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Diaspora - États-Unis

Les médecins libanais au top dans les universités

Les médecins libanais de la prestigieuse Emory University à Atlanta sont très fiers de leur collègue, le Dr Fadlo R. Khouri, nommé en mars dernier seizième président de
l'Université américaine de Beyrouth.

Le bâtiment « Charles and Peggy Evans Anatomy Building » au sein de l’université.

Il fait gris. Le soleil ne s'est pas encore levé, mais déjà les étudiants se préparent à attaquer leur journée. Certains sont déjà en blouse blanche, d'autres en habits de garde. Ils sont blancs, noirs, bruns ou blonds, américains, asiatiques, européens, orientaux... Un nombre non négligeable vient du Liban. «Quelque 20 à 30% des étudiants étrangers poursuivant leur résidanat ou leur sous-spécialisation en médecine à Emory sont des Libanais», note le Dr Michael Chami.

Une chaîne interuniversitaire
Le Dr Chami, cardiologue et professeur associé de médecine, sait de quoi il parle. Cela fait maintenant quinze ans qu'il se trouve à Atlanta, où il a suivi toutes ses études. Il connaît parfaitement les liens qui unissent le Liban à cette université, qui est l'une des plus avancées au monde dans la recherche. «À mon arrivée en 2000, je constatais que 2 à 3 résidents libanais étaient admis chaque année à l'université», raconte-t-il.
Cette situation trouve sa source dans une chaîne interuniversitaire créée en 1998 par des médecins comme le Dr Ziad Ghazal et le Dr Fadlo Khouri (lire sa biographie en encadré) avec les étudiants de l'AUB. Ils les aidaient à obtenir des entretiens, se mobilisaient pour les faire embaucher. «Ils jouissent tous d'une excellente réputation», explique le Dr Chami qui a tenu, avec certains de ses collègues, à préserver cette chaîne et la développer.
Comme lui, le Dr Julia Massaad tente par tous les moyens d'aider ses concitoyens. Pour ce professeur adjoint en médecine, directrice en éducation, dont les domaines de recherche sont la médecine interne et la gastro-entérologie, il ne faut pas hésiter à tendre la main aux Libanais. Lorsque cela était possible à Emory, les Drs Massaad et Chami ont sponsorisé de nombreux étudiants intéressés par les divers programmes de médecine. «Les étudiants de l'AUB n'ont pas la priorité sur ceux d'autres universités. Quel que soit l'établissement, l'idée c'est de rendre service à un Libanais», notent les deux médecins.
Le Dr Ziad Azzi, professeur en médecine d'urgence, directeur de la sous-spécialisation internationale en toxicologie, est du même avis. Quand il peut se porter garant pour certains étudiants, il n'hésite pas à le faire.
Aujourd'hui, Emory ne donne plus la possibilité aux médecins d'être des sponsors mais l'eôsprit de soutien demeure vivant. Il suffit de voir comment chacun de ces médecins intervient auprès des responsables des divers programmes pour les convaincre de recruter un concitoyen ou de lui accorder un entretien.

Le mérite avant tout
Le Dr Azzi a même réalisé un rêve: depuis 2005, il se rend souvent au Liban, via le centre de toxicologie qu'il dirige à Atlanta, pour donner des conférences sur la médecine d'urgence, et prodiguer des conseils et une aide technique à l'AUB. «Durant quelques années, je ne pouvais pas m'y rendre, mais je tenais à tout prix à revenir régulièrement au pays», explique-t-il. «Les liens entre les deux universités sont déjà forts, mais avec l'élection du Dr Khouri, nous nous attendons à ce qu'ils s'intensifient encore davantage », note le Dr Azzi.
Le Dr Chami voit les choses de la même façon. Cette élection aura beaucoup de répercussions positives sur les eux établissements universitaires, selon lui. Les médecins libanais interrogés s'accordent également tous sur un autre point: l'université au sein de laquelle ils exercent leur convient parfaitement. «Le système éducationnel est excellent», affirme le Dr Massaad. Le Dr Jean Khouri, directeur de la division d'hématologie du «Winship Cancer Institute» de l'Université d'Emory, professeur au département d'hématologie et d'oncologie de l'École de médecine, insiste sur un point. «Ici, c'est strictement la compétence qui compte, affirme-t-il. Heureusement qu'il n'y a ni pistons ni sélection des personnes sur base de leur race ou de leur ethnicité.»
Il ne fait pas de doute que les Libanais qui travaillent au sein de ces prestigieux programmes ont bien mérité leur place. « Il n'y a pas vraiment d'entraide organisée entre nous, mais il arrive parfois que quelqu'un nous demande de l'aider à remplir un dossier pour obtenir une promotion», raconte le Dr Khouri. Il ajoute que les médecins libanais ne sont soumis à aucune pression étrangère. Interrogé sur le lobby juif par exemple, il raconte que ce dernier ne les affecte pas du tout. «Bien au contraire, étant donné que ce lobby se trouve dans l'obligation de combattre les discriminations, il nous protège indirectement», estime-t-il. À Emory donc, un Libanais est à l'aise, à sa place. «Il y a tellement de familles comme nous qu'on se sent bien», assure le Dr Massaad. Le Dr Chami raconte: «C'est le beau temps, la belle ville et la mixité.»
Pas de doute, le charme de la capitale de la Géorgie a vraiment opéré sur les Libanais.

Pour Emory, une reconnaissance mondiale

L'Université d'Emory a été créée en 1836 et elle l'une des institutions privées les plus anciennes de Géorgie. Elle est classée parmi les cent meilleures universités du monde. En 2015, elle a obtenu des fonds d'une valeur de 572 millions de dollars pour effectuer des recherches dans divers domaines. Chaque année, ses scientifiques reçoivent divers prix de reconnaissance et des distinctions. Parmi ses professeurs notoires, l'ancien président américain Jimmy Carter, le quatorzième dalaï-lama, Tenzin Gyatso, ou encore Natasha Trethewey, lauréate du prix Pulitzer.

Le Dr Fadlo Khouri, un leader de changement

Même avant sa nomination à la tête de l'AUB, le Dr Fadlo Khouri était déjà applaudi pour ses qualités humaines, professionnelles et pour sa fidélité à ces deux pays. Le Libano-Américain est en train de changer les choses dans le domaine éducationnel au Liban. Dès son élection, son message aux étudiants de l'AUB était stimulant : il faut entretenir cette culture d'excellence qu'assure l'université en encourageant la prise de risque.
Toutefois, ce sont ces mots qui ont sans doute marqué les jeunes : « Les erreurs bien intentionnées seront [considérées] avec compréhension et (positivisme). » Ce discours correspond bien à la personnalité du nouveau président de l'AUB, affirment tous ceux qui le connaissent bien. Pour le Dr Jean Khoury, qui a longuement travaillé avec lui, « ce président est un leader qui va transformer des choses non seulement au sein de son établissement mais également dans le système académique libanais en général ».
Le Dr Fadlo Khouri a été tour à tour directeur adjoint du Winship Cancer Institute de l'Emory University, président du département d'hématologie et d'oncologie médicale, doyen associé de direction pour la recherche au sein de l'École de médecine d'Emory. Il a grandi à Beyrouth où toute sa famille (jusqu'à ses grands-parents et ses parents) étaient diplômés de l'AUB. Son père a d'ailleurs été président du département de physiologie et doyen de l'École de médecine de l'AUB.

Il fait gris. Le soleil ne s'est pas encore levé, mais déjà les étudiants se préparent à attaquer leur journée. Certains sont déjà en blouse blanche, d'autres en habits de garde. Ils sont blancs, noirs, bruns ou blonds, américains, asiatiques, européens, orientaux... Un nombre non négligeable vient du Liban. «Quelque 20 à 30% des étudiants étrangers poursuivant leur résidanat ou...