Le président du comité législatif du Hezbollah et délégué de Ali Khamenei au Liban, le cheikh Mohammad Yazbeck, a multiplié en fin de semaine dernière ses mises en garde contre ce qu'il a qualifié de résurgence du « maronitisme politique ».
Alors qu'il parrainait dimanche une réconciliation entre les familles Dandache et Behlock dans le village d'al-Aïn dans la Békaa, il est revenu à la charge. « Lorsque je disais dans le passé que nous ne voulions pas retourner à l'époque du maronitisme politique, tous m'attaquaient pour en avoir parlé. Mais je le dis et le redis : oui, nous ne voulons pas retourner au maronitisme politique, ni aux entités qui provoquent des divisions et qui affaiblissent la nation », a-t-il asséné. Il a, dans ce contexte, stigmatisé la fameuse expression attribuée au fondateur des Kataëb, Pierre Gemayel, celle de « la force du Liban résidant dans sa faiblesse ».
« Lorsque j'avais affirmé que c'est dans le triptyque armée-peuple-résistance que réside la force du Liban, et non dans sa faiblesse, mes propos avaient fait de nombreux mécontents parmi ceux qui ourdissent des projets contre l'État et contre notre unité », a-t-il poursuivi. Il n'a pas manqué d'assurer à cet égard que « nous continuerons de faire contrepoids aux complots, afin que le Liban demeure pour tous les Libanais ».
Samedi, le cheikh Yazbeck avait tenu un discours similaire lors d'une cérémonie organisée par le Hezbollah dans le village de Ali Nahri. « Nous ne pouvons ramener le pays vers l'époque où prévalait le maronitisme politique, ni nous n'acceptons que soit accolée à ce maronitisme une désignation actualisée. Nous refusons également le retour de la vieille rengaine qui veut que la force du Liban soit dans sa faiblesse. La force du Liban réside dans sa résistance, son armée et son peuple. »
(Pour mémoire : Le nouveau document politique du CPL s'articule autour du thème de la force)
Le fait que le Hezbollah dénonce le maronitisme politique a été interprété par certains, au regard de son timing, comme visant l'entente de Meerab. Plus précisément, le Hezbollah chercherait à faire comprendre aux Forces libanaises et au Courant patriotique libre que leur entente ne suffira pas à faire élire un président. Contredisant l'appui déclaré du parti chiite à la candidature de Michel Aoun, ce message serait un nouvel indicateur de la volonté du Hezbollah de maintenir le boycottage de la séance électorale. Il révélerait surtout sa difficulté grandissante à assumer ce boycottage. Des sources concordantes indiquent en effet que si le tandem CPL-FL venait à exécuter le projet de descendre dans la rue pour réclamer « un réajustement du partenariat national », notamment sur la présidentielle, le Hezbollah en serait « réellement gêné ». Des sources proches du parti citées par la MTV confirment que le Hezbollah « n'appuie pas le recours à la rue auquel a appelé le bloc du Changement et de la Réforme ». « Le parti a d'ailleurs renvoyé des signes dans ce sens aux personnes concernées », ajoutent ces sources. Des milieux chiites indépendants précisent néanmoins à L'Orient-Le Jour que cette « gêne » du Hezbollah de voir son allié descendre dans la rue « n'est pas à liée à l'entente de Meerab, dont le Hezbollah n'est pas mécontent ». Ces milieux font état d'un « embarras » plus global du parti de devoir subir des pressions de toutes parts pour débloquer la présidentielle. Dans ce sens, c'est le compromis autour de la candidature du député Sleiman Frangié, « parrainé par la troïka Hariri-Berry-Joumblatt », qui serait la source principale de ces pressions. Et la référence du cheikh Yazbeck au « maronitisme politique » serait un renvoi à « l'alliance maronite-sunnite » qui avait dicté la gouvernance du pays de 1943 jusqu'en 1975.
Le crime de Btedii
Notons par ailleurs que le cheikh Yazbeck s'est rendu samedi à Btedii, au domicile de Sobhi et Nadima Fakhri, assassinés en novembre 2014 par un groupe de criminels en cavale de la tribu Jaafar de Dar el-Wassi'a, recherchés jusqu'à l'heure actuelle par la justice. Entre-temps, le dossier a été transféré à la Cour de justice par une décision prise à l'unanimité en Conseil des ministres, comme l'a rappelé Patrick Fakhri, fils des deux victimes – proches du Parti syrien national social – qui recevait hier Mohammad Yazbeck, « un ami de la famille ».
Ce dernier a affirmé qu'il s'était réuni deux jours avant sa visite avec les tribus de la région. Se disant « satisfait que l'affaire soit en de bonnes mains », le cheikh Yazbeck s'est nommément adressé au patriarche maronite Mgr Béchara Raï, le priant de « continuer de prêter attention à cette affaire ».
Le Hezbollah avait prévu de parrainer, avec l'évêque maronite de Baalbeck, une solution tribale en vertu de laquelle la famille Jaafar renoncerait à abriter les fugitifs, selon nos informations obtenues quelques jours après le crime.
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commentaires (7)
Quand un grand frère parle on l'écoute. Et on apprend. Pourquoi s'en faire le heezb résistant est sur le.point de disparaître bientôt. Non ? loooooollllll. ..
FRIK-A-FRAK
21 h 07, le 29 mars 2016