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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La femme est l’avenir de l’homme, l’infirmière est l’avenir du médecin

Le jeudi dernier, jeudi 12 mai, on célébrait la fête de l'Infirmière. Des raisons de calendrier m'ont empêché de publier cet article à la date prévue. Le voilà.
Dans la formule, la femme est l'avenir de l'homme, l'infirmière est l'avenir du médecin, il n'y a aucun sexisme, aucune misogynie ni aucun phallocentrisme qui ferait du métier d'infirmière un métier de femme et du métier de médecin un métier d'homme, l'un, le métier d'infirmière, étant subalterne à l'autre. Il s'agit des soins que le soignant offre et il s'agit surtout de la qualité des soins que le soignant offre au patient.
Nous allons prendre l'exemple de Michaël Balint (1896-1970), médecin et psychanalyste, élève de Ferenczi, l'un des proches disciples de Freud et fondateur des fameux Groupes Balint. Ces Groupes de médecins, sous la supervision d'un psychanalyse, mettaient en évidence l'importance de la relation médecin/malade, relation qui facilitait ou à l'inverse empêchait la guérison. Balint en conclut que « Le médicament le plus prescrit au monde, c'est le médecin lui-même ». Cette conclusion nous permet de mettre en évidence la primauté de la relation médecin/malade, soignant/soigné, sur n'importe quelle technique de soins en tant que telle. Or, la relation médecin/malade a beaucoup perdu de son importance, au profit d'une technique de plus en plus envahissante. Comme le montre Didier Sicard dans ses différents travaux, particulièrement dans un ouvrage lumineux, La médecine sans le corps, publié en 2002 chez Plon, le médecin est devenu dépendant de la technique. Fort de son expérience à la tête du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qu'il a dirigé entre 1999 et 2008, il nous donne des informations telles que nous pouvons en conclure que chez les médecins, le Scientisme a remplacé la Science.
Le Scientisme est une position idéologique qui soutient que la connaissance scientifique peut, à elle seule, résoudre tous les problèmes. Désormais, le médecin croit dans les techniques modernes comme on croirait une religion. Comme le dit Didier Sicard : « Les échographies, les scanners, les endoscopies, les scintigraphies ont confisqué la relation soignant/soigné à leur profit ». Voilà où intervient la fonction de l'infirmière. Le corps des patients, elle en sait quelque chose. Par le temps qu'elle passe auprès d'eux, par les soins qu'elle procure à leurs corps, par la disponibilité et l'écoute qu'elle leur offre, elle constitue la moitié, au moins du traitement. Quelques exemples vont illustrer cela.
Une jeune fille entre dans notre service pour une cure de désintoxication. Elle suscite tout de suite une grande sympathie chez le personnel. Comme auparavant elle avait fait plusieurs cures, son sevrage s'annonce très difficile. Douleurs insupportables, agitation, angoisse, confusion ont poussé une infirmière et une aide-soignante à rester près d'elle. Elles la découvraient quand elle avait chaud, la couvraient quand elle avait froid, la serraient fort dans leurs bras dans les moments d'angoisse, etc. Habituellement, il faut entre 36 et 48 heures pour sevrer complètement un addicté, là la jeune patiente fut sevrée en 16 heures. C'était du jamais-vu. La mère qui assista aux soins donnés à sa fille s'adressa aux deux infirmières et leur dit : « Vous êtes le médicament. »
En effet, les deux soignantes, non seulement n'oublièrent pas le corps de la patiente, mais elles le mirent en valeur comme lieu d'expression de la douleur et de la souffrance psychique de la patiente. Cet exemple montre qu'avec les mêmes prescriptions médicales, deux patients évolueront différemment, pour peu qu'on prenne en considération leur corps.
Un patient schizophrène est hospitalisé après avoir passé 8 mois au lit, chez lui, sans parler, sans bouger, sans se laver, nourri par sa mère comme un nourrisson. Après 3 semaines à l'étage, il commence à bouger, à parler, à se lever. L'équipe soignante était ainsi récompensée de ses efforts. Au moment du déjeuner, alors que sa mère lui avait emmené un repas et qu'il s'apprêtait à le manger, le repas de l'hôpital arriva en même temps. Au grand étonnement de tout le monde, il écarta le repas de sa mère et prit celui de l'hôpital.
Il est évident pour tout un chacun que les repas de l'hôpital valent peu devant ceux de la famille. Sauf qu'ici, par ce geste, le patient signifiait à la mère qu'il préférait le repas que lui donnait l'équipe soignante, parce que l'équipe soignante était une meilleure mère qu'elle.
Cet exemple clinique montre bien l'effet bénéfique de l'équipe soignante, de manière indirecte, en passant par le repas. Ainsi, grâce à leur présence auprès des patients et aux soins donnés au corps, nous constatons l'effet bénéfique des infirmières sur les patients.
Voilà pourquoi l'infirmière est l'avenir du médecin. Elle lui rappelle le corps du malade, corps dont il ne veut plus rien savoir.

Chawki AZOURI

Le jeudi dernier, jeudi 12 mai, on célébrait la fête de l'Infirmière. Des raisons de calendrier m'ont empêché de publier cet article à la date prévue. Le voilà.Dans la formule, la femme est l'avenir de l'homme, l'infirmière est l'avenir du médecin, il n'y a aucun sexisme, aucune misogynie ni aucun phallocentrisme qui ferait du métier d'infirmière un métier de femme et du...

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