L'Arabie saoudite s'est référée hier à la résolution des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) classant le Hezbollah parmi les organisations terroristes pour faire accentuer la pression sur les Libanais installés sur son sol, en expliquant les retombées de cette résolution sur le plan pratique.
Selon une source du ministère saoudien de l'Intérieur, citée par l'agence saoudienne ASP, « tout citoyen saoudien ou résident installé dans le royaume qui soutiendrait ou montrerait une allégeance quelconque à ce qu'on appelle le Hezbollah, ou encore qui ferait sa propagande, lèverait des fonds en sa faveur, communiquerait avec ses membres ou les accueillerait fera l'objet de sanctions sévères prévues par les règles et les instructions données, notamment celles qui sont liées aux crimes que sont le terrorisme et son financement ». Le ministère précise que « tout résident qui sera jugé coupable de l'un de ces actes sera immédiatement expulsé » du territoire saoudien. Il rappelle dans le menu détail les décisions prises à ce même sujet par les autorités saoudiennes, après l'adoption, par les pays du CCG, de la résolution considérant le Hezbollah comme étant un groupe terroriste.
Très peu sensible aux menaces saoudiennes, le parti chiite s'est de nouveau déchaîné contre le royaume wahhabite. Comme chaque week-end depuis quelque temps, les responsables politiques du Hezbollah s'en sont violemment pris à Riyad et à sa politique dans la région. Le vice-président du conseil exécutif de la formation, Nabil Kaouk, a ainsi estimé hier que le régime saoudien « constitue désormais un danger, non seulement pour une zone, un parti ou une communauté, mais pour l'ensemble des peuples de la région ». « La pensée wahhabite représente à son tour un danger pour l'humanité, ce que l'Occident a commencé à réaliser après avoir découvert que les kamikazes à Londres, à Madrid ou à Paris partagent la même idéologie wahhabite », a-t-il dit dans une allocution qu'il a prononcée lors d'un meeting funéraire à Srifa, au Liban-Sud.
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« Déclaration de guerre » de Riyad
Dénonçant des « décisions agressives saoudiennes contre le Liban », il a affirmé « pouvoir proclamer l'Arabie saoudite entité terroriste qui agresse le Liban, son armée, son peuple et sa résistance ». Le royaume « porte atteinte à l'armée, lorsqu'il la sanctionne, qu'il met en doute son patriotisme et qu'il la pousse à affronter la Résistance. Il agresse les Libanais lorsqu'il porte un coup à leur dignité et la Résistance lorsqu'il essaie de comploter contre elle, politiquement, médiatiquement et économiquement », a poursuivi Nabil Kaouk, qui a accusé Riyad d'avoir « toujours combattu » son parti et de vouloir « semer la discorde communautaire au Liban ». Selon lui, les sanctions saoudiennes contre le Liban « portent préjudice surtout au 14 Mars qu'elles embarrassent ».
Le numéro 2 du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a quant à lui vu dans les résolutions saoudiennes « une déclaration de guerre » contre son parti. Dans le discours qu'il a prononcé dans le cadre de la cérémonie marquant le lancement de la machine électorale du parti dans la Békaa, en prévision des municipales, il a considéré que « le problème de Riyad avec le Hezb s'articule autour de trois points : la victoire du Hezbollah contre Israël dans la mesure où celle-ci a affecté le projet du royaume dans la région, son attachement à l'unité islamique et nationale au moment où l'Arabie saoudite essaie de généraliser la discorde, ainsi qu'à l'indépendance des peuples, ce qui motive son appui aux mouvements populaires au Yémen, en Syrie, en Irak et à Bahreïn, dans lesquels Riyad voit cependant un danger menaçant sa dictature ».
Les cheikhs Kassem et Kaouk, ainsi que le chef du bloc parlementaire de la Résistance, Mohammad Raad, ont tous trois accusé le royaume wahhabite d'avoir « soutenu » la guerre israélienne de 2006 contre le Liban et d'avoir « œuvré pour qu'elle se prolonge ». M. Raad a en outre accusé Riyad de renforcer les jihadistes partout pour pouvoir, « à travers eux, consolider son emprise sur la région », avant de promettre de poursuivre la lutte jusqu'à « en finir avec les Israéliens et les jihadistes, ainsi qu'avec ceux qui les soutiennent ».
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commentaires (7)
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LA LIBRE EXPRESSION
14 h 17, le 14 mars 2016