Espagne : appels à la démission du ministre de l'Intérieur juste avant les élections

L'opposition espagnole a réclamé mercredi la démission du ministre de l'Intérieur, quatre jours avant les législatives, en l'accusant d'avoir cherché à utiliser ses services pour compromettre des indépendantistes en Catalogne.

Dans des enregistrements diffusés mardi soir sur internet par le journal de gauche catalan Publico, le ministre conservateur Jorge Fernandez Diaz et le responsable de la lutte anticorruption en Catalogne (nord-est), Daniel de Alfonso, passent en revue les éventuelles affaires pouvant être utilisées pour compromettre des dirigeants indépendantistes catalans.
Leurs deux réunions avaient eu lieu en octobre 2014, quelques semaines avant un referendum symbolique sur l'indépendance organisé par le gouvernement séparatiste catalan.

M. De Alfonso exposait au ministre de l'Intérieur différents indices de délits, tout en relevant qu'ils étaient très "faibles". Le ministre lui assurait cependant qu'ils pouvaient faire "beaucoup de mal" politiquement.
"Le ministre m'a fait des suggestions" à ce moment-là, a reconnu M. De Alfonso dans une interview à la radio Cadena Ser.

Dans la conversation, le ministre affirmait en outre: "le président du gouvernement (Mariano Rajoy) le sait".
Mardi, les deux hommes ont cependant assuré que M. Rajoy n'avait rien su de leurs échanges jusqu'à cette semaine.

Toute l'opposition a réclamé la démission du ministre de l'Intérieur, tel le dirigeant socialiste Pedro Sanchez qui l'a accusé d'"utiliser l'appareil d'Etat pour lutter contre ses adversaires politiques et non pour lutter contre la corruption dans son propre parti".

M. Fernández Díaz n'a pas nié que ces réunions avaient eu lieu mais a assuré que les conversations diffusées étaient tronquées.
Il s'est présenté en victime d'"une conspiration" destinée à "le détruire", dans la dernière ligne droite avant les élections. Il a annoncé qu'une enquête allait être menée pour savoir qui avait fait fuiter ces conversations.
"C'est une sale guerre menée depuis les égoûts de l'Etat", a protesté le président indépendantiste de la Catalogne, Carles Puigdemont.