Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - États-Unis / Présidentielle

Trump en chasse sur les terres évangéliques

Jusqu’à récemment, Donald Trump se disait totalement en faveur du droit à l’avortement. Timothy A. Clary/AFP

Habitué des sorties incendiaires et jusqu'à peu pro-avortement, le milliardaire Donald Trump a récemment mis en avant sa foi évangélique, cherchant à courtiser un électorat qui compte dans la course à la Maison-Blanche.
À deux semaines du début des primaires républicaines dans l'Iowa, l'homme d'affaires va tenir un discours aujourd'hui à la Liberty University de Lynchburg, université privée et bastion des chrétiens évangéliques, passage obligé pour les candidats conservateurs, de Ronald Reagan à Ted Cruz – qui y a lancé sa course à l'investiture en mars.
L'annonce de sa venue, qui coïncide avec la journée commémorant le leader des droits civiques Martin Luther King, a provoqué le scepticisme de nombreux étudiants qui ont annoncé qu'ils manifesteraient devant l'établissement pour afficher leur désaccord.
Donald Trump n'a a priori rien pour séduire les évangéliques, qui donnent historiquement leurs voix à des candidats conservateurs sur les questions sociales. Près de deux tiers d'entre eux disent par exemple que la position sur l'avortement oriente grandement leur décision au moment de glisser l'enveloppe dans l'urne. Jusqu'à récemment, pourtant, Donald Trump se disait totalement en faveur du droit à l'avortement. Son mode de vie et sa personnalité, diamétralement opposés aux valeurs morales évangéliques, n'aident pas non plus.
Pourtant, depuis quelques semaines, celui qui fait la course en tête pour les primaires de son parti met l'accent sur sa foi chrétienne. « Je suis un évangélique. Je suis un chrétien. Je suis un presbytérien », a-t-il affirmé le mois dernier. L'interroge-t-on sur son livre favori ? « La Bible », répond le milliardaire, sans être toutefois en mesure d'en nommer le moindre verset. Conquérir cet électorat pourrait bien faire basculer sa campagne vers la victoire. Les évangéliques, qui votent massivement à droite, jouent un rôle crucial dans l'élection, si ce n'est du président des États-Unis, du moins du candidat républicain.

« Prêt à dire n'importe quoi »
« Un Américain sur quatre est un évangélique, donc c'est un vote vraiment crucial à obtenir. Il est presque obligatoire pour un républicain d'avoir leur soutien », explique Lydia Bean, professeure de sociologie à l'université Baylor et auteure de la Politique de l'identité évangélique. « Ce qui est intéressant, reprend-elle, c'est qu'il n'a absolument aucun argument à faire valoir. Il n'a aucune légitimité à se poser en leader chrétien. En coulisses, les leaders évangéliques ne le soutiennent pas et lui préfèrent Ted Cruz, c'est pourquoi il est à l'attaque. » Et le milliardaire est, selon elle, « littéralement prêt à dire n'importe quoi pour obtenir ce qu'il veut ». Même à tacler son concurrent Ted Cruz, qui chasse sur ces mêmes terres, sur un registre qui lui a valu de nombreuses critiques. Fin décembre, il a ainsi affirmé que « pas beaucoup d'évangéliques viennent de Cuba », en référence au père cubain du sénateur du Texas.
Reste que la stratégie du magnat de l'immobilier fonctionne : un sondage NBC News/SurveyMonkey début janvier le créditait de 35 % des suffrages parmi les évangéliques, juste derrière Ted Cruz, mais loin devant l'ancien neurochirurgien Ben Carson, pourtant un candidat légitime pour ces électeurs.
Il profite de la désorganisation des évangéliques, dont les leaders peinent publiquement à se choisir un candidat parmi les nombreux prétendants naturels (outre Cruz et Carson, le sénateur de Floride Marco Rubio, ou encore l'ancien gouverneur de l'Arkansas et pasteur baptiste Mike Huckabee), laissant leur base d'électeurs, qui se sentent oubliés par Washington, se diriger de plus en plus vers des arguments antiestablishment.
Les diatribes anti-immigrés et antimusulmanes de Donald Trump trouvent aussi un écho fort chez ce groupe religieux dont le centre de recherche Pew a récemment révélé qu'il a l'opinion la moins favorable des musulmans. « (Donald) Trump en tire avantage. Malheureusement, pour la plupart des évangéliques, s'en prendre aux musulmans est la chose morale à faire. Donc on peut imaginer qu'il va continuer », estime Lydia Bean. Et si les leaders religieux ne souhaitent pas le voir représenter les républicains pour l'élection de novembre, « ils sont pour l'instant effrayés à l'idée de l'attaquer, car il est très populaire », poursuit-elle.

Shahzad ABDUL/AFP

Habitué des sorties incendiaires et jusqu'à peu pro-avortement, le milliardaire Donald Trump a récemment mis en avant sa foi évangélique, cherchant à courtiser un électorat qui compte dans la course à la Maison-Blanche.À deux semaines du début des primaires républicaines dans l'Iowa, l'homme d'affaires va tenir un discours aujourd'hui à la Liberty University de Lynchburg, université...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut