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Cinema- - À lire

En tête-à-tête avec Orson Welles...

L'acteur réalisateur aurait eu 101 ans le 6 mai. Retour sur un personnage haut en couleur avec un livre à conseiller aux cinéphiles pour l'été.

Orson Welles, un personnage atypique à découvrir.

Pendant deux ans, de 1983 à 1985, Orson Welles et Henry Jaglom ont déjeuné chaque semaine au restaurant Ma Maison, à Hollywood. Dans ces conversations, le grand Mr O. flingue le 7e art, mais surtout le milieu du cinéma, les acteurs, la presse. Et Orson Welles avait l'intention d'écrire son autobiographie à partir de ces entretiens, mais il est mort avant d'achever son travail. Les enregistrements sont restés enfouis durant 25 ans. Sous l'insistance de Peter Biskind (Le Nouvel Hollywood), Henry Jaglom, réalisateur, producteur et scénariste, a finalement accepté de lui donner les cassettes et de publier leur contenu.
En voici quelques extraits...

Lorsque Mr O. dit que les biographies ne sont jamais bien intentionnées...
«Si tu fais un gros plan sur les verrues, elles vont avoir l'air plus grosses qu'elles ne le sont en réalité. Si ces êtres étaient mes amis, leurs verrues ne m'auraient pas paru aussi importantes qu'elles semblaient l'être dans un livre. Nous connaissons tous des gens qui sont alcooliques ou drogués, ou affligés d'un mauvais caractère, mais ils n'en demeurent pas moins nos amis. Tandis que dans un livre, tu te focalises sur les défauts. Certaines biographies ont tellement amoindri des écrivains que j'aimais dans mon esprit que j'aurai préféré ne pas les avoir lues. Et brusquement, je me dis ceci : En réalité un biographe bien intentionné, ça n'existe pas. S'il s'agissait d'un chef militaire, d'un homme politique, de quelqu'un qui n'écrit pas, ce ne serait pas aussi grave... Si je suis captivé par l'œuvre d'un auteur, je ne veux rien savoir de lui. »

Lorsqu'il se dit lâche, parce qu'il ne lit pas les articles à son sujet
«Je ne lis pas ces trucs très attentivement. Je regarde la fin, pour voir comment ils concluent, mais j'ai toujours peur de tomber sur quelque chose de désobligeant en chemin. Ce n'est pas de l'arrogance de ma part, c'est de la lâcheté, de la pure trouille. Je devrai lire tous ces articles, mais je ne le fais pas. »

Lorsque Mr O. dit que Bogart et Cooper ne sont pas de bons acteurs...
« Humphrey Bogart était un acteur de second rang. C'était une personnalité fascinante qui a réussi à captiver l'imagination du monde entier, mais il n'a jamais été un bon acteur. Juste passable (...). Gary Cooper ne valait pas non plus grand-chose, mais on est tout simplement amoureux d'eux. Gary Cooper est ainsi une vraie star. C'est ça les stars de cinéma : on ne les juge pas en tant qu'acteurs, ce sont des êtres dont on tombe amoureux à un certain moment de notre vie. Et c'est lié à ce besoin que nous avons tous de chercher des héros. »

Lorsque Mr O. faisait veiller Roosevelt...
« Il aimait s'attarder à parler avec moi à la Maison-Blanche. Il était libre en ma compagnie. Je n'avais pas à être manipulé. Il n'avait pas besoin de mon vote. C'était une détente pour lui et il appréciait ces moments. Il disait souvent: "Vous et moi sommes les plus grands comédiens
d'Amérique".»

« Citizen Kane », forever
« Les Français avaient snobé Citizen Kane. Ils avaient entendu parler du film suite à la critique de Jean-Paul Sartre. C'était une vraie attaque en règle. Comme Sartre n'avait pas le sens de l'humour, il n'a pas compris que Kane était une comédie. D'ailleurs je pense que les Européens n'avaient pas compris le film comme les Américains. John O'Hara avait écrit une note dans Newsweek, la plus belle critique que quiconque ait jamais reçue : "Ce n'est pas seulement le meilleur film jamais réalisé, c'est aussi le meilleur film qui existera jamais. J'aurais dû, après ça, prendre ma
retraite". »

* « En tête-à-tête avec Orson Welles », conversations entre Orson Welles et Henry Jaglom, éditées et présentées par Peter Biskind (Robert Laffont).

Pendant deux ans, de 1983 à 1985, Orson Welles et Henry Jaglom ont déjeuné chaque semaine au restaurant Ma Maison, à Hollywood. Dans ces conversations, le grand Mr O. flingue le 7e art, mais surtout le milieu du cinéma, les acteurs, la presse. Et Orson Welles avait l'intention d'écrire son autobiographie à partir de ces entretiens, mais il est mort avant d'achever son travail. Les...

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