À une semaine des trois séances de dialogue sous la houlette du président de la Chambre Nabih Berry, début août, c'est rien moins qu'une véritable mise en garde que l'ex-ministre Achraf Rifi a lancée hier par l'intermédiaire de L'Orient-Le Jour contre « le piège d'une Constituante tendu par le Hezbollah, à travers le blocage systématique de l'élection présidentielle ».
Pour M. Rifi, « le vide présidentiel imposé par le Hezbollah par la force, l'intimidation et la contrainte depuis plus de deux ans vise à déboucher sur une paralysie totale du système politique qui ouvrirait grande la voie à une Assemblée constituante chargée de liquider l'accord de Taëf ».
L'homme fort de Tripoli ne cache pas ses craintes de voir dans ce cadre « la table de dialogue et l'idée du package deal global qui l'accompagne, et dont il est question en tant que voie de sortie éventuelle de la crise institutionnelle, servir d'outil pour torpiller les institutions, notamment la Chambre des députés ». Cette dernière serait aussitôt « empêchée d'assumer sa responsabilité dans l'élection d'un président de la République, de contribuer aux consultations parlementaires pour la désignation d'un Premier ministre et d'élaborer une nouvelle loi électorale ».
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Pour Achraf Rifi, il ne fait aucun doute que « le Hezbollah et ses alliés souhaitent désubstantialiser les institutions libanaises et transformer ces dernières en structures rachitiques et folkloriques, sans fonction aucune, sinon celle de se soumettre aux injonctions du parti chiite ».
Particulièrement méfiant vis-à-vis de l'initiative Berry, le général Rifi estime du reste que « tout ce qui concerne l'État et la protection de la République ne saurait être du ressort de la table de dialogue ». D'autant que cette dernière « ne représente pas l'ensemble des forces politiques, ni l'ensemble du pays, surtout les forces du changement, les indépendants ou la société civile ». Partant, « elle ne possède aucun mandat, aucune procuration pour élire un président de la République, désigner un Premier ministre ou encore s'entendre sur une loi électorale hors du cadre des institutions ».
Le vieux rêve du régime syrien
Mieux encore, Achraf Rifi reste fidèle à l'équation qu'il avait adoptée vis-à-vis des candidatures présentées par le chef du courant du Futur, Saad Hariri, et le président des Forces libanaises, Samir Geagea, respectivement du leader des Marada, Sleiman Frangié, et du chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, Michel Aoun. « Ni Frangié ni Aoun. Ce sont tous les deux les candidats du Hezbollah et les deux font partie intégrante de son projet de faire fi de la souveraineté de l'État libanais. Le président de la République que nous voulons doit être le garant de la République, pas un simple exécutant ou un pion des projets iraniens », souligne-t-il.
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Pour l'ancien patron des Forces de sécurité intérieure, il est impensable et inconcevable de discuter de l'idée d'une Assemblée constituante sous la contrainte des armes du Hezbollah. « Nous ferons face à un tel projet, même si nous devons en arriver à appeler à la désobéissance civile. Les Libanais sont capables de faire échec à un tel projet vers lequel le Hezbollah tente de nous entraîner, après avoir bloqué les institutions, paralysé l'économie et défragmenté le vivre-ensemble, provoquant une montée sectaire aux extrêmes dont il assume principalement la responsabilité à travers son équipée syrienne et qui provoque aujourd'hui un repli sectaire généralisé », affirme-t-il.
À travers L'Orient-Le Jour, Achraf Rifi souhaite enfin lancer un appel à toutes les forces « souverainistes et de changement »: « Il convient d'être conscients des dangers qui nous guettent. Il est temps pour tout un chacun de réévaluer les mauvaises tactiques et options qui ont été suivies et d'abandonner son égotisme. Le Liban a besoin de toutes ses forces vives et libres pour faire face au projet qui souhaite abattre ce qui reste d'espace de souveraineté de l'État et de remplacer le modèle du vivre-ensemble et du partenariat islamo-chrétien par un agrégat de minorité divisées et en guerre permanente les unes contre les autres, selon le vieux rêve du régime syrien et des architectes de l'alliance des minorités. Les Libanais et les martyrs attendent de nous de ne pas brader l'héritage qu'ils nous ont laissé et de rester fidèles aux valeurs pour lesquelles nous nous sommes soulevés le 14 février et le 14 mars 2005... »
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A suivre...intéressant...clairvoyant...jusqu'à quand??
01 h 36, le 26 juillet 2016