Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Algérie: la justice gèle le rachat du groupe de presse el-Khabar

La justice algérienne, saisie par le gouvernement, a décidé mercredi de geler le rachat du groupe de presse el-Khabar par l'industriel Issad Rebrab, première fortune du pays.
Le milliardaire algérien le plus connu à l'étranger a souvent accusé le gouvernement de faire obstacle à ses projets d'investissement en Algérie et à l'étranger.

Le tribunal administratif de Birmandreis, en attendant une décision sur le fond, a gelé "les effets de l'acte de rachat" d'el-Khabar par Ness-Prod, une filiale du groupe Cévital de M. Rebrab.
"Cela veut dire que la vente ne produit aucun effet juridique", a commenté auprès de l'AFP l'avocat Khaled Bourayou. "C'est une décision conservatoire qui n'implique pas la fermeture" du groupe de presse, a confirmé un de ses avocats, Sadek Chaïb.

La défense qui a plaidé l'incompétence de la juridiction choisie va faire appel devant le Conseil d'Etat.
Mais le tribunal administratif de Birmandreis va rendre une autre décision, cette fois "sur le fond" et la défense a jusqu'au 22 juin pour présenter ses arguments, a expliqué à l'AFP le directeur général du quotidien el-Khabar, Cherif Rezki.

"On va vers l'annulation de la transaction", prédit Me Bourayou. "On ne gagne pas une affaire de cette envergure face à l'Etat" car "nous sommes devant une justice inféodée au pouvoir exécutif", a-t-il dénoncé.
Cherif Rezki a aussi dénoncé une "orientation autoritariste du pouvoir" qui "ne tolère aucune voix discordante".

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a qualifié la décision du tribunal d'"extrêmement inquiétante".
"Il serait malheureux de voir bloquer le choix stratégique d'un média qui a déjà eu à traverser de nombreuses épreuves ces vingt-cinq dernières années pour pouvoir défendre sa ligne éditoriale critique et indépendante", a déclaré dans un communiqué Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF.

"C'est une question de répression des libertés qui n'est pas nouvelle" mais qui "s'est exacerbée depuis l'arrivée du nouveau ministre de la Communication" Hamid Grine après la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat en 2014, renchérit M. Rezki.
Le gouvernement avait saisi la justice pour faire annuler la transaction quelques jours après sa conclusion au mois d'avril.

M. Rebrab, déjà propriétaire du quotidien francophone Liberté, a dépensé environ 40 millions d'euros pour s'offrir le groupe el-Khabar qui a la réputation d'être opposé au président Bouteflika au pouvoir depuis 1999.
Le groupe a perdu depuis un an les annonceurs étatiques et s'est retrouvé dans une situation financière délicate. Il comprend l'un des principaux quotidiens algériens (du même nom, un des plus forts tirages du pays), la chaîne de télévision KBC, une imprimerie et une société de diffusion.

Le gouvernement s'est appuyé sur un article du code de l'information pour engager son action. "Une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou diriger qu'une seule publication périodique d'information générale de même périodicité éditée en Algérie", stipule l'article 25 de ce code.

La justice algérienne, saisie par le gouvernement, a décidé mercredi de geler le rachat du groupe de presse el-Khabar par l'industriel Issad Rebrab, première fortune du pays.Le milliardaire algérien le plus connu à l'étranger a souvent accusé le gouvernement de faire obstacle à ses projets d'investissement en Algérie et à l'étranger.
Le tribunal administratif de Birmandreis, en...