Réfugiés: le Danemark critique Merkel pour sa gestion de la crise

Le chef de la diplomatie danoise Kristian Jensen, en visite à Washington, s'en est pris mercredi à la chancelière allemande Angela Merkel pour sa gestion ces derniers mois de la crise des réfugiés en Europe.

M. Jensen s'est livré à une critique en règle, tant de la politique d'accueil par Berlin de plus d'un million de réfugiés et de migrants, que du rôle central de Mme Merkel dans l'accord de principe conclu en début de semaine entre l'Union européenne et la Turquie.

"Merkel a été surprise par le nombre de réfugiés arrivant en Allemagne (...) Je pense qu'au départ elle n'a pas vu l'ampleur du problème", a jugé M. Jensen devant un centre d'études de Washington. Le ministre danois a ironisé sur le fait que la chancelière allemande "était accusée d'avoir envoyé des invitations aux réfugiés à travers le monde: +Venez en Allemagne, vous êtes les bienvenus, nous avons un logement et un travail+", avant que Mme Merkel ne change son fusil d'épaule et tente de "régler, avec retard, le problème", selon M. Jensen.

Lors d'un sommet UE-Turquie lundi à Bruxelles, les dirigeants européens, sous la forte impulsion de Mme Merkel, ont trouvé une ébauche d'accord avec Ankara pour juguler les arrivées de réfugiés et de migrants. Ce compromis a été vivement critiqué mercredi par des eurodéputés et ne fait pas forcément l'unanimité au sein des 28 Etats membres.

"Après en avoir fait trop peu et trop tard, elle prend maintenant ses responsabilités, et je pense qu'elle fait un énorme et bon travail", a concédé M. Jensen. Mais, Mme Merkel "doit peut-être se rappeler qu'il faut tenir au courant et écouter parce qu'aussi forte et large qu'elle soit, l'Allemagne ne peut pas décider pour les 27 autres" Etats européens, a-t-il dénoncé. Mme Merkel "prend vraiment ses responsabilités, mais peut-être même un peu trop", a encore taclé le ministre danois.

Copenhague maintient depuis janvier des contrôles aléatoires à ses frontières avec l'Allemagne et avec la Suède, compte tenu de l'afflux continu de migrants aux frontières extérieures de l'UE.

M. Jensen a également été reçu par son homologue américain John Kerry, lequel a réaffirmé que les Etats-Unis "avaient bien conscience de la profondeur de la crise concernant le flux de migrants" en Europe. L'administration américaine est critiquée par des élus, d'anciens responsables officiels et des chercheurs pour ne pas en faire assez afin d'aider ses alliés européens.