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Sport - Jeux olympiques - JO d’été 2016

Rio est prête, mais n’a pas l’esprit à la fête

Crises politique et économique, corruption, criminalité en hausse et virus Zika ternissent une parenthèse censée être joyeuse. Et pour beaucoup, les Jeux se résumeront à une coûteuse distraction.

Plus que trois semaines! Rio de Janeiro retient son souffle avant le coup d'envoi des premiers Jeux olympiques en Amérique du Sud (5-21 août). Mais, face à la pire crise économique en 80 ans et à une criminalité en hausse, l'humeur des Cariocas n'est pas à l'euphorie.
Les stades sont pratiquement prêts. Les couleurs olympiques parent enfin la « Ville merveilleuse », mégapole de 6,5 millions d'habitants coincée à l'étroit entre océan et montagnes luxuriantes, avec son saisissant contraste de quartiers huppés aux plages « carte postale »... et ses immenses favelas misérables. Le commerce local, de l'hôtel cinq étoiles au petit vendeur noir à la sauvette de gadgets olympiques « made in China », attend avec impatience l'arrivée de 500 000 touristes du monde entier.
Fanatiques de foot, les Cariocas sont des mordus de sport. Et malgré la grisaille du quotidien, nul doute que les Jeux seront une parenthèse joyeuse. Le décor du plus grand événement sportif planétaire (10 500 athlètes dans 42 disciplines) aura de quoi couper le souffle de centaines de millions de téléspectateurs : des régates de voile à l'ombre du Pain de sucre, les stars du sprint s'affrontant sous les bras ouverts de la statue du Christ rédempteur...
Mais un cocktail de criminalité en hausse, de chômage galopant, de virus Zika, de faillite de l'État de Rio, de scandales de corruption et de crise politique historique qui débouchera probablement sur la destitution de la présidente Dilma Rousseff juste après les JO n'a pas de quoi porter les Brésiliens à l'euphorie. Pour beaucoup, les Jeux se résumeront à une coûteuse distraction. « Les JO ont absorbé de l'argent qui aurait pu être utilisé pour améliorer la vie des gens, plutôt que de faire des changements cosmétiques jolis pour les étrangers », maugrée Felipe (31 ans), sauveteur sur la plage de Copacabana.

Magique et chaotique
À quelques mètres, sous un clément soleil hivernal, par 23°C, des dizaines d'ouvriers s'affairent comme des funambules pour achever l'immense structure métallique provisoire de l'enceinte de beach-volley, haute comme un immeuble de sept étages. Les problèmes rencontrés dans sa construction résument le défi d'organiser des JO à Rio, une ville aussi magique que chaotique. Les travaux ont d'abord été interrompus faute de permis environnementaux. Puis de fortes vagues ont endommagé la base de l'édifice. Il a fallu ériger un mur de sable de 300 mètres de long pour le protéger. Un mur colmaté en permanence par des bulldozers. Un beau matin, le cadavre démembré d'une femme a été découvert à proximité...
Rio a certes fait taire ceux qui doutaient de sa capacité à boucler les travaux à temps et globalement dans les budgets. Mais la construction du vélodrome a pris tellement de retard, en raison de la faillite de son principal maître d'œuvre, qu'il n'a pas été possible d'y effectuer un véritable événement-test. La baie de Guanabara reste un cloaque où se déversent les égouts, malgré les promesses déçues de dépollution à 80 %, exposant les compétiteurs de voile aux bactéries en cas de chute à la mer, voire à rater une médaille à cause d'un sac plastique à la dérive.
Une piste cyclable aménagée sur une corniche, à peine inaugurée en vue des JO, s'est partiellement effondrée sous l'effet d'une grande vague, tuant deux randonneurs. Des nids-de-poule sont déjà apparus sur une nouvelle route côtière. Enfin, une nouvelle ligne de métro, stratégique dans le plan de mobilité des Jeux, ne sera inaugurée, dans le meilleur des cas, que le 1er août, avec une capacité réduite faute de tests suffisants.
« Tout me préoccupe », reconnaît le maire de Rio, Eduardo Paes. Il confie avoir « hâte que ça commence et que ça se termine ». Et promet de « prendre une cuite » au son de la samba à la fin des JO, suivie d'une année sabbatique.

Treize assassinats par jour
La municipalité revendique néanmoins avoir œuvré à la plus grande transformation de la ville en plusieurs décennies, dont le principal legs sera de nouvelles infrastructures qui donneront accès aux transports publics à 63 % des Cariocas en 2017, contre 19 % en 2009. La capacité hôtelière de Rio a doublé. Un nouveau terminal a été inauguré à l'aéroport international. La zone portuaire, longtemps à l'abandon, a été en partie revitalisée.
Autre motif d'inquiétude, la sécurité des spectateurs touristes : plus de treize personnes sont assassinées chaque jour depuis le début de l'année dans l'État de Rio, 14 % de plus que l'an dernier à la même période. L'État de Rio vient d'obtenir une rallonge d'urgence de Brasilia pour payer les salaires des policiers. Mais les gangs armés de trafiquants de drogue grignotent du terrain.
La crainte concerne avant tout cette ultraviolence, davantage que le risque d'attentat, car le Brésil n'a jamais été frappé. Mais un jihadiste français de l'État islamique avait menacé en novembre, juste après les attentats de Paris : « Brésil, vous êtes notre prochaine cible. » Et un ancien détenu de Guantanamo réfugié en Uruguay est récemment entré illégalement au Brésil, sans laisser de traces...
Plus de 85 000 policiers et militaires veilleront à la sécurité des JO, deux fois plus qu'à Londres en 2012.

(Source : AFP)

Des Jeux et des chiffres

Sous l'égide des cinq anneaux olympiques, les 10 500 meilleurs athlètes au monde rivaliseront pour l'or devant des centaines de millions de téléspectateurs au mois d'août : les JO 2016, ce sont aussi d'innombrables chiffres.
- 78 000 : la capacité du stade Maracana, mythique temple du futebol, où se dérouleront les cérémonies d'ouverture et de clôture.
- 17 000 : les athlètes et membres de délégations.
- 207 : les délégations, dont une de réfugiés, pour la première fois.
- 7,5 millions : les billets mis en vente.
- 16 : l'extension en kilomètres de la nouvelle ligne de métro, le plus grand chantier d'infrastructure de la ville en lien avec les JO.
- 4 : les pôles olympiques, dispersés dans toute la ville – Barra da Tijuca (ouest), Copacabana (sud), Maracana (nord) et Deodoro (nord).
- 25 000 : les journalistes accrédités.
- 500 000 : les touristes attendus à Rio.
- 65,9 : le pourcentage de résidents de Rio qui estiment que les Jeux seront un succès, selon un sondage du ministère des Sports.
- 31 : les immeubles de 17 étages qui composent le village olympique. Les 3 604 appartements sont destinés à être vendus à des particuliers après la compétition.
- 60 000 : les repas quotidiens qui seront servis dans le village olympique.
- 5 : les Airbus A380 qu'on pourrait entreposer dans le réfectoire du village olympique.
- 11 356 : les poufs du village olympique.
- 7 : les joueurs du rugby à VII, présent pour la première fois à des JO.
- 400 : les ballons de football.
- 0 : le Brésil n'a jamais gagné la médaille d'or olympique en foot.
- 112 : les années passées depuis la dernière compétition olympique de golf.
- 2 : les présidents du Brésil attendus à la cérémonie d'ouverture – Dilma Rousseff, actuellement suspendue de ses fonctions et qui affronte une procédure en destitution qui devrait arriver à son terme après les JO, et Michel Temer, son vice-président devenu président par intérim, auquel échoit l'honneur de déclarer les Jeux ouverts.
- 450 000 : les préservatifs distribués pour les 10 500 athlètes – 41 chacun, soit deux par jour.

(Source : AFP)

Plus que trois semaines! Rio de Janeiro retient son souffle avant le coup d'envoi des premiers Jeux olympiques en Amérique du Sud (5-21 août). Mais, face à la pire crise économique en 80 ans et à une criminalité en hausse, l'humeur des Cariocas n'est pas à l'euphorie.Les stades sont pratiquement prêts. Les couleurs olympiques parent enfin la « Ville merveilleuse »,...

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