Le Liban subit depuis quarante ans une des batailles les plus éprouvantes, les plus longues et les plus insensées de son existence, puisqu'elle se sera étendue, à ce jour, sur une période dépassant 54 % du temps de son indépendance. Elle lui aura coûté plus de soixante-dix milliards de dollars, plus de deux cent mille martyrs, sans compter les dépenses conséquentes à la présence de cinq cent cinquante mille réfugiés palestiniens depuis 1948, et plus de un million trois cent mille migrants syriens depuis trois ans. Elle aura par ailleurs bloqué l'État des institutions, déchiré son tissu social, atteint profondément l'équilibre de son entité nationale et mis en danger le vivre-ensemble... ! Le citoyen libanais a le sentiment d'évoluer dans un champ de sables mouvants, il attend une aide promise mais qui ne vient jamais, pis encore, les voix qui s'élèvent à l'étranger le culpabilisent et lui expliquent qu'il est le seul maître de sa destinée et que c'est à lui que revient la responsabilité d'arrêter cette hémorragie fatale... Cette situation de « dérapage entretenu » est l'exemple type de la fourberie des grands décideurs de ce monde, lorsqu'il s'agit de développer et de protéger leurs intérêts stratégiques et ceux de leurs alliés, dans les régions en question.
À partir de cette triste réalité et de ses pratiques « mafieuses », comment faire pour continuer à y croire, et surtout comment agir pour préserver l'indépendance et la souveraineté du pays du Cèdre ?
Le Liban est actuellement pris en otage sur son propre territoire depuis plus de dix ans par un mouvement politique qui agit pour le compte d'un tuteur, dont les objectifs d'expansion et d'implantation régionales sont évidents. Fort des moyens logistiques et militaires mis à sa disposition, il bloque sciemment tout processus de stabilisation et de respect des institutions. Il espère, grâce à cette infrastructure étrangère qu'il détient de façon indue et au désordre régional ambiant, pouvoir continuer à imposer à la République une anarchie latente qui, en se prolongeant sur la scène interne, lui permettra, le moment venu, de mettre la main sur toutes les structures de l'État et d'imposer ses règles et les objectifs de ses parrains. C'est dans ce registre qu'il faudrait potentiellement placer la dernière prise de position du président de l'Assemblée nationale et interpréter son message de sauvetage adressé à la nation. Issu originellement des dernières discussions franco-iraniennes, le message en question exprime la proposition de la République islamique d'Iran pour engager le Hezbollah à accepter le retour au bercail. Les conditions qui y sont émises ressemblent davantage à une menace voilée qu'à un conseil amical et prévenant. Elles ne laissent pas en effet une grande marge de manœuvre aux autres composantes libanaises, puisque ces dernières se devront soit de les accepter, soit d'aller vers une « nouvelle Constituante ». Faut-il donc comprendre à partir de là que le duo politique chiite qui anticipe un éventuel refus des susdites conditions aurait déjà choisi, en fait, de s'acheminer vers la seconde option, et qu'entre-temps tous les efforts pour unifier les rangs au niveau national resteront vains et inutiles... ?
Mais une lecture géopolitique objective des derniers développements régionaux et alliances internationales mises en place montre que l'EI se désagrège géographiquement et financièrement sous la pression des frappes internationales, ses facultés dévastatrices territoriales se diluent à l'avantage de groupements jihadistes d'opposition modérés, qui pourraient être ultérieurement intégrés dans le processus en gestation pour la pacification et la réorganisation d'une Syrie démantelée, d'un État irakien fédéral et d'une région kurde autonome. La situation sur le terrain en Syrie permet aujourd'hui de conclure, à ce stade de l'évolution des événements qui se sont succédé depuis le début de la révolte intérieure, que le régime de Bachar el-Assad a largement participé, peut-être même encouragé par ses excès, au morcellement dramatique de son pays qui était un pôle géographique et politique régional incontournable, entraînant dans son sillage ses alliés, la République islamique d'Iran et son bras militaire le Hezbollah. Face à cette débâcle et à la dilution progressive de l'État-nation de Syrie et à toutes les pertes humaines et stratégiques du parti iranien, le temps du retrait hezbollahi de Syrie est venu, et il doit se faire dans les moins mauvaises conditions possibles. L'Iran, qui est responsable de cette implication financière et militaire du parti de Dieu et de ses partisans au Liban et en Syrie, est donc tenu aujourd'hui de négocier régionalement, internationalement et intérieurement les termes de son retour au Liban. Cette démarche n'est pas aisée, elle est même devenue plus compliquée depuis que l'accord sur le nucléaire a été signé, c'est ce qui explique le blocage interminable subi par le peuple libanais, tant au niveau institutionnel qu'existentiel. Ce pays vit une situation ubuesque, et cette négociation ressemble étrangement à un lamentable bazar entre les représentants des « kidnappeurs » et ceux des « kidnappés »... ! Il faut donc espérer que la sagesse des partis en présence et la prise de conscience des moyens de leur politique l'emporteront et permettront le dénouement de cette longue crise nationale.
En conclusion, il est donc à souhaiter que les citoyens libanais poussent, au travers de la société civile, tous leurs représentants politiques à s'unir et à accepter de sacrifier leurs alliances externes, au moins provisoirement, en attendant d'avoir rétabli l'équilibre au sein des équations de gouvernance interne et assuré une immunité suffisante des décisions institutionnelles, évitant ainsi les risques de dilution et de déstabilisation générale. Il faudra enfin, après cette douloureuse page de notre histoire, rétablir à nouveau des garde-fous efficaces pour protéger notre « vivre-ensemble », qui est devenu notre label international, et se mobiliser ensuite, tous ensemble, pour obtenir la « neutralité permanente » du Liban.
Tant que les Libanais, tous ensemble: les sunnites, chiites, druzes, chrétiens etc. n'auront pas compris que c'est eux-seuls qui doivent décider du sort de leur patrie, le LIBAN, et non pas l'Iran et le soi-disant "parti de DIEU" qui applique son agenda chez nous, ou l'Arabie Séoudite qui a elle aussi ses propres intérêts dans notre pays, en plus de tous les autres pays qui jouent un sale jeu sous couvert de belles phrases, initiatives etc., tant que les Libanais ne comprennent pas cela, et attendent que les autres décident pour eux, le Liban ne sera jamais souverain et idépendant ! Israël, on en a rien à faire, la Palestine...a son propre peuple pour la libérer, nous Libanais, ce qui nous intéresse, c'est notre patrie et basta ! Relisez l'histoire et vous trouverez pas mal de petits pays à peine plus grands que le Liban et qui de par la seule volonté de leur peuple uni, ont su se libérer du joug des puissances voisines envahissantes, sont libres maintenant et un exemple pour la communauté internationale. N'en déplaise aux moutons-suiveurs-bêleurs inconscients !!! Irène Saïd
09 h 58, le 14 juillet 2016