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Nos Lecteurs ont la Parole - Sissi BABA

Méfiez-vous de la littérature !

Oui, si tu lis, cher lecteur, ce billet, c'est que tu es atteint d'une grave malédiction parce que tu fais ce que les autres n'osent pas faire, ou n'ont pas envie de faire. Tu lis alors que la lecture est devenue un acte désuet, bizarre et étranger à notre monde devenu trop intelligent et trop avancé qu'on n'a plus le temps de ralentir le rythme de sa vie et de ses pas pour lire un article, chuchoter dans une chère oreille un petit mot d'amour, ou de lever le front des portables et des applications virtuelles pour que les yeux respirent l'azur des cieux. Non ! On n'a plus le temps ni de lire ni de faire de la poésie... à quoi ça sert déjà tous ces actes affreux et ennuyeux, toutes ces disciplines moribondes, la littérature, l'art et la beauté?
Le poète René Char avait raison quand il a dit «[aujourd'hui], il n'y a pas une place pour la beauté». Effectivement, tout le monde, ou peut-être la plupart; la «saine» race remet en question le rôle et l'effet des arts, de la culture et de la lecture. Il faut avouer, entre nous cher lecteur, que cette race a raison: la littérature ne peut pas guérir un corps malade, la musique ne peut pas bâtir un nouveau monde. Quant à la lecture – surtout la lecture ! – elle n'est que perte de temps. Mais toi et moi cher lecteur, on est des fous et des rêveurs qui croient obstinément et naïvement à l'effet des arts. Notre folie et notre inconscience de la réalité nous poussent non seulement à croire que l'art et la lecture guérissent mais nous croyons encore et fermement que la bonne littérature – et l'art par extension, dans toutes leurs formes et à travers tous les messages qu'ils emportent, sont capables de bâtir tout un univers. Même la littérature la plus subversive est capable de guérir corps et esprit en injectant dans notre sang et conscience le vaccin contre le mal qui gagne un nouveau synonyme au XXIe siècle: le désenchantement.
Pour les «trop» scientifiques ou les «trop» intellectuels, nous sommes malades. Nous sommes incapables de voir ce qu'ils voient parce que nos yeux sont brouillés par les mots. Les Fleurs du mal nous ont enflé la narine, nos oreilles se sont habituées aux Chants de Maldoror, nos «bonnes» mœurs sont renversées par Madame Bovary, nos passions et notre enchantement brûlent telle la passion de Phèdre. Je pense avoir enfin compris la raison pour laquelle nous sommes représentés tel un monstre: premièrement, nous sommes incapables de nous adapter à un siècle où la technologie domine la logique, les sentiments et le stylo. Deuxièmement, nous sommes véritablement malades: à force de côtoyer la littérature, nos yeux, nos doigts et nos veines sont empoisonnés; nous croyons tellement aux livres que nous souffrons de l'angoisse vertigineuse. Oui, nous sommes angoissés et perturbés car nous réfléchissons, et la réflexion est toujours le fruit d'une conscience réveillée par la littérature qui ne sert à rien, sinon à inquiéter, comme le dit André Gide.
Je comprends pourquoi la section littéraire dans les écoles, les départements de littérature, de philosophie, etc. dans les universités sont jugés comme disciplines pas « trop » sérieuses et manquent de public. En effet, au XXIe siècle, est sérieux et utile tout ce qui est lucratif, tout ce qui est rapidement saisi. On n'a plus le temps de réfléchir. À peine on a l'envie d'agir et l'on cherche mille moyens pour gagner de l'argent tout en restant passif. On manque de compétence et de bonne performance, mais tout va bien tant qu'on est bien casé, tant qu'on a rempli une fonction, peu importe laquelle, au sein de la sainte société.
Je comprends pourquoi nous sommes le monstre, toi et moi, lecteur, nous sommes le mal à qui tout le monde veut échapper, le stylo que tout le monde veut casser, le chant que tout le monde veut assourdir parce que nous sommes le marginal, le sentimental qui lutte contre l'homme végétal et moral. Nous sommes le poète qui chante seul et dont le lyrisme fait rire le cérébral. Nous sommes le philosophe que ce même cérébral ne comprend pas car il est, à la base, un prétentieux ignorant.
Méfiez-vous alors, bénie race, de la littérature, de l'art, et de l'amour... vous êtes le peuple gracié qui a pu se sauver des fatales malédictions. Vous avez peur des blessures et vous avez peur des sentiments... comme si la vie pouvait fonctionner autrement! Hélas, vous ne savez pas que c'est la blessure qui prépare le bonheur et que «la malédiction seule est le chemin de la bénédiction».
Méfiez-vous des livres, de la lecture, des gens bizarres qui lisent. Méfiez-vous du mal, du bien et vivez dans l'objectivité et la neutralité. Riez de notre sentimentalité et de nos pensées, et méfiez-vous des pages de l'inquiétant à travers lesquelles suinte la vérité.
Enfin, vous êtes à l'abri de tout ce danger puisque vous ne serez pas là à lire ce mot.
Mais méfiez-vous de l'art, de l'enchantement et de la beauté, car, comme l'a dit René Char, «il n'y a pas une place pour la beauté... toute la place est pour la beauté!»

Oui, si tu lis, cher lecteur, ce billet, c'est que tu es atteint d'une grave malédiction parce que tu fais ce que les autres n'osent pas faire, ou n'ont pas envie de faire. Tu lis alors que la lecture est devenue un acte désuet, bizarre et étranger à notre monde devenu trop intelligent et trop avancé qu'on n'a plus le temps de ralentir le rythme de sa vie et de ses pas pour lire un article,...
commentaires (1)

C,EST DEMODE CRIERONT LES -MODERNES- QUI NE REALISENT PAS QUE MODERNISME ET ABRUTISSEMENT SONT LES DEUX FACES D,UNE MEME MONNAIE ! POURQUOI TRIMBALLER DES LIVRES ET DES JOURNAUX QUAND LE P.C. EST LA DIRAIENT LES MODERNES ROBOTS ! ON NOUS DIRIGE ET NOUS PILOTE VIA L,ECRAN... P.S. L,ABRUTISSEMENT ET SA SOEUR L,HEBETUDE FONT DES RAVAGES ENORMES DANS LE MONDE ET PAS UNIQUEMENT CHEZ NOUS...

LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

08 h 43, le 15 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • C,EST DEMODE CRIERONT LES -MODERNES- QUI NE REALISENT PAS QUE MODERNISME ET ABRUTISSEMENT SONT LES DEUX FACES D,UNE MEME MONNAIE ! POURQUOI TRIMBALLER DES LIVRES ET DES JOURNAUX QUAND LE P.C. EST LA DIRAIENT LES MODERNES ROBOTS ! ON NOUS DIRIGE ET NOUS PILOTE VIA L,ECRAN... P.S. L,ABRUTISSEMENT ET SA SOEUR L,HEBETUDE FONT DES RAVAGES ENORMES DANS LE MONDE ET PAS UNIQUEMENT CHEZ NOUS...

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    08 h 43, le 15 juillet 2016

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