Russie: un militant des droits de l'Homme agressé en Tchétchénie

Un militant des droits de l'Homme russe a été agressé par des hommes masqués lors d'un déplacement professionnel en Tchétchénie, république du Caucase russe en proie à l'instabilité, a annoncé le Conseil consultatif pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin.

Igor Kaliapine, président de l'ONG Comité contre la torture et membre du Conseil, "a été agressé à Grozny" mercredi soir, selon un communiqué. "De jeunes hommes (...) portant des masques noirs ont jeté sur Kaliapine des oeufs, des gâteaux, de la farine et du vert brillant", sans toutefois lui infliger de "graves lésions", a précisé un juriste de l'ONG, Dmitri Outoukine, cité dans le communiqué.

Pour sa part, Igor Kaliapine a raconté sur Facebook avoir été forcé à quitter son hôtel à Grozny peu avant cette agression, après qu'un homme "qui s'est présenté comme directeur général de l'hôtel" l'eut accusé de critiquer trop le président tchétchène Ramzan Kadyrov et la police tchétchène. Le déplacement de M. Kaliapine à Grozny était lié à une récente agression de journalistes européens qui avaient participé à un voyage en Tchétchénie organisé par le Comité contre la torture afin de rencontrer des victimes de violations des droits de l'Homme, selon M. Outoukine.

Un groupe de journalistes russes, la correspondante d'une radio suédoise et un confrère norvégien, accompagnés par des militants des droits de l'Homme a été battu et leur minibus incendié par des hommes masqués le 9 mars sur la route de Grozny, à 500 mètres du poste frontière permettant le passage de l'Ingouchie à la Tchétchénie. Quelques heures après cette attaque, les locaux du Comité russe contre la torture à Karaboulak, en Ingouchie, avaient été occupés par des hommes cagoulés et armés.

Le Conseil consultatif pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin s'est déclaré "extrêmement indigné et préoccupé par la poursuite de ces attaques de brigands contre les militants du Comité contre la torture, actifs en Tchétchénie".

Plusieurs personnes ayant critiqué la manière dont Ramzan Kadyrov tient d'une main de fer la petite république ont été tuées au cours des dix dernières années, notamment la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, assassinée en octobre 2006 à Moscou, et Natalia Estemirova, la représentante de l'ONG Mémorial à Grozny, tuée en 2009.
Plus tôt cette année, Ramzan Kadyrov avait traité d'"ennemis du peuple" les médias libéraux en Russie.