Les volontaires de la Défense civile, qui demandent depuis plusieurs années à être intégrés dans la Fonction publique, ont organisé hier deux rassemblements pour défendre leur cause, à Barja et à Batroun. Ils menacent de recourir à la rue à partir du 1er août si le processus aboutissant à leur titularisation n'est pas déclenché par le gouvernement d'ici là.
Plusieurs représentants des autorités politiques locales ainsi que des membres de la société civile ont pris part hier aux rassemblements de soutien aux volontaires de la Défense civile. La loi concernant la titularisation de ces derniers avait été votée par le Parlement en 2014 tandis que le décret relatif à cette titularisation a été émis par le gouvernement en février dernier sans jamais être appliqué sur le terrain. S'il venait à l'être, il pourrait permettre à 2 500 bénévoles de la Défense civile d'intégrer la Fonction publique, à condition de réussir un concours d'entrée. Excédés par la lenteur des procédures et le désintérêt politique face à leurs demandes, les volontaires avaient menacé de rejoindre les rangs des secouristes en Syrie en début d'année avant de revenir sur leur décision.
(Pour mémoire : Le gouvernement adopte le principe de la titularisation des volontaires de la Défense civile)
Un blocage inexpliqué
La question que les bénévoles de la Défense civile se posent aujourd'hui est de savoir pourquoi le décret tarde à être appliqué, alors que tous les membres du gouvernement s'accordent à dire que leurs demandes sont justifiées. Nabil de Freige, ministre d'État pour la Réforme administrative, estime que ce retard est sans doute dû à un problème au niveau du budget de l'État concernant les salaires des futurs titulaires. Plusieurs autres membres du gouvernement contactés par L'Orient-Le Jour ont avoué ne pas être au courant des causes qui sont à l'origine du blocage de la titularisation. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, était pour sa part injoignable hier soir.
Alaeddine Terro, député du Parti socialiste progressiste, dont un représentant a assisté hier à la rencontre de Barja, a déploré le fait que le Parlement adopte des lois et que le gouvernement émette des décrets « sans que rien ne soit jamais mis en application ». « Puisque tout le monde est d'accord sur le fait que les volontaires doivent être titularisés, qu'est-ce qu'on attend ? », s'est-il demandé. M. Terro s'est dit étonné que le retard soit lié à un problème budgétaire. « Pourquoi avoir émis le décret s'il n'y avait pas de budget pour payer les salaires des futurs titulaires ? Normalement, on ne prend pas ce genre de décisions sans avoir les crédits nécessaires », a-t-il dit à L'OLJ.
(Pour mémoire : Machnouk promet aux volontaires de la Défense civile leur titularisation)
Un appui citoyen
Les volontaires, eux, ne comptent pas rester les bras croisés. Ils ont prévu de manifester leur mécontentement dans la rue à partir du 1er août, « pour dénoncer la façon dont l'État traite les bénévoles ». Excédés par les politiciens, ils ont trouvé une oreille attentive auprès des grands chefs religieux puisqu'ils se sont déjà rendus chez le cheikh Akl druze, Naïm Hassan. Ils comptent également rencontrer, entre autres, le patriarche maronite, Béchara Raï, et le mufti Abdellatif Deriane. « Nous n'irons pas voir les hommes politiques cette fois-ci. Les hommes de religion sont plus sincères », a confié Moustapha Damaj, volontaire au sein de la Défense civile.
Youssef Mallah, un autre bénévole de la Défense civile, a pour sa part indiqué que les manifestations prévues iront crescendo si la titularisation n'est pas appliquée, mais qu'il n'y aura pas de pneus brûlés ou de routes coupées. « Notre problème n'a rien à voir avec les citoyens mais avec les politiciens. Si je connaissais la route empruntée par les politiciens qui ne veulent pas que nous soyons titularisés, je m'y serais rendu. Mais il se trouve que c'est la même route empruntée par la population », a-t-il dit, avant d'ajouter : « Les citoyens nous soutiennent beaucoup et de nombreuses personnes nous ont manifesté leur appui. Nous les en remercions. »
Pour mémoire
Les volontaires de la Défense civile ont finalement décidé de ne pas se rendre en Syrie
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