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Liban - Reportage

Pour la fête patronale de saint Élie, les sourires reviennent à Qaa

Les habitants de Qaa sont venus en grand nombre pour fêter la saint Élie.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi à Qaa pour célébrer la saint Élie, le saint patron du village. Quelques semaines à peine après les attentats qui y ont fait cinq victimes, la célébration a eu lieu sous haute protection.

Le soleil commence à peine à descendre en fin d'après-midi sur les maisons du village, proche de la frontière syrienne, que toutes les rues sont déjà bouclées par l'armée libanaise. Les véhicules surmontés de mitrailleuses barrent la route et les hommes en armes contrôlent assidûment les allées et venues des passants aux abords de l'église. Tout le long de la route, des dizaines de voitures sont garées sur le côté. Beaucoup d'habitants originaires de Qaa habitent à Beyrouth et ne sont revenus que pour cette célébration importante. Dans l'église, le père Élian Nasrallah entame la messe, sous le regard de nombreux fidèles venus spécialement pour l'occasion. Depuis les marches de la grande bâtisse et jusqu'à l'imposante statue de saint Élie, des bougies dans des petits sacs de papier sont prêtes à être allumées. « La saint Élie réunit chaque année tous les habitants de Qaa, même s'il y a des problèmes entre certaines personnes. Cette fête est avant tout la fête de l'union », explique Marita, une jeune fille qui habite le village.
Au terme de la messe, qui se termine en plein air devant un crucifix, le père Élian s'avance vers la route, accompagné par les fidèles. Derrière lui, un grand portrait de saint Élie porté par deux personnes est acheminé au milieu de la foule jusqu'à la statue. La nuit tombe petit à petit et les gens rejoignent alors un terrain préparé pour l'occasion. Une grande scène y est installée, sur laquelle se trouve un écran géant et plusieurs projecteurs. Les hommes sont bien habillés, des volutes de parfum suivent les femmes en robe. L'heure est à la fête, malgré les événements tragiques qui ont secoué ce village le 27 juin dernier. Le président de la municipalité, Bachir Matar, prend la parole. Un silence pesant envahit la foule quand il parle des « martyrs », les cinq habitants tués dans la série d'attentats perpétrés par des kamikazes. Leurs familles sont présentes également.
Bien que l'affluence soit moindre que les années précédentes, les habitants sont en grande partie sortis de chez eux pour assister à la cérémonie. Pour Caren, qui vit ici, ainsi que pour Marita, « tout le monde a osé sortir car on avait confiance. Saint Élie nous protège et l'armée libanaise était là aussi pour nous. On n'a pas peur ». Des portraits des victimes ainsi que des images de militaires de l'armée libanaise sont alors projetés, sous les applaudissements des habitants, alors que des artistes venus ce soir-là entonnent des chants.
À la fin de la soirée, les gens s'en vont par petits groupes sous la surveillance toujours vigilante des militaires, postés jusque sur les toits des maisons avec leurs jumelles. Pourtant, dans les rues, contrairement aux jours précédents, les terrasses des quelques cafés ouverts se remplissent petit à petit. Les jeunes sortent les narguilés, prennent le temps de fumer, de boire une bière et de parler, à la lumière des néons. Sur les visages, les sourires sont bien visibles, les villageois se retrouvent après deux semaines de peur et de traumatisme. Caren ajoute : « Jour après jour, tout va mieux. » Mais les sujets habituels reviennent rapidement. Le terrorisme, l'État islamique, les attaques, la frontière, les réfugiés. Il est minuit passé, quelques hommes se lèvent et quittent discrètement leurs tables. Cette nuit, comme toutes les nuits, certains d'entre eux iront patrouiller en armes dans le village et dans la montagne pour tenter de déceler toute intrusion de kamikaze.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi à Qaa pour célébrer la saint Élie, le saint patron du village. Quelques semaines à peine après les attentats qui y ont fait cinq victimes, la célébration a eu lieu sous haute protection.
Le soleil commence à peine à descendre en fin d'après-midi sur les maisons du village, proche de la frontière syrienne, que toutes les rues...

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