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À La Une - Liban

Attentats de Tripoli : 5 inculpés, dont deux cheikhs sunnites et un officier des SR syriens

Cheikh Hachem Minkara (notre photo d’archives) fait partie des personnes inculpées par la justice libanaise dans le cadre du double attentat à la voiture piégée perpétré le 25 août dernier à Tripoli, capitale du Liban-Nord.

Cinq personnes, dont deux cheikhs sunnites libanais et un officier syrien, ont été inculpées hier pour le double attentat à la voiture piégée, il y a une semaine à Tripoli, qui a fait 45 morts.
Deux ressortissants syriens, le capitaine Mohammad Ali et le dénommé Khodr al-Ariyane, sont accusés « d’avoir placé les deux voitures piégées qui ont fait des morts ». Ils risquent la peine capitale. Selon les sources de l’enquête, l’officier Mohammad Ali est responsable des services de sécurité syriens à Tartous, sur le littoral syrien.
Quant aux Libanais, cheikh Hachem Minkara, chef d’al-Tawhid, une organisation sunnite proche du régime de Damas, est accusé d’entrave à la justice, pour avoir été au courant d’un « projet terroriste et n’en avoir pas fait part aux autorités ». Les habitants de Tripoli, quant à eux, accusent le dignitaire sunnite de recevoir des armes et de l’argent du Hezbollah et de la Syrie. Son adjoint, cheikh Ahmad al-Gharib, et le journaliste Moustapha Houri, qui a occasionnellement travaillé pour la chaîne du Hezbollah al-Manar, puis pour la chaîne irakienne Asia basée à Beyrouth, sont accusés d’avoir « fait partie d’une cellule terroriste qui a placé des voitures piégées qui ont explosé devant deux mosquées à Tripoli ». Les trois hommes risquent de 3 à 15 ans de prison. Le juge Sakr Sakr a transmis le dossier au premier juge d’instruction militaire, Riyad Abou Ghida, pour entamer ses interrogatoires. 


Citant des sources proches de l’enquête, l’agence al-Markaziya a précisé que les préparatifs des attentats de Tripoli ont commencé il y a 7 mois dans le cadre de réunions qui ont eu lieu à Damas et à Tartous en présence notamment de cheikh Gharib et du capitaine Mohammad Ali, des services de renseignements syriens.
C’est la deuxième fois que la justice libanaise accuse directement le régime syrien d’être impliqué dans une tentative de déstabilisation du pays. En février, la peine de mort a été requise contre l’ex-ministre libanais prosyrien Michel Samaha et le chef des renseignements syriens Ali Mamlouk, jugés devant un tribunal militaire pour avoir voulu commettre des attentats contre des personnalités libanaises. Michel Samaha a été arrêté en août 2012 à son domicile de Jouar el-Khounchara dans le Metn-Nord. Selon la justice, Samaha « avait l’intention de faire usage des explosifs saisis dans sa voiture, qui lui avaient été remis par le colonel syrien Adnane avec l’approbation du général Mamlouk, mais les attentats n’ont pas eu lieu », l’ancien ministre ayant été arrêté avant de pouvoir mettre ses projets à exécution.

La prière du vendredi comme d’habitude
Craignant de nouveaux attentats, les autorités ont interdit le stationnement aux abords des mosquées sunnites au Liban, hier vendredi. À Tripoli, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises et des barrages ont été érigés en différents points de la ville.
Comme prévu, c’est cheikh Salem Rafeï, le chef du comité des ulémas et l’un des dignitaires visés par l’un des attentats qui avait ciblé la mosquée al-Taqwa, qui a récité la prière au même endroit. Dans son prêche, le cheikh a insisté sur l’importance de la coexistence.
« Le régime syrien ne nous dissuadera pas d’effectuer la prière dans nos mosquées », a-t-il dit. Il a en outre saisi l’occasion pour critiquer le manque d’équipements et de matériel mis à la disposition de la Défense civile, qui, rappelons-le, avait eu du mal à intervenir sur les deux lieux des attentats. Étaient présents à la mosquée le député de la Jamaa islamiya, Imad el-Hout, qui a stigmatisé les deux attentats qui ont endeuillé la ville, priant les autorités concernées de transférer le dossier judiciaire à la Cour de justice.
Pour sa part, cheikh Bilal Baroudi a présidé la prière dans la seconde mosquée sinistrée, al-Salam. S’adressant aux fidèles, il a tenu à exprimer un message de solidarité avec les Tripolitains et surtout ceux d’entre eux qui résident dans le périmètre de la mosquée et qui ont particulièrement souffert dans leur chair et leurs biens des conséquences de l’explosion.

Les cloches des églises par solidarité
Remerciant le patriarche maronite pour sa visite de solidarité, cheikh Baroudi a souligné qu’elle a eu l’effet d’une « bombe » sur ceux qui ont planifié l’explosion, parce qu’elle venait réaffirmer la convivialité entre les communautés qui caractérise la ville de Tripoli. Et d’ajouter que l’affluence en grand nombre des fidèles à la prière « est un message de paix et de charité, et un attachement aux valeurs religieuses ».
Par ailleurs, comme souhaité par le député de Tripoli Robert Fadel, les cloches des églises ont sonné hier dans la capitale du Nord, faisant écho au muezzin indiquant le début de la prière. Cette initiative se voulait un signe de solidarité intercommunautaire de convivialité, le message étant que « ce qui affecte le Libanais, quelle que soit sa religion, affecte l’ensemble des citoyens de ce pays ».
À noter que le mouvement al-Tawhid a démenti hier avoir les informations selon lesquelles les cheikhs relevant de cette formation auraient été interdits de réciter la prière dans les mosquées, soulignant que rien n’a changé sur ce plan. Le mouvement a indiqué avoir prévenu les comités chargés des mosquées de la nécessité de rester vigilant et de coordonner avec l’armée et les services de l’ordre afin d’empêcher une éventuelle percée sécuritaire qui viserait les fidèles. 


De son côté, le mufti du Akkar, cheikh Zayd Bakkar Zakariya, qui a inauguré la prière à la mosquée al-Farouk Omar ben el-Khattab, à Beit Ayyoub, a dénoncé le « crime » qui a eu lieu à Tripoli, soulignant « qu’aucune personne dotée d’un minimum d’humanisme ne commettrait un tel acte ».
« Ces attentats sont venus s’inscrire dans le prolongement du complot criminel fomenté par le tandem Samaha-Mamlouk qui visait à mettre le Liban et la région à feu et à sang. Cependant, a-t-il ajouté, la retenue dont ont fait preuve les habitants de la ville a fait avorter la discorde et déçu ceux qui cherchaient à la susciter, en faisant échec à leur plan. » Le dignitaire sunnite a exhorté l’État à « assumer ses devoirs à l’égard des citoyens » souhaitant la tenue du dialogue et la formation d’un gouvernement le plus tôt possible.


Par ailleurs, le front traditionnel Jabal Mohsen-Bab el-Tebbaneh, qui avait connu un moment de répit, le temps de permettre aux habitants de se remettre sur pied après les deux explosions qui ont ravagé une partie de la ville, s’est rallumé de nouveau hier faisant, une fois de plus, son lot de blessés. Trois personnes ont été touchées par les tirs. Il s’agit de Youssef Khoudour, Maad Abdallah et Ali Assi. Après un bref cessez-le-feu, les accrochages, bien que sur une échelle limitée, ont repris en début de soirée suite à l’arrestation par les forces de l’ordre du dénommé Mohammad Tabbouch dans la localité de Tebbaneh, accusé d’avoir tiré en direction de Jabal Mohsen, blessant Ali Assi. Comme à chaque fois, l’armée a été prise pour cible et a riposté aux origines des tirs.

 

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