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Économie - Hydrocarbures

Erdogan et Poutine relancent le gazoduc TurkStream

Gelé en raison de la crise diplomatique entre Moscou et Ankara, ce projet « sera réalisé le plus vite possible », a assuré hier le président turc après une rencontre avec son homologue russe.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avec son homologue russe Vladimir Poutine, lors de leur première rencontre depuis le coup de froid dans leurs relations, il y a neuf mois. Sergei Karpukhin/Reuters

Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, à la recherche d'un symbole fort pour marquer leur réconciliation, ont ressorti hier des cartons le gazoduc russo-turc TurkStream mais avec des ambitions nettement plus modestes qu'à l'origine face aux réticences des Européens.
À son annonce fin 2014, ce projet venait sceller l'amitié entre les deux chefs d'État : M. Erdogan offrait alors à M. Poutine une issue après le blocage par l'Union européenne, en pleine crise ukrainienne, du projet South Stream vers l'UE par la mer Noire.

Près de deux ans plus tard, il marque leur rabibochage après neuf mois de crise due à la destruction d'un bombardier russe par l'armée turque. Et il permet à la Russie de continuer à avancer ses pions sur le marché très géopolitique du gaz, en particulier dans le sud de l'Europe où d'autres pays, du Caucase à l'Asie centrale, voudraient constituer une nouvelle concurrence.
« Le gazoduc TurkStream sera réalisé le plus vite possible », a assuré M. Erdogan lors de la conférence de presse suivant leur première rencontre depuis le coup de froid dans leurs relations (voir page 12).
Vladimir Poutine a cependant précisé que le projet resterait dans un premier temps confiné à l'approvisionnement du marché turc. Il s'agit certes du deuxième client de gaz russe après l'Allemagne, mais l'objectif de voir la Turquie remplacer l'Ukraine comme principal pays de transit pour les exportations vers l'Europe reste bien loin.

Concernant la branche du tuyau devant répondre « aux besoins croissants et à la croissance économique de la République turque, (...), cette partie ne fait aucun doute, sa réalisation pourra commencer très prochainement », a expliqué l'homme fort du Kremlin. Concernant un tuyau complémentaire destiné à l'Europe, « nous devons travailler sur ces questions avec les pays européens et avec la Commission européenne », a-t-il poursuivi.

 

(Pour mémoire : Le projet de gazoduc TurkStream enterré par la crise entre Moscou et Ankara)

 

Objectif 2019
Son ministre de l'Énergie Alexandre Novak a confirmé la volonté d'avancer vite. Selon lui, le tracé, via la mer Noire, a déjà été adressé à Ankara ainsi qu'un projet d'accord intergouvernemental nécessaire au lancement des travaux, qui pourrait être signé dès octobre. Il a jugé que la construction pourrait être finie en décembre 2019. « Nous avons reçu l'assurance de la part de la Turquie qu'elle est intéressée et que tous les ordres ont été donnés par les autorités pour accélérer le processus », a-t-il indiqué.

En ce qui concerne les volumes prévus en revanche, on est bien loin des 63 milliards de m3 par an avancés il y a deux ans : il est question d'une branche de 15,75 milliards de m3 par an, avec une option pour une deuxième. « Il faut au minimum deux branches pour que le projet soit équilibré financièrement et ne soit pas intéressant seulement pour la Turquie », a estimé Valéri Nesterov, analyste de la banque Sberbank CIB.

Or, depuis l'échec de South Stream et le gel de TurkStream, Vladimir Poutine a plusieurs fois affirmé que la construction de gazoduc sur le sol européen ne se ferait que si Bruxelles donnait par écrit à ces projets un statut prioritaire.
« Nous savons que la Bulgarie voudrait bien que l'on revienne (à South Stream) mais nous avons subi des pertes importantes à cause du refus de nos partenaires européens », a prévenu hier le président russe. « De seules intentions ne sont pas suffisantes, il nous faut des garanties en béton, sur le plan juridique, et nous ne les avons pas. »

À l'inverse, Bruxelles cherche à diversifier ses approvisionnements pour réduire sa dépendance au gaz russe, qui couvre le tiers de sa consommation.
Le géant russe Gazprom assure au contraire que l'Europe aura de plus en plus besoin de son gaz. Il a d'ailleurs reçu l'appui de grands groupes énergétiques européens pour son autre grand projet du moment, Nord Stream 2. Ce dernier doit passer par la mer Baltique vers l'Allemagne, ce qui devrait éviter selon Moscou des problèmes liés à la réglementation européenne en termes de concurrence.
Certains pays en froid avec Moscou, Pologne en tête, ont demandé à Bruxelles de bloquer ce projet.

 

 

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