France : Valls s'insurge contre le refus de Parisiens d'accueillir des sans-abri dans leur quartier huppé

Le Premier ministre français Manuel Valls s'est insurgé mardi contre le refus de Parisiens d'accueillir dans leur quartier chic un centre d'accueil de sans-abri et de migrants, au lendemain d'une réunion d'information sur le sujet qui a viré à la foire d'empoigne.

M. Valls a exprimé mardi la "détermination" de l'Etat à soutenir ce projet de centre d'accueil devant accueillir à partir de juin et pour trois ans 200 personnes, individus isolés ou familles en grande difficulté, dans un des beaux quartiers de Paris, en lisière du bois de Boulogne.

Dans la capitale française, "plus de 30.000 personnes sont mises à l'abri chaque jour. Soixante-dix-huit centres d'hébergement les accueillent et aucun n'existe dans le 16e arrondissement", a souligné le Premier ministre.
"Son ouverture en juin est un élément indispensable pour partager l'effort afin de ne pas concentrer l'accueil des populations en difficulté uniquement dans les quartiers les plus populaires", a-t-il insisté devant l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement.

Ce projet de centre, porté par le gouvernement et la Mairie de Paris, tous deux dirigés par des socialistes, suscite depuis des mois l'opposition de riverains et du député-maire de l'arrondissement concerné, membre du parti de droite (opposition) de Nicolas Sarkozy, Claude Goasguen. Plus de 40.000 habitants ont signé une pétition pour s'opposer au projet.

Lundi soir, une réunion d'information a tourné court après avoir été émaillée d'incidents, les opposants ayant insulté et hué les orateurs.
Le Premier ministre s'est dit "profondément choqué". "Rien ne peut justifier les insultes et les menaces dont la représentante de l'Etat a fait l'objet" au cours de cette réunion, a lancé M. Valls.
"Nous sommes conscients qu'il y a des égoïsmes, qu'il y a de la démagogie. Mais il n'est pas juste que certains souhaitent se dérober à l'effort en matière de solidarité et de lutte contre la pauvreté. Chacun doit assumer ses responsabilités", a ajouté M. Valls.

Le député maire du quartier a de son côté affirmé que les incidents témoignaient des "résultats d'une politique qui substitue le diktat à la concertation nécessaire à la prise d'une décision", dénonçant une "politique du fait accompli" et mettant en garde contre "les manifestations répétitives qui ne feront que (faire) monter les tensions".