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Handicap International s'alarme des ravages des armes explosives en Syrie

Les armes explosives causent des dégâts immenses en Syrie, tuant et mutilant en masse les populations civiles et jonchant le sol, dont le déminage prendra au moins trente ans, déplore Handicap International.

Dans un document commenté lundi à Paris lors d'une conférence de presse, l'ONG française dresse un bilan de cinq ans de conflit qui "fait froid dans le dos": 250.000 morts, 1 million de blessés, 13,5 millions de personnes dépendant de l'aide humanitaire à l'intérieur de la Syrie et 4,6 millions de réfugiés dans les pays voisins.

"La population syrienne est quotidiennement prise pour cible par les bombardements", souligne-t-elle: "tirs de mortier, de roquettes, de missiles, d'engins explosifs improvisés, +bombes barils+ larguées par hélicoptère, bombes à sous-munitions..."

Les armes explosives "tuent et blessent aveuglément", "provoquent des blessures sévères (brûlures, amputations, fractures complexes...), génèrent des handicaps et des troubles psychologiques durables".

Selon Handicap International, qui a déjà appareillé 6.000 personnes depuis le début de son intervention en Syrie, "des dizaines de milliers de personnes ont besoin de prothèses et de rééducation fonctionnelle".

Ces armes laissent par ailleurs "des résidus appelés +restes explosifs de guerre+, qui risquent d'exploser à tout moment", rendant impossible un retour à la vie normale dans les quartiers touchés.

"La collecte des engins non explosés n'est pas envisageable actuellement pour des raisons de sécurité, mais c'est le moment de se préparer", a expliqué Emmanuel Sauvage, coordinateur régional de Handicap International en déminage et prévention, à l'occasion de la conférence de presse.

"Une mobilisation sans précédent de la communauté internationale sera indispensable pour déminer la Syrie. Il faudra sans doute plus de 30 ans pour parvenir à éliminer les risques", a estimé ce spécialiste.

Parmi les "particularités" du conflit, "les charges associées aux engins explosifs improvisés sont considérablement supérieures à celles utilisées pour les mines antipersonnel", explique-t-il. Les équipements de protection des démineurs "sont inutiles face à des charges si puissantes", il faut donc "adapter les techniques de déminage".

Emmanuel Sauvage a aussi évoqué l'existence d'un "mille-feuilles explosif" dans les zones urbaines touchées. Lors d'une étude menée en avril 2015 à Kobané, Handicap International a observé "une présence moyenne de 10 munitions par mètre carré dans le centre" de cette ville dévastée du nord de la Syrie.

A défaut de déminage, l'ONG organise depuis deux ans des sessions de sensibilisation en Syrie à travers ses ONG partenaires. "Plus de 250.000 personnes ont été sensibilisées aux risques liés aux engins non explosés. Les enfants sont particulièrement vulnérables, ils sont curieux et inconscients du danger. Et ce sont ces nouvelles générations qui vivront dans les zones minées", a indiqué Emmanuel Sauvage.

L'ONG souligne toutefois un préalable "impératif" aux opérations de déminage: "l'arrêt des hostilités". Une perspective encore lointaine malgré le cessez-le-feu entré en vigueur il y a 10 jours. "C'est une lueur d'espoir très fragile", a jugé Anne Héry, directrice du plaidoyer à Handicap International.

"Mais c'est une fenêtre qui nous permet d'envisager une accalmie et de pouvoir enfin accéder aux zones assiégées. Des centaines de milliers de civils sont encore pris au piège sans accès à une aide humanitaire", a-t-elle souligné.

Les armes explosives causent des dégâts immenses en Syrie, tuant et mutilant en masse les populations civiles et jonchant le sol, dont le déminage prendra au moins trente ans, déplore Handicap International.
Dans un document commenté lundi à Paris lors d'une conférence de presse, l'ONG française dresse un bilan de cinq ans de conflit qui "fait froid dans le dos": 250.000 morts, 1 million...