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Lifestyle - Patrimoine

Les escaliers de Beyrouth au cœur de l’intimité des habitants

Le projet a été mené par l'Université Saint-Joseph en collaboration avec l'École polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger, et financé par l'AUF.

Des escaliers revisités qui écrivent le présent d’une ville.

L'Université Saint-Joseph a mené durant deux ans un projet de conservation des escaliers de Beyrouth en collaboration avec l'École polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU) d'Alger.
« Par ce projet miroir avec Alger, nous avons l'ambition d'œuvrer pour le patrimoine » affirme Liliane Kfoury au cours de la table ronde organisée à l'USJ jeudi soir. Ce projet, financé par l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), s'est concentré sur quatre escaliers du quartier de Mar Mikhaël. Et les objectifs sont ambitieux. D'une part, celui de recenser les escaliers en permettant aux étudiants d'y mener des recherches de terrain nécessaires à la réalisation de leur mémoire. Mais surtout, celui de sensibiliser les habitants et la municipalité à la valeur historique et architecturale que représentent ces escaliers.
Car de tels vestiges sont en danger : « La folie immobilière qui sévit à Beyrouth a détruit la majorité des espaces publics de la ville comme les fontaines et les parcs », déplore Serge Yazigi, directeur de l'observatoire académique urbain de l'Alba. « Il n'y a de plus aucune législation actuellement en vigueur qui protège les centaines de marches disparates et colorées de Mar Mikhaël », ajoute-t-il. C'est donc dans un souci de mise en valeur que l'équipe de recherche les a comparées à celles de la ville d'Alger, où les pouvoirs publics ont davantage participé à leur conservation. Cependant, si les escaliers algériens sont plus nombreux et plus grands, le chercheur Christian Taoutel estime qu'ils ne sont pas utilisés par les riverains, au contraire des Beyrouthins qui les empruntent quotidiennement.

Lieux de rencontre
Lieux de passage et lieux de rencontre, il est vrai que les escaliers du quartier portent en eux une part d'intimité des habitants, surtout parce qu'ils mènent directement au perron de nombreuses maisons. Une figure d'authenticité qui se fait rare à Beyrouth et qui explique peut-être l'engouement des touristes et des artistes pour de tels lieux, à l'image du collectif Kahraba. Cette association a créé des dizaines de fresques sur ces escaliers, laissant aux riverains le soin d'en colorier les dessins. Cette action, considérée par beaucoup comme un succès, était également une occasion pour les habitants de redéfinir l'identité de Mar Mikhaël. « Ils sont lassés par l'image qu'a acquis le quartier au fil des années », affirme M. Yazigi, faisant référence à la vie nocturne de la région. Force est de constater qu'elle est en effet surtout célèbre pour sa longue artère de boîtes de nuit et de bars que pour son architecture.
Et si ce dynamisme profite à certains, Serge Yazigi anticipe surtout une baisse du phénomène de mode aux profits d'autres quartiers et donc un ralentissement économique à terme. « Hier, c'était Gemmayzé, aujourd'hui, c'est Mar Mikhaël et demain peut-être Badaro, poursuit-il. Ce phénomène de gentrification est trop rapide et devient destructeur puisqu'il met en danger le niveau de vie des habitants avec la hausse des loyers et la pollution sonore. » L'équipe de recherche de l'USJ espère donc qu'au-delà de ce recensement universitaire, de nouvelles voies seront envisagées par la municipalité pour un vrai plan stratégique du renouveau économique de Mar Mikhaël. Interrogée sur le sujet, l'étudiante Éliane Bechaalani, qui poursuit un master en aménagement touristique et culturel, affirme sans détours : « Rien n'aboutira sans les habitants. »

 

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