrer la fonction publique en les replaçant dans le privé.

À l'approche de la fin du contrat, le 28 août, les journaliers espèrent désormais faire pencher la balance de leur côté. « Si EDL rompt son partenariat avec ses sociétés, l'établissement n'aura plus d'excuses pour ne pas intégrer tous les journaliers à ses effectifs », ajoute encore la source précitée. Une déclaration qui fait écho à une autre revendication exposée dans le communiqué des journaliers et réclamant l'arrêt de ce partenariat.
À ce sujet, EDL a démenti hier matin « toutes les informations publiées par certains médias citant une source proche d'EDL » concernant une quelconque décision prise par la direction de l'établissement public sur ce dossier. La veille, un article publié par l'agence al-Markaziya avait affirmé que EDL souhaitait mettre un terme à son partenariat avec NEUC et KVA, évoquant notamment la « négligence » dont auraient fait preuve ces sociétés dans l'exécution du contrat.

 

 

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