Pour Chris Williamson, chef économiste de la société d’études Markit, la Banque d’Angleterre a choisi hier de ne pas céder à « une...
La Banque d'Angleterre (BoE) a laissé son taux directeur inchangé hier, prenant à contre-pied bon nombre d'investisseurs. Elle a toutefois laissé entendre qu'elle pourrait dévoiler dans trois semaines un plan de soutien à l'économie face à l'impact attendu du Brexit.
La livre sterling a gagné jusqu'à plus de 2 % après l'annonce du maintien du taux d'intervention à 0,5 % alors qu'une majorité des économistes interrogés par Reuters mercredi s'attendaient à le voir réduit pour la première fois depuis plus de sept ans.
Il y a deux semaines, le gouverneur de la BoE, Mark Carney, avait déclaré que l'institution pourrait annoncer de nouvelles mesures dans le courant de l'été. Mais hier, le Comité de politique monétaire a choisi d'attendre trois semaines de plus. « En l'absence d'une dégradation supplémentaire du compromis entre le soutien à la croissance et le retour de l'inflation vers l'objectif de manière durable, la majorité des membres du Comité s'attendent à ce que la politique monétaire soit assouplie en août », déclare la BoE dans le compte-rendu de sa réunion. « L'ampleur et la nature précises des éventuelles mesures de soutien seront déterminées dans le cadre de l'examen des prévisions et du rapport sur l'inflation d'août », ajoute-t-elle. Sur les neuf membres du Comité de politique monétaire (MPC), un seul, Jan Vlieghe, a voté pour une baisse de taux.
Le MPC a aussi maintenu inchangé le montant total du programme de rachats d'actifs, dit d'« assouplissement quantitatif », de la BoE à 375 milliards de livres (498 milliards de dollars). Ce programme d'achats d'emprunts d'État lancé en mars 2009 est en suspens depuis novembre 2012.
Pour Chris Williamson, chef économiste de la société d'études Markit, la BoE a choisi de ne pas céder à « une réaction réflexe » face au Brexit, mais « les responsables de la politique monétaire auront besoin de faire beaucoup plus pour restaurer la confiance et assurer que le moteur de l'économie continue de tourner au cours des mois à venir ».
« De l'huile sur le feu »
La livre sterling, qui a perdu plus de 13 % de sa valeur face au dollar depuis Brexit, a atteint un plus haut de deux semaines à 1,3480 dollar après l'annonce du statu quo monétaire, tandis que les rendements des emprunts d'État britanniques remontaient. L'indice FTSE-100 de la Bourse de Londres a parallèlement effacé ses gains et a perdu 0,24 % par rapport à la clôture de la veille.
Pour certains économistes, Mark Carney a induit le marché en erreur en évoquant un prochain soutien dans son discours du 30 juin, alimentant ainsi les anticipations d'une baisse de taux dès juillet. « Comme si la situation n'était pas assez volatile et incertaine, le gouverneur de la BoE a jeté de l'huile sur le feu », estime ainsi Alan Clarke, de Scotiabank. Victoria Clarke, économiste d'Investec, juge quant à elle possible que la BoE et le nouveau gouvernement préparent un plan d'action concerté qui serait dévoilé en août. « Quoi qu'on puisse en conclure, il est certain que le compte-rendu du MPC d'aujourd'hui prépare les marchés à bien plus qu'une simple baisse du taux d'intervention le 4 août », dit-elle.
Le 30 juin, Mark Carney avait suggéré qu'il n'était pas favorable à une forte baisse des coûts d'emprunt en raison de l'impact probable d'une telle mesure sur les banques basées en Grande-Bretagne. Il avait ajouté qu'il n'entendait pas emboîter le pas à la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon en matière de taux d'intérêt négatifs.
Dans le compte-rendu du MPC publié jeudi, la BoE précise que les mesures de soutien à venir « prendront en compte toute interaction avec le système financier ». Le MPC a relevé sa prévision de croissance au Royaume-Uni pour le deuxième trimestre, à 0,5 % contre 0,3 % auparavant, mais il a ajouté que la croissance devrait ralentir à court terme à cause du résultat du référendum. Il a nettement abaissé ses prévisions d'investissement dans le secteur de la construction résidentielle, tout comme ses prévisions d'évolution des prix de l'immobilier. La BoE dit ainsi s'attendre à « une chute d'ampleur » des prix de l'immobilier commercial à court terme.
(Source : Reuters)