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À La Une - Reportage

Maaloula, terrain de chasse des tireurs embusqués

Dans cette ville fantôme, les militaires syriens combattent un ennemi invisible.

Un soldat syrien pourchassant des rebelles à Maaloula le 11 septembre 2013. SANA/Reuters

« Maaloula, cité de la culture et de l’histoire, vous souhaite la bienvenue », assure un panneau à l’entrée de la plus célèbre localité chrétienne de Syrie. Mais à l’intérieur, des tireurs embusqués ouvrent le feu sur des cibles dans les rues désertes, où une équipe de l’AFP a échappé aux balles des rebelles.


Dans cette ville fantôme, les militaires combattent un ennemi invisible. « On ne le voit jamais mais on entend le claquement de ses balles tirées avec des Gragunov », le fusil-mitrailleur russe préféré des francs-tireurs, raconte un soldat tapi derrière un mur, l’arme à la main.

 

(Reportage : En Syrie, Maaloula devient "un village fantôme")


Une voiture est arrêtée sur le bord de la route, le pare-brise explosé. Le chauffeur est vraisemblablement mort, ses affaires gisent sur la chaussée. Alors que le photographe de l’AFP venait de traverser la rue, le journaliste qui le suivait a été la cible de tirs. Il a dû s’allonger derrière un muret sur le terre-plein de la chaussée pour échapper au franc-tireur. Dès qu’il essayait de bouger, le tireur faisait immédiatement feu. Il a fallu que des soldats tirent dans sa direction pour que le journaliste puisse s’échapper vers une cour entre deux maisons. Un véhicule blindé est ensuite venu pour faire feu et permettre à l’équipe de partir. « C’est tous les jours ainsi, il n’y a que le soir où nous pouvons nous mouvoir sans craindre les tirs », explique le soldat.
« Nous avons repris une grande partie de la ville, mais les terroristes nous empêchent de la contrôler totalement à cause de leurs francs-tireurs », assure un colonel qui dirige les opérations sur le terrain. « Nous continuons à avancer doucement, mais c’est très difficile car nous ne pouvons pas la bombarder en raison des trésors historiques qu’elle recèle », ajoute-t-il.

 

(Pour mémoire : Les rumeurs autour de Maaloula alimentent une véritable psychose chrétienne)

 

Les rebelles, dont des jihadistes liés à el-Qaëda, ont pris le contrôle de la cité le 9 septembre. Trois jours plus tard, l’armée syrienne est entrée dans Maaloula pour les chasser.


Maaloula, dont la population atteint jusqu’à 5 000 personnes, est majoritairement chrétienne l’été, quand des centaines de chrétiens de Damas et de l’étranger viennent y séjourner. Mais l’hiver, les musulmans sont les plus nombreux. Cette localité située à 55 km au nord de Damas doit sa renommée à ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme. La majorité de ses habitants chrétiens sont grecs-catholiques et parlent l’araméen, la langue du Christ. Le nom de la ville vient de Maala, qui veut dire entrée dans cette langue.

 

La localité est célèbre au Proche-Orient pour la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix le 14 septembre. Cette année, pour la première fois, les collines n’ont pas été illuminées de grands feux, et les habitants et les visiteurs, chrétiens ou musulmans, ne se sont pas déplacés pour les grands dîners et cérémonies religieuses.


Si l’arche à l’entrée de la localité est très abîmée en raison de l’explosion d’une voiture piégée conduite par un kamikaze contre un barrage de l’armée, qui a fait huit morts, la localité ne porte pas les stigmates de la guerre en raison du refus de l’armée d’utiliser l’artillerie. Seul le dôme de l’église Saint-Élie est perforé. « Cette guerre risque d’être longue car ils se cachent dans la montagne et dans un hôtel sur le sommet, mais je pense qu’à terme, nous l’emporterons », dit le colonel de l’armée syrienne.

 

 

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