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Moyen Orient et Monde - Attentats de Bruxelles

« J’ai immédiatement pensé que comme à Paris, on allait nous mitrailler en plein aéroport »

Entre colère et résistance, les Bruxellois veulent de nouvelles réponses face au terrorisme.

Des centaines de passagers quittant l’aéroport de Bruxelles dans un mouvement de panique suite aux deux attaques qui ont causé la mort d'une quinzaine de personnes, hier. John Thys/AFP

« Allô, ça va ? » « Ça va, et toi ? » Une oreille pendue au téléphone, l'autre aux bulletins d'informations en continu égrénant le décompte des victimes des attentats terroristes perpétrés par l'organisation État islamique à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et dans la station de métro de Maelbeek... C'est ainsi que la majorité des Bruxellois ont passé la journée d'hier, jusqu'à saturer le réseau téléphonique.

 

Pour Nioucha et sa famille qui se trouvaient dans l'aéroport de Zaventem au moment de la double déflagration qui a fait au moins 14 morts, l'onde de choc ne s'estompe pas. « Nous étions attablés juste au-dessus du hall d'entrée quand la première explosion a eu lieu. J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'un gros pétard, j'étais très loin d'imaginer ce que j'ai vu en tournant la tête pour voir d'où venait le bruit, se rappelle Nioucha. J'ai aperçu un énorme nuage de fumée qui s'échappait du hall d'entrée, puis j'ai entendu une deuxième explosion beaucoup plus forte et plus proche de nous. Des gens paniqués couraient dans tous les sens. » Ce qui se passe lui rappelle automatiquement les tristes événements du 13 novembre dernier à Paris : « J'ai directement pensé que ce n'était pas fini, que ça allait être comme à Paris, que des gens allaient nous tirer dessus avec des mitraillettes. » Il continue : « J'ai pris ma mère dans mes bras, mon père, mon cousin et moi sommes descendus pour quitter les lieux et là c'était le carnage, j'ai vu des cadavres au sol, du sang partout, des débris, des blessés, tout le monde paniquait et hurlait, même la police et les militaires avaient peur. Personne ne comprenait ce qui venait de se passer. » Après un moment de silence, Nioucha ajoute : « Je ne cesse de penser à ces deux personnes qui travaillaient pour Brussels Airlines, qui nous ont gentiment dirigés pour la mise en soute de nos bagages. Je sais qu'elles sont mortes, parce qu'elles étaient là où l'explosion a eu lieu. »
Le jeune homme explique être sous le choc, il envisage de consulter un psychologue dans les jours qui viennent pour comprendre et vivre avec les scènes dont aujourd'hui le monde entier parle.

 

(Témoignages de Libanais à Bruxelles : "Je suis arrivé à l'aéroport à 7h50, l'explosion a eu lieu 10 minutes plus tard")

 

Quand la colère parle
Pour Jessy, sans nouvelles de sa sœur qui se trouvait dans la station de métro Maelbeek au moment des explosions qui ont fait une vingtaine de morts, c'est la colère qui parle. « Le Premier ministre nous demande de rester calme, mais comment rester calme ? Nous sommes au niveau d'alerte 3 depuis 4 mois, ça n'a servi à rien ! » Il poursuit : « S'il est arrivé quelque chose à ma sœur je vais mener ma propre guerre, je vais aller trouver le frère de Salah Abdeslam (cet homme, principal suspect dans l'affaire des attentats de Paris le 13 novembre, a été arrêté vendredi dernier en Belgique, NDLR) et le tuer parce que justice doit être faite. Nous savons tous que ce sont des représailles suite à son arrestation. Cet homme est responsable des 130 morts à Paris et de ce qui s'est passé aujourd'hui, il mérite la peine de mort et nous devons fermer les frontières. Voilà la solution », martèle Jessy.
Parallèlement à la colère des uns, Bruxelles a également été le théâtre d'une vague de solidarité générale qui a donné lieu à un rassemblement improvisé place de la Bourse, rappelant celui de la place de la République, à Paris, il y a 4 mois.

 

(Décryptage : Quelles réponses possibles après les attentats de Bruxelles ?)


Malgré les événements et les sirènes qui résonnent, il régnait hier un calme étrange dans la capitale belge. Les rues étaient normalement fréquentées, certaines terrasses du centre-ville affichant complet malgré la fermeture d'un grand nombre de magasins et l'arrêt des transports publics. « Depuis les attentats de Paris, on attend notre tour », explique Quentin, un étudiant bruxellois entouré de ses amis en terrasse autour d'une bière, avant d'ajouter : « Ce qui devait arriver est arrivé, notre solution à nous, citoyens, c'est de se battre et de continuer de vivre, donc c'est ce que nous faisons. »


« Les mêmes amis parisiens pour lesquels je m'inquiétais le 13 novembre m'ont appelé aujourd'hui », explique Anouchka Walewyk, scénariste franco-belge vivant à cheval entre Paris et Bruxelles, et s'intéressant particulièrement aux phénomènes qui frappent de plein fouet ces sociétés. « On s'y attendait et cela rend les événements d'aujourd'hui d'autant plus accablants. On savait et on n'a rien pu faire. Ce 22 mars 2016 met en lumière une impuissance totale des États contre une poignée d'hommes. Si nous ne voulons pas que cela devienne une quasi-normalité, il faut que les choses changent de manière fondamentale. » Pour cette jeune scénariste, c'est clair : « La sécurité poussée à son extrême et la privation des libertés est tout sauf une solution. Si l'aéroport de Zaventem avait été sécurisé aujourd'hui, c'est une gare, un cinéma, un restaurant ou n'importe quel autre lieu public qui aurait été visé. C'est impossible à maîtriser d'un point de vue sécuritaire. Nos États et gouvernements doivent apporter de nouvelles propositions et solutions géopolitiques et non plus simplement de sécurité intérieure ou de déchéance de nationalité quelconque. Le problème n'est plus là. Ce jour et ceux qui vont suivre sont des jours de deuil et de traumatisme. Il faut d'abord penser à nos victimes. Mais notre attitude, autant celle des citoyens que des gouvernements, doit changer de façon radicale si on ne veut pas reproduire les schémas des derniers mois. »

 

 

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Correction sur le nombre de victimes, 34 morts, 230 blessés, je vis à Bruxelles

Coeckelenbergh Cartenian

10 h 24, le 23 mars 2016

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Commentaires (1)

  • Correction sur le nombre de victimes, 34 morts, 230 blessés, je vis à Bruxelles

    Coeckelenbergh Cartenian

    10 h 24, le 23 mars 2016

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