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Liban - Crise des déchets

Sukleen et Sukomi ouvrent enfin leurs portes aux journalistes

Dans une opération de communication de toute évidence destinée à redorer leur blason et reconstruire leur image, les deux entreprises ont accueilli hier les médias dans leurs différents centres de traitement.

Les ouvriers s’affairent sur les lignes où passent les déchets à trier dans l’usine de Sukomi à La Quarantaine. Photo Hassan Assal

La cinquantaine de journalistes invités est là, sur le pied de guerre, caméras et micros à la main pour suivre les explications relatives au système de traitement des déchets conçu et géré par Sukleen et Sukomi. Les deux compagnies, qui organisaient hier une tournée pour les médias dans leurs centres de traitement, sont en charge de la collecte et du traitement des déchets de Beyrouth et du Mont-Liban depuis 1997.
Première étape à La Quarantaine et Amroussieh, où les détritus collectés sont triés en trois catégories : les éléments recyclables et compostables qui seront dirigés vers les deux centres respectifs de Bourj Hammoud, et les matériaux non réutilisables, destinés à l'enfouissement. Vient ensuite la visite du site de Naamé, le site d'enfouissement au cœur des controverses.


Si cette initiative met fin au silence opaque qu'ont longtemps entretenu Sukleen et Sukomi, elle révèle surtout leur volonté de limiter leur responsabilité dans le marasme nauséabond duquel le Liban vient, bien que provisoirement, de sortir. Le directeur exécutif des deux entreprises, Anthony Kurban, s'est appliqué à réfuter, en réponse aux questions de L'Orient-Le Jour, les nombreuses accusations dont les compagnies font l'objet, à commencer par celle d'être à l'origine de la crise.
Martelant constamment que leurs responsabilités sont définies par leur contrat avec le gouvernement, M. Kurban soutient qu'une clause confirme l'arrêt de la collecte des déchets par Sukleen si aucun centre d'enfouissement sanitaire n'est disponible, ce qui a été le cas avec la fermeture de Naamé en juillet 2015. « C'est la faute du gouvernement, puisque celui-ci n'a pas fourni d'autres terrains à temps », a-t-il affirmé. Et lorsqu'on l'interroge sur ce que Sukleen aurait pu faire de mieux ou de différent, l'accalmie du moment aidant au bilan, M. Kurban décline toute responsabilité, citant les trois cents correspondances adressées à l'État depuis 1997 et restées sans réponse concrète.

 

( Pour mémoire : Sukleen se justifie, le mouvement civil riposte )

 

Une production d'électricité qui profite à 500 familles
Comprendre cette opération « portes ouvertes » comme une stratégie destinée à reconstruire l'image des compagnies ne semble donc pas irraisonnable. C'est du moins ce qui ressort des nombreuses explications techniques fournies au cours des diverses étapes. À La Quarantaine tout d'abord, où Sukleen affirme avoir fait rajouter six lignes de triage pour faire face aux 1 300 tonnes quotidiennes de déchets supplémentaires depuis 1998, ramenant le total de détritus traités à 3 000 tonnes par jour. Chacune de ces tonnes est ensuite dépouillée de ses matériaux recyclables tels que le verre, le bois ou le plastique, la compagnie devant atteindre par contrat 9 % de recyclage de la quantité totale traitée. Des améliorations ont également été apportées, selon les compagnies, au centre de compostage de Bourj Hammoud à l'aide d'un équipement de compostage plus moderne augmentant l'efficacité de la production. Toutefois, il reste vrai que seules 300 tonnes de déchets organiques sont traitées à ce niveau.
C'est cependant le processus d'enfouissement définitif des déchets à Naamé qui a nécessité le plus d'explications de la part de Sukleen et Sukomi, et en particulier la production d'électricité à partir du gaz méthane qui s'en dégage. « Le méthane est une source renouvelable d'énergie, selon un responsable sur place, car il se transforme en électricité, distribuée ensuite par la compagnie aux trois villages entourant le site, Abey, Aïn Drafil et Baawerta. »
Il ajoute : « Cette opération profite à quelque 500 familles, et elle est appelée à se développer dans les prochaines années grâce à un projet du gouvernement augmentant la production de 0,5 à 7 mégawatts, bénéficiant ainsi à plus de 6 000 foyers. » Sachant que ce qui est présenté comme une initiative des compagnies fait partie des compensations promises par le gouvernement aux municipalités ayant accueilli la décharge contrôlée sur leur territoire.


La fin de l'« épisode Naamé » signe-t-elle par le fait même la fin des ambitions de Sukleen et Sukomi dans le traitement des déchets au Liban ? La question se pose, d'autant plus que les compagnies n'ont pas souhaité se porter candidates à la réalisation du projet d'enfouissement maritime de Costa Brava. « Nous ne nous sommes pas présentés à cet appel d'offres parce que nous n'avons ni la technique ni les moyens de prendre en charge une telle construction en mer », affirme M. Kurban à L'OLJ. Aux questions sur la possibilité de coopération pour l'innovation et la recherche de solutions avec la société civile, notamment les ONG environnementales, la réponse de Sukleen est sans détour : « Nous avons nos propres ingénieurs et notre propre département de recherche et développement, une telle collaboration n'est pas à l'ordre du jour. »

 

Pour mémoire

Au Chouf, les municipalités ont trouvé une solution alternative à Sukleen : ChouClean

 

La cinquantaine de journalistes invités est là, sur le pied de guerre, caméras et micros à la main pour suivre les explications relatives au système de traitement des déchets conçu et géré par Sukleen et Sukomi. Les deux compagnies, qui organisaient hier une tournée pour les médias dans leurs centres de traitement, sont en charge de la collecte et du traitement des déchets de Beyrouth...

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