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Liban - Billet

Cher professeur, excusez-moi !

« Adieu Monsieur le Professeur », une aquarelle de Micheline Hamel.

« L'homme honorable commence par appliquer ce qu'il veut enseigner ; ensuite il enseigne. » Confucius
Cher professeur, je vous écris cette lettre pour vous prier de m'excuser. Vous savez, je suis dyslexique et je ne sais pas très bien écrire, je le déplore. Merci de votre patience, cher monsieur, merci surtout pour le point supplémentaire que je ne méritais pas, mais qui m'a redonné espoir : c'est grace à ce bonus que j'ai pu passer dans la classe supérieure. Cher professeur, excusez-moi pour le chaos causé en classe et qui vous a valu une réprimande en public du proviseur qui n'a pas réussi à vous convaincre de me sanctionner ; vous saviez que je ne le supporterais pas avec mon père violent à la maison. Cher professeur, merci pour vos silences bien choisis et vos paroles si précieuses que je banalisais et ridiculisais systématiquement, veuillez m'en excuser. Excusez-moi d'avoir été odieux en me moquant de vos lunettes, de votre pantalon, de votre voiture, de votre cours, de votre tic nerveux et de votre prononciation. Je m'excuse pour toutes les fois où vous êtes rentré à la maison avec de l'encre sur vos habits. Pardonnez-moi de vous avoir humilié en inventant maints mensonges sur votre compte pour échapper à la réprimande. Excusez-moi pour toutes les fois où j'ai prié pour que vous tombiez malade ou qu'un accident vous empêche d'arriver à l'école. Excusez-moi d'avoir demandé à mes parents d'écrire une lettre à l'administration demandant votre licenciement car des enfants vous ont jugé incompétent et vieux en ignorant complètement votre sagesse et vos années d'expérience. Pardonnez-moi d'avoir dévalorisé votre carrière en vous réduisant à un simple débiteur d'informations, en passant outre votre rôle d'éducateur. Très cher professeur, excusez-moi de ne pas avoir voulu vous ménager lorsque vous suiviez une chimiothérapie à cause d'un vilain cancer de la gorge. Et pour la fois où vous aviez mal dormi après avoir veillé votre nouveau-né malade toute la nuit durant et que j'avais profité d'un moment de somnolence pour faire exploser des pétards en classe. Excusez-moi d'avoir rapporté en conseil de classe que vous aviez des préférences parmi les élèves, tandis que vous, vous donniez un peu plus de votre temps à la récré aux plus faibles, aux plus lents, aux moins entreprenants et aux plus vulnérables d'entre nous. Excusez-moi chère madame, cher monsieur, pour avoir oublié que vous êtes des mamans, des papas, des enfants, des frères et des sœurs. Excusez-moi d'avoir voulu aspirer toute votre énergie et votre temps, à l'école comme à la maison, raflant par la même occasion quelques-uns de vos week-ends au nom des deux mois de congé en été. Excusez-moi d'avoir cru que vous n'avez pas besoin de repos et qu'il était très normal pour vous de rentrer à 16h00 pour vous remettre sur vos corrections et vos cours à préparer pour le lendemain. Excusez-moi enfin pour avoir oublié quelques-uns de vos noms et de vos visages, pardonnez-moi, chers professeurs. Bénis soient les bons profs qui ont semé la bonne graine qui est forcément à leur image car, après tout, il leur est impossible de transmettre aux élèves des valeurs qu'ils ne portent pas déjà en eux.

« L'homme honorable commence par appliquer ce qu'il veut enseigner ; ensuite il enseigne. » ConfuciusCher professeur, je vous écris cette lettre pour vous prier de m'excuser. Vous savez, je suis dyslexique et je ne sais pas très bien écrire, je le déplore. Merci de votre patience, cher monsieur, merci surtout pour le point supplémentaire que je ne méritais pas, mais qui m'a redonné espoir : c'est grace à ce bonus que j'ai pu passer dans la classe supérieure. Cher professeur, excusez-moi pour le chaos causé en classe et qui vous a valu une réprimande en public du proviseur qui n'a pas réussi à vous convaincre de me sanctionner ; vous saviez que je ne le supporterais pas avec mon père violent à la maison. Cher professeur, merci pour vos silences bien choisis et vos paroles si précieuses que je banalisais et...
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