Rechercher
Rechercher

À La Une - Éclairage

Un mot d’ordre au sein du Hezb : Ne pas répondre aux provocations

En dépit de la situation actuelle particulièrement critique, le secrétaire général du Hezbollah – qui aura cette semaine deux apparitions télévisées – affiche une grande sérénité. Selon ses rares visiteurs – car sayyed Hassan Nasrallah en reçoit peu ces temps-ci pour se consacrer aux multiples dossiers politiques, médiatiques et militaires qu’il traite en personne –, le chef du Hezbollah estime que la formation qu’il dirige se bat actuellement sur trois fronts : sur la scène interne, en Syrie et contre Israël.

Ces trois fronts sont d’une égale importance à ses yeux, même si la scène qu’il préfère est celle où il affronte l’ennemi israélien. Le dernier incident de Labbouné (entre Naqoura et Aïta Chaab) – dont tous les secrets n’ont pas encore été livrés – a confirmé d’ailleurs ce que « le sayyed » n’a cessé de dire dans ses discours : à savoir que ceux qui croient qu’en créant des problèmes à la résistance sur la scène interne, ils réussiront à la détourner de son objectif principal qui est de lutter contre Israël, se trompent.

 

À travers cet incident, le Hezbollah a montré que sa volonté de rester en état d’alerte maximale est justifiée et que « l’aile » qui est consacrée à combattre Israël fonctionne indépendamment des autres. D’ailleurs, selon certaines versions, l’incursion de la patrouille israélienne à l’intérieur du territoire libanais était une sorte de test pour justement vérifier si le Hezbollah est réellement en état d’alerte permanente ou bien si sa participation à la guerre en Syrie et les pressions exercées sur lui sur la scène interne l’ont contraint à relâcher son attention et sa vigilance. Cette violation flagrante par Israël des dispositions de la résolution 1701 et de la souveraineté libanaise montre que le Hezbollah a raison de maintenir ses priorités. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut interpréter le dernier discours de Nasrallah à l’occasion de la Journée al-Qods, lorsqu’il a tenu à se rendre au lieu de rassemblement et à prononcer un discours de 35 minutes diffusé en direct devant des milliers de partisans qui n’en croyaient pas leurs yeux. Le chef du Hezbollah a voulu d’abord lancer un défi à Israël, lui qui sort si rarement et presque jamais ouvertement, et, en même temps, montrer que pour la Palestine et sa cause, tous les risques sont justifiés... Alors que son parti est aujourd’hui attaqué de toutes parts, dans une volonté de l’encercler et de l’isoler qui commence avec les mesures prises par les pays du Golfe, puis celles décidées par l’Union européenne, en passant par certains pays d’Afrique comme le Nigeria, sans oublier les mesures américaines et celles de certains pays d’Amérique latine, Nasrallah a voulu montrer qu’il reste fort et puissant, indifférent aux attaques et tourné vers sa priorité, la lutte contre Israël.


Toujours selon ses visiteurs, Nasrallah est convaincu qu’en dépit de l’immense appui international dont il bénéficie, Israël craint plus que jamais la résistance. Depuis la participation du Hezbollah aux combats en Syrie et en particulier à Qousseir, Israël aurait ainsi modifié tous ses plans de défense. La raison en est simple. Jusqu’à présent, dans toutes les confrontations avec Israël – et elles sont suffisamment nombreuses –, le Hezbollah était sur la défensive et se battait sur son propre territoire dans un environnement qui lui est favorable. Mais, en Syrie, et en particulier à Qousseir, il s’est transformé en attaquant, montrant de nouvelles capacités militaires qui inquiètent les Israéliens. Ceux-ci sont immédiatement revenus sur des allusions faites par Nasrallah dans ses discours sur la Galilée pour en déduire que le Hezbollah aurait des plans pour tenter de faire une incursion dans cette portion de territoire en cas de nouvelle confrontation. Ils auraient donc modifié leurs plans de défense sur cette base. Ce qui, pour le Hezbollah, est un signe positif.


Un autre signe positif, malgré la complexité de la situation actuelle, c’est l’amorce de retour de l’organisation palestinienne Hamas dans le giron iranien, après l’échec de sa récupération par le Qatar. Le Hezbollah et son chef se félicitent ainsi de n’avoir jamais rompu leurs liens avec le Hamas en dépit de la divergence profonde entre eux sur le dossier syrien. Aujourd’hui, ce sont les membres du Hamas eux-mêmes qui cherchent à se rapprocher de nouveau du Hezbollah. À l’heure où la tension entre sunnites et chiites ne cesse de monter dans la région, cette démarche est plus qu’importante pour le Hezbollah car elle recrée l’unité des mouvements de résistance sunnites et chiites face à un ennemi commun.


Certes, le secrétaire général du Hezbollah ne minimise pas la campagne dirigée contre sa formation, qui vise à l’isoler sur les plans local, régional et international. Mais il considère que c’est le prix à payer pour le succès enregistré sur le terrain en Syrie. À ceux qui critiquent cette intervention, le Hezbollah demande ce qui se serait passé si elle n’avait pas eu lieu : les groupes de l’opposition syrienne auraient continué à bombarder régulièrement le Hermel et ses environs, puis Baalbeck et ses environs, élargissant chaque fois un peu plus le périmètre de leurs agressions, d’abord pour faire le lien entre Ersal et le nord du Liban assurant ainsi une large zone tampon à l’opposition syrienne, ensuite pour pousser la population chiite à se rebeller et à se lancer dans une riposte contre les opposants sunnites, plongeant ainsi le pays non seulement dans le prolongement de la guerre syrienne, mais aussi dans la discorde confessionnelle. Le Hezbollah reste donc convaincu du bien-fondé de cette participation qui a permis le retour au calme à la frontière libano-syrienne qui n’enregistre plus que des incidents isolés. Le chef du Hezbollah consacre enfin une grande partie de son temps à la scène interne pour éviter que son parti ne soit entraîné dans des réactions aux provocations. Pour cela, il a un seul mot d’ordre : ne pas répondre quelle que soit l’ampleur de la provocation ou de l’accusation...

 

 

Lire aussi

Geagea : Le mini-État du Hezbollah cherche à paralyser l’État véritable

 

Pour mémoire

Nasrallah : Il est dans l’intérêt de la région qu’Israël disparaisse

 

Hariri se lâche contre le Hezbollah : Plus jamais la formule « armée-peuple-résistance »

 

Les attaques contre Sleiman trahissent l’embarras du Hezbollah, l'éclairage de Philippe Abi-Akl

En dépit de la situation actuelle particulièrement critique, le secrétaire général du Hezbollah – qui aura cette semaine deux apparitions télévisées – affiche une grande sérénité. Selon ses rares visiteurs – car sayyed Hassan Nasrallah en reçoit peu ces temps-ci pour se consacrer aux multiples dossiers politiques, médiatiques et militaires qu’il traite en personne –, le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut