Rechercher
Rechercher

Économie - Éclairage

Croissance mondiale : « La seule certitude, c’est l’incertitude »

Déjà bien poussive, la croissance européenne pourrait être fragilisée et ne pourrait pas prendre le relais attendu des économies émergentes. Archives AFP

Ralentissement de la croissance, retour du protectionnisme, remise en cause des accords de libre-échange ou encore doutes sur la stabilité européenne: l'économie mondiale, toujours fragile après la crise de 2008, plonge dans une profonde période d'incertitude après le Brexit.
« Nous sommes en train d'entrer dans un territoire complètement inconnu où la seule certitude est l'incertitude », a affirmé Jean-Michel Six, chef économiste pour l'Europe de l'agence de notation SP Global Ratings, après la décision britannique de sortir de l'Union européenne.
Avant le référendum historique de jeudi, des institutions comme le FMI avaient prévenu des dangers d'un Brexit pour l'économie mondiale. L'OCDE avait également alerté sur « les incidences pour tous » ses membres, « en particulier en Europe ». La patronne du FMI Christine Lagarde avait aussi mis en garde contre les effets aux États-Unis, première économie mondiale, mentionnant « une appréciation probablement inévitable du dollar ». Dans un communiqué publié hier, Mme Lagarde a exhorté l'UE et le Royaume-Uni à assurer ensemble une « transition en douceur » vers une nouvelle relation économique après la victoire du Brexit. « Nous continuerons à surveiller étroitement l'évolution de la situation et nous nous tenons prêts à soutenir nos États membres en cas de nécessité », a-t-elle conclu.

Effet domino ?
Désormais confirmé, le Brexit pourrait se traduire par un effet domino qui finirait par atteindre une économie mondiale fragilisée. Déjà bien poussive, la croissance européenne pourrait être fragilisée et ne pourrait prendre le relais attendu des économies émergentes, qui ont soutenu l'économie mondiale depuis la crise de 2008 avant de s'effondrer ces dernières années avec la chute des prix des matières premières. Le Mexique a annoncé hier une réduction de ses dépenses budgétaires de 1 680 milliards de dollars pour faire face au Brexit.
« Comme l'UE est le principal partenaire commercial de la Chine, son ralentissement économique freinera la croissance de la Chine », prédit à Reuters Wu Jieyun, analyste chez China International Capital Corporation à Pékin.
S'il n'est pas du tout certain que la décision britannique produise un choc aussi massif que ne le prédisent le FMI et d'autres institutions, nombre d'économistes pensent que ce sera bien le cas.
« La sortie de crise et le retour durable à la croissance semblent désormais compromis après une telle succession d'événements sur les marchés financiers », regrette Christopher Dembik, économiste de la banque danoise Saxo Bank.
« Avec la crise grecque, la crise migratoire, le Brexit et la montée des populismes, l'Europe est en train de passer d'un statut de contributeur à la stabilité internationale à (celui consistant à) alimenter l'instabilité internationale », a expliqué à l'AFP Thomas Gomart, directeur du centre de recherche français Ifri.
« C'est le pire scénario qui est en train de se réaliser », a admis Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur-crédit Euler Hermes, même s'il est convaincu qu'il « ne s'agit pas de l'apocalypse. Cela va remettre en question l'Europe en bloc, notamment lors des négociations du traité de libre-échange avec les États-Unis (TTIP) et aussi sur la voix que les européens peuvent porter au G7 », a reconnu M. Subran.

Mondialisation remise en cause
Une situation qui pourrait « encourager des pays comme la Chine à chercher à établir directement des relations bilatérales avec les pays européens », plutôt que de négocier avec Bruxelles, constate M. Gomart. Selon lui, c'est le concept même de mondialisation qui est remis en cause aujourd'hui. « On voyait la mondialisation comme une convergence inexorable des modèles. En réalité, on est plutôt maintenant dans une divergence des modèles, avec probablement des retours de formes de protectionnisme », a-t-il souligné.
L'affaiblissement du « commerce mondial a déjà pesé sur la croissance mondiale ces dernières années », a estimé vendredi Larry Summers, l'ancien secrétaire d'État américain au Trésor. « Nous attendons du reste de l'UE qu'elle s'engage à rendre l'Europe plus efficace. Mais vu les expériences précédentes (...), nous doutons que cela ait beaucoup de crédibilité sur les marchés », a prévenu la banque américaine Goldman Sachs.
Dans le New York Times, le Prix Nobel d'économie, Paul Krugman, a toutefois relativisé les craintes d'un impact mondial du Brexit. « Je ne le vois toujours pas », a-t-il écrit.
(Sources : agences)

Ralentissement de la croissance, retour du protectionnisme, remise en cause des accords de libre-échange ou encore doutes sur la stabilité européenne: l'économie mondiale, toujours fragile après la crise de 2008, plonge dans une profonde période d'incertitude après le Brexit.« Nous sommes en train d'entrer dans un territoire complètement inconnu où la seule certitude est...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut