Il a indiqué que son pays voulait reprendre sa médiation entre la Syrie et Israël et s'opposait à de nouvelles sanctions contre l'Iran, que Riyad ne semble pas non plus préférer. « Je ne pense pas que de nouvelles sanctions vont produire des résultats », a déclaré M. Erdogan, souhaitant associer le Hamas palestinien aux négociations de paix, une idée qui n'a néanmoins pas les faveurs du royaume. « On ne peut pas faire la politique de l'autruche », a-t-il dit. « Si on veut des résultats, il faut faire participer toutes les parties ». Pour Moustafa Alani, du Gulf Research Center de Dubaï, « la Turquie veut s'impliquer plus et les pays arabes et ceux du Golfe en redemandent ». « La Turquie occupe une position unique. Elle a de bonnes relations avec l'Iran et Israël, ce qui est un avantage pour nous », ajoute-t-il.
L'acceptation d'un rôle régional turc représente un revirement dans la politique de Riyad qui a longtemps considéré que les affaires des Arabes doivent être du ressort des seuls Arabes, ce qui est dirigé contre l'Iran vu comme un champion de l'ingérence. Selon M. Alani, avec la Turquie qui se détourne de l'Union européenne et M. Erdogan qui semble remettre en cause la passé laïc de son pays, Ankara peut jouer un rôle plus prononcé dans les « affaires islamiques ». « Nous voyons dans la Turquie un contrepoids à l'Iran », a-t-il dit.
La stature régionale de la Turquie n'a cessé de s'affirmer au fil des années et Ankara a été notamment le médiateur dans le premier round des négociations indirectes entre Israël et la Syrie. M. Erdogan a vu sa popularité grandir dans l'opinion arabe lorsqu'il a protesté pendant le forum de Davos en 2009 contre des propos du président israélien Shimon Peres sur l'offensive contre Gaza avant de quitter la salle alors que des personnalités arabes ne l'ont pas fait. M. Erdogan est venu à Riyad pour recevoir des mains du roi Abdallah le Prix roi Fayçal qui lui a été accordé pour « services remarquables rendus à l'islam ». À la remise du prix, Abdallah al-Outhaimine, secrétaire général du comité le décernant, a loué l'action de M. Erdogan en faveur « de la cause de la nation islamique, en particulier les justes droits du peuple palestinien ». L'attribution de ce prix est un signe clair de l'approbation de Riyad de l'action régionale du Premier ministre turc, la Fondation du roi Fayçal étant intimement liée à la famille royale. Pour M. Alani, le prix - une médaille en or de 200 grammes et 200 000 dollars - est une « reconnaissance personnelle pour M. Erdogan et la Turquie ».