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Liban - Conseil des ministres

Un « montage politique » résorbe l’affaire de la Sécurité de l’État

Le Conseil des ministres, réuni hier au Grand sérail. Photo Ani

Le Conseil des ministres qui s'est tenu hier en fin d'après-midi au Grand Sérail laisse croire à une résorption de la polémique autour de la Sécurité de l'État. Une impression qui doit être vérifiée dans les prochains jours. Il a été décidé en effet de confier au Premier ministre Tammam Salam, dont relève la Sécurité de l'État, la tâche de mener les contacts nécessaires pour la relance de ce service. C'est un délai de quinze jours qui aurait été fixé pour l'aboutissement des contacts, apprend-on de sources ministérielles.
Toutes les parties présentes à la réunion auraient fini par convenir de la nécessité de mettre un terme à l'asphyxie financière que subit la Sécurité de l'État depuis huit mois. Cette entente aurait fait suite à un long débat de plus de trois heures (soit la quasi-totalité de la réunion hier). Rappelons qu'il avait été convenu d'examiner prioritairement cette clause de l'ordre du jour. « D'abord tendus, les échanges à fleurets mouchetés ont fini par se décrisper », précise une source ministérielle à L'Orient-Le Jour. Ce qui aurait contribué à délier la polémique est « l'approfondissement, pour la première fois, des détails de cette affaire ».

Le ministre des Finances aurait été prié d'expliquer le fondement légal du blocage, au niveau de son ministère, de la procédure d'approbation des fonds budgétaires réclamés par la direction de la Sécurité de l'État. Ce blocage est justifié par un avis de la Cour des comptes, en date de novembre dernier, exigeant le contreseing du vice-directeur de la Sécurité de l'État sur chaque demande de déblocage de fonds émanant du directeur de la Sécurité de l'État. Cette exigence rompt avec la pratique instaurée depuis la création de la Sécurité de l'État en 1985, dans l'esprit de la loi : le contreseing du vice-directeur de la Sécurité de l'État n'est exigé que sur les documents relatifs à l'enrôlement, l'avancement et les autorisations de voyage des officiers. Pour les documents de nature financière ou budgétaire, la signature du directeur, en sa qualité de responsable administratif du service, suffit. L'avis du vice-directeur serait un avis facultatif et non contraignant, signalé par un paraphe sur le document en question. Ceux qui contestent cette répartition des prérogatives entre le directeur et son second assimilent le paraphe ou l'avis à un contreseing formel.


(Pour mémoire : Pharaon à « L'OLJ » : La question de l'abolition de la Sécurité de l'État ne se pose pas)


Mais ce débat couve des tiraillements qui durent depuis près d'un an entre le directeur de la Sécurité de l'État, le général de division Georges Karaa, et son second, le général d'armée, Mohammad Toufaily, qui ne cache pas sa proximité du mouvement Amal. Ces deux responsables, respectivement grec-catholique et chiite, composent le conseil de commandement de la Sécurité de l'État. Il avait été question d'élargir ce conseil en 2014, de manière à y représenter quatre autres communautés, à la demande de Michel Sleiman alors chef de l'État. Le projet avait été validé par le Conseil d'État. L'idée d'un élargissement du conseil de commandement a refait surface par le biais de la polémique autour de la Sécurité de l'État, de même que l'idée radicale de l'abolition de cet appareil. Stigmatisé par les ministres chrétiens, le processus d'asphyxie de ce département a fini par prendre une tournure confessionnelle. Certains y ont vu par ailleurs le prolongement du projet d'instaurer la répartition par tiers, en réduisant de quatre à trois le nombre des appareils sécuritaires.

Ce débat s'était amplifié alors que se confirmait la passivité du Premier ministre sur cette affaire, voire son alignement sur la position du ministre des Finances. Près de 200 demandes d'obtention de données téléphoniques adressées par la direction au Premier ministre seraient bloquées depuis plusieurs mois au Grand Sérail.
Selon une source ministérielle, ce sont surtout les détails liés à la position du ministre des Finances, et non du Premier ministre, qui ont été évoqués hier, en partie « grâce à l'insistance du ministre Gebran Bassil ». Soutenu par le ministre Michel Pharaon et les ministres Kataëb, M. Bassil aurait adressé à Ali Hassan Khalil « une série de questions précises sur les modalités de déblocage de fonds ». « En coinçant le ministre des Finances sur sa position, les ministres chrétiens ont réussi à mettre le Premier ministre sur le bon pied », estime la source. « Il a été convenu que l'avis ne vaut pas signature et toutes les solutions alternatives avancées pour régler l'affaire de la Sécurité de l'État ne tiennent plus », affirme un ministre à L'OLJ.


(Pour mémoire : Département de la Sécurité de l'État : les ministres chrétiens déterminés à aller jusqu'au bout)

Selon le compte-rendu du Conseil des ministres dont a donné lecture le ministre de l'Information Ramzi Jreige, « après un débat exhaustif et positif autour de la Sécurité de l'État, il a été décidé que le Premier ministre assurera le suivi nécessaire pour régler l'affaire en vertu des procédures légales, de manière à ce que soit garantie la relance souhaitée de cet appareil ». Selon une source présente à la réunion, il aurait été possible de faire hier une annonce définitive de la relance de la Sécurité de l'État : confier au Premier ministre la mission de mener les contacts nécessaires serait « un montage politique, l'image d'une volonté commune de régler l'affaire ». Ce serait une manière d'assainir les positions virulentes engendrées par une polémique qui semble désormais révolue.

Une nouvelle polémique pointe toutefois autour de la police judiciaire, dont le directeur ferait l'objet de mesures restrictives de la part du ministre Nouhad Machnouk, mises en exergue hier dans les médias par le député Walid Joumblatt. Des sources ministérielles concordantes affirment que ce problème n'a pas été évoqué hier en Conseil des ministres et il ne risque pas d'entraver la relance de la Sécurité de l'État. Il aurait pourtant déteint hier sur la réunion : en marge du débat sur cette question, le ministre Waël Bou Faour aurait fait allusion, « sans le nommer », dira-t-il ensuite, à « la corruption du ministre Nouhad Machnouk (absent de la réunion), qui dépense les sommes allouées aux services de sécurité relevant de lui (les Forces de sécurité intérieure notamment) pour des hôtels cinq étoiles et des journalistes ». Ces propos ont été minimisés par les ministres interrogés par L'OLJ, les qualifiant de « liminaires ».

La question du réseau d'Internet illégal n'a pas été évoquée hier, « faute de temps », rapporte un ministre. Il a en revanche été décidé de former une délégation conjointe des ministères de l'Information et des Télécoms qui doit se réunir avec l'opérateur satellitaire égyptien NileSat, afin de négocier la possibilité qu'il émette à nouveau à partir du Liban. Il a également été convenu de proroger de trois mois l'exercice par intérim du mohafez du Mont-Liban, Fouad Fleyfel.

 

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MADAME LA -MARQUISE- AVEC VOS BETES MEPRISES ET VOS CONCESSIONS SUIVIES ET PRECISES... VOUS CHANGEZ PETIT A PETIT LES ASSISES ET VOUS LEGALISEZ LA PRISE ET L,EMPRISE DE LA -MAINMISE-

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 14, le 19 avril 2016

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Commentaires (2)

  • MADAME LA -MARQUISE- AVEC VOS BETES MEPRISES ET VOS CONCESSIONS SUIVIES ET PRECISES... VOUS CHANGEZ PETIT A PETIT LES ASSISES ET VOUS LEGALISEZ LA PRISE ET L,EMPRISE DE LA -MAINMISE-

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 14, le 19 avril 2016

  • "Cosa Nostra, Ndrangheta et Camorra".... en pourparlers ! En sus, la Stidda et la Sacra Corona Unita en tant "qu'invitées" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 46, le 19 avril 2016

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